Bharat Inktarashtra (République de l’Inde)

Par le 14 décembre 2007

La liberté de la presse n’est pas garantie partout dans le monde. Près du tiers des habitants de la planète vivent dans des pays où elle n’est purement et simplement pas reconnue. Et quand bien même les principes de la liberté d’expression sont solennellement proclamés, rares sont les pays qui les respectent. Même dans les grandes démocraties, cette liberté pert du terrain.
L’inde, forte d’une identité difficilement acquise, se bat pour faire vivre ce droit à l’information.

Carte Inde

Carte Inde

Superficie : 3 287 782 km2.
Population : 1 129 866 144.
Langues : Hindi et anglais, 22 langues officielles.
Nature de l’Etat : république fédérale.
Chef de l’Etat : Pratibha Patil.
Chef du gouvernement : Manmohan Singh.

En Inde, une presse forte et indépendante.
Avec plus de 40 000 publications, l’Inde est le pays le plus riche en titres, mais les autorités tolèrent mal la présence de groupes de presse étrangers. La presse écrite a gagné plus de dix-sept millions de nouveaux lecteurs depuis 1999. Avec quarante millions de foyers équipés du câble ou du satellite en 2002, contre vingt-neuf millions en 1999, et six millions de personnes connectées au web, les médias électroniques sont en pleine explosion. L’Inde est dorénavant le pays d’Asie disposant du secteur des médias électroniques le plus divers et le plus dynamique. Aux quatre coins du pays, une centaine de chaînes de télévision privées diffusent en anglais, en hindi et dans une douzaine de langues locales.
Fière de son indépendance, la presse indienne a résisté aux attaques du gouvernement nationaliste, de certains juges ou de quelques autorités provinciales hostiles à la liberté de ton qui domine Les journaux nationaux refusent de se soumettre aux dérives autoritaires du gouvernement fédéral ou de certaines autorités provinciales, notamment dans le Tamil Nadu. En 2004, dans cette province du sud-est du pays, le directeur d’une publication indépendante a été détenu abusivement en vertu d’une loi antiterroriste. Au Cachemire ou dans les Etats du Nord-Est, où sévissent des guérillas séparatistes ou marxistes, les journalistes sont toujours pris entre le marteau et l’enclume. Les rebelles les menacent de représailles s’ils ne publient pas leurs communiqués de presse. Les forces de sécurité et les autorités locales les accusent de soutenir les rebelles et n’hésitent pas à les arrêter ou à perquisitionner les rédactions. Leur critique de la violence en a fait des cibles. Mais les gazettes indiennes notamment la dizaine de grands quotidiens anglophones, tentent de jouer leur rôle de quatrième pouvoir.

La presse d’investigation reste marginale en Inde, bien qu’elle n’ait pas peur de s’attaquer aux « puissants ». Après des années de protectionnisme, le gouvernement de New Delhi a autorisé en 2006 les groupes de presse étrangers à prendre des parts dans des médias indiens. De rares licences ont par ailleurs été accordées à des radios privées.

Des violences qui perdurent.
En 2005, le retour au pouvoir du parti du Congrès a eu des conséquences positives pour la liberté de la presse. Une loi antiterroriste controversée a été abolie et les extrémistes hindous hostiles à la presse n’ont pas joui de la même impunité que lors des années précédentes.
Le Premier ministre Manmohan Singh, investi en mai 2004, est connu pour ses idées libérales. Au cours des premiers mois de son mandat, il a aboli la loi antiterroriste adoptée par le précédent gouvernement nationaliste. Il a par ailleurs rejeté les dérives extrémistes de certains partis religieux. Il a également engagé l’Inde dans un processus de paix avec le Pakistan.
Ce libéralisme a cependant ses limites. Sous la pression de certains alliés politiques, il a tenté de faire cesser la parution de la version indienne du quotidien International Herald Tribune, pour un défaut de licence. Une situation fâcheuse qui rappelle la dégradation de la liberté de la presse des dernières années. Rappelons que le gouvernement précédent (nationaliste) s’était montré intolérant vis-à-vis des journalistes qui enquêtaient sur les sujets sensibles comme la corruption ou la situation au Cachemire, et avait tenté à plusieurs reprises de faire taire les journalistes d’investigation les plus gênants. Face à cette dégradation, les directeurs des plus importantes publications du pays avaient dénoncé, en 2002, les tentatives du gouvernement de « museler la presse ».

Depuis, les violences contre les journalistes perdurent, orchestrées par des mafias, des militants politiques ou certaines autorités locales. Les meurtres, incarcérations et agressions subsistent, en plus des menaces et autres pressions. Les libertés progressent mais se heurtent à des mouvements violents hérités de la séparation des territoires. Mais le gouvernement actuel sait qu’il doit compter avec une presse écrite et audiovisuelle de plus en plus indépendante et soucieuse de conserver des droits acquis au cours des dernières décennies. Les journalistes indiens sont très prompts à se mobiliser quand leurs libertés sont menacées.

(D’après les rapports de Reporters sans Frontières 2001-2006)

Ellen Guinéheux

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à propos de l'auteur

Auteur : Ellen Guinéheux

J’ai 26 ans et je suis diplômée d’un DEA en sciences sociales. Après un parcours en langues et en économie, ce sont finalement ces deux dernières années de master qui m’ont conforté dans ma destinée journalistique. J’y ai notamment travaillé sur les questions environnementales et j’en ai fait mon cheval de bataille. Maintenant, je m’accroche fermement à cette formation pratique et espère, à moyen terme, agir et faire réagir.