20th Century Boys : une adaptation sans tuerie

Par le 19 janvier 2009

Présentée en avant première mondiale à Paris le 30 Août 2008, l’adaptation du manga de Naoki Urasawa a fait une entrée timide le 14 Janvier dans les quelques salles obscures de l’Hexagone qui ont bien voulu s’y risquer. Bien qu’il échoue à se détacher du manga éponyme, plagiant jusqu’au style de son auteur, 20th Century Boys n’en est pas moins incontournable pour tout mordu de scénario alambiqué jusqu’à la lie et un délicieux apéritif avant la seconde itération, prévue pour 2010.

Le doigt tendu, autrefois l'emblème des fiers à bras, aujourd'hui celui d'Ami et de son parti de l'amitié. La propagande peut commencer.

Ils ne dépassent pas le mètre vingt, ne connaissent du sexe que ce qu’ils en voient dans les revues érotiques chipées à un paternel peu regardant, et pourtant ils s’y croient. Du fin fond de leur cabane en herbe qu’un transistor à piles emplit d’un rock qui n’en est qu’à ses débuts, ils en ont l’intime conviction : sauver le monde, ils y parviendront. On est en 1969, dans un Japon encore en reconstruction, et cette bande de copains de 10 ans y croit dur comme fer : plus tard ils tiendront le destin de la planète entre leurs mains. Du scénario dont ils seraient les héros ils en ont fait « le cahier des prédictions ». Un vulgaire cahier à spirales bardé de fautes d’orthographes d’élèves de CM1. Presque 30 ans ont passé, et l’humanité n’a pas fait appel à leurs services. Le temps, lui, a fait son œuvre. Les voilà devenus des monsieur tout le monde, de parfaits lambdas dans la mégalopole nippone. Kenji, meneur et grande gueule, tient un combini, une supérette japonaise. Autant dire pas grand-chose. Le petit gros pleurnichard qu’était Maruo s’extasie désormais devant les clientes pubères de sa papèterie pour étudiantes. Quant aux autres, ils n’ont pas mieux réussi. Avec 99 le monde voit l’ère du changement se pointer, les disparitions se multiplier. San Francisco, Londres, les épidémies mortelles suivent à l’identique l’antique cahier de prédiction. L’un des leurs se le serait approprié pour faire d’un délire de casse cous un projet mégalo. On l’appelle « Ami », on le prétend capable de tout, et il veut jouer à la fin du monde.

20th Century Boys est en 2009 le porte étendard du cinéma contemporain de l'Archipel. Un septième art à la fois complexe, esthétique, et grand public.

« Un réalisateur frileux »

A l’origine, 20th Century Boys est un manga sophistiqué et adulte comme aime les faire le désormais célèbre mangaka, Naoki Urasawa, déjà connu pour l’excellent Monster. Yukihiko Tsutsumi, lui, ne compte que trois longs métrages à son actif en qualité de réalisateur. Aucun n’avait atteint la rive occidentale. Des trois 20th Century Boys qu’il réalisera, ce premier jet long de 2heures et vingt minutes transpose à l’écran les six premiers tomes du manga papier. Une adaptation soignée, peut-être trop. Trop souvent soporifique, trop banal, le cadrage vient surcharger un récit captivant. Alliant la prise de face et le gros plan, Yukihiko Tsutsumi se montre frileux dans tous les aspects de sa mise en scène. Soucieux de ne pas déroger à l’œuvre originale, le réalisateur maintient le même tempo sans jamais sans éloigner. Comme Naoki Urasawa découpait son action à même le papier, il applique la mécanique du flash back à outrance. Des va et vient pas forcément indispensables quand ils ne sont pas tout bonnement inutiles. Seule la dernière demi-heure, dans un Tokyo embrasé, proie d’un robot titanesque, se donne les moyens d’étonner le spectateur. Qu’il s’agisse de la caméra ou des effets spéciaux, ni kitch ni tape à l’œil le face à face est monumental. Au point qu’à la sortie de la salle, les pupilles bien dilatées, on ne parle que de ça. Le suspens, insoutenable, l’envie d’en savoir plus, d’en voir davantage.

Le doigt tendu, autrefois l'emblème des fiers à bras, aujourd'hui celui d'Ami et de son parti de l'amitié. La propagande peut commencer.

« Un casting irréprochable »

Gamins comme adultes, le casting de 20th Century Boys est voulu irréprochable. Et sans conteste, il l’est. Rien qu’à leur visage, leur premier geste à peine esquissé, le lecteur du manga reconnaîtra les personnages qu’il a soutenus tout au long des 24 volumes d’une épopée qui part de 1969 à 2015. Sans compter de véritable tête d’affiche, le film doit énormément à l’interprétation des 9 copains devenus selon les cas guerriers de fortune en chemise à carreaux ou costumes trois pièces.

20th century boys, le film, est une adaptation fidèle, ni transcendante ni mauvaise, juste décevante. Mais à la différence du travail de réécriture effectué sur d’autres mangas comme Death Note, le cinéphile risque de se perdre s’il n’est pas un minimum familiarisé avec les aventures de Kenji et ses amis. Quand bien même, le film de Yukihiko Tsutsumi reste une mise en bouche appétissante avant le second épisode et les autres adaptations de poids lourds du manga à prévoir cette année. A savoir Dragon Ball en avril et Astroboy en Octobre, rien que ça!

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à propos de l'auteur

Auteur : Romain Gouloumes

Faire dans l’originalité, laisser libre cours à sa plume, ne pas suivre les pas d’un autre, une tâche plus difficile qu’il n’y paraît. Dans une impossible mini-biographie de quelques lignes, d’abord, davantage encore dans l’impitoyable jungle du journalisme qui compte une petite quarantaine de milliers de collègues pour autant de concurrents. Dans ce contexte de guerre totale, hautcourant.com est un peu la première bataille de la bleusaille, une tranchée médiatique de la première chance où l’actu mondiale côtoie le quotidien montpelliérain. Quant à moi, le signataire parmi d’autres, je ne vous en dirai pas plus. Mon devenir ou mes aspirations, tout reste encore à définir, à peaufiner à grands renforts de panzer psychologique. Affaire à suivre donc, la plume au poing et du vitriol plein la tête.