Un premier petit bijou très prometteur, des ambiances sincères, souvent planantes et néanmoins dynamiques, une belle pièce de musique : voilà de quoi décrire la bête, puisque l’heure est à la rigueur!
Derrière le projet « Youth Lagoon » se cache un jeune compositeur de 22 ans qui a récemment signé chez le célèbre label Fat Possum (The Black Keys, Dinosaur JR…). Sur le site du label, Trevor Power décrit son album comme le résultat d’une quête identitaire :
« Youth lagoon ce n’est pas moi. C’est simplement une partie de moi. J’ai observé et participé à différents groupes quand j’étais à la fac et j’ai toujours essayé de me définir par la musique que je jouais. J’ai tenté de trouver un sens au fait d’être dans un groupe. Mais ça n’a pas été plus loin que l’année dernière quand j’ai réalisé que j’étais plus qu’une simple musique. A partir de là j’ai été capable de créer celle qui faisait sens en moi. Cette musique c’est Youth Lagoon. »
On comprend mieux dès lors, cette atmosphère si particulière parfois proche de celle des islandais de Sigur Ros ou de Mùm. Moins expérimentale que chez ces monuments du genre, l’ambiance sonore de « The year of hibernation » n’en est pas moins intimiste et authentique.
On se laisse emporter sans insistance dès le morceau d’ouverture dans l’univers attirant et intriguant de ce premier opus. La sincérité des textes qui évoquent souvent la douleur, les questionnements ou encore la violence et la mort sont ainsi placés dans un écrin. The year of hibernation semble être l’expression d’une quête identitaire qui assume ses contradictions, ses maladresses, ses faiblesses aussi.
Un album surprenant malgré le manque d’assurance
Si on peut regretter les doutes, les tâtonnements d’une musique dont on perçoit souvent la retenue comme sur « July », la qualité est assurément au rendez-vous. A l’heure des dérives pop sirupeuses dont on nous abreuve, voilà enfin quelqu’un qui prend le temps de nous emmener avec lui, et avec grâce s’il vous plait! Une voix au grain reconnaissable qui nous sert de guide à travers les histoires racontées, presque confiées les unes après les autres.
On apprécie les arrangements bien ficelés malgré quelques failles, les sons efficaces et justes. Des guitares électriques aériennes avec de jolies reverbs, des synthés bien choisis et variés qui vont parfois jusqu’à évoquer ceux de Depeche Mode ou de David Bowie. Le tout dynamisé par des samples très dub electro.
On aimera ou non l’artificialité assumée des rythmes qui auraient mérité d’avantage de chaleur. Ils ont toutefois le mérite de compenser le côté un peu répétitif de certains titres. Les gimmicks parfois très commerciaux et proches des derniers albums de Coldplay peuvent effrayer mais Trevor Power conserve malgré tout une sincérité qui semble perdue depuis longtemps par le quatuor anglais.
De la fraîcheur, du talent et de l’authenticité, il serait dommage de passer à côté de ce premier album prometteur.