Bière-vin : à la fin personne ne trinque

Par le 26 janvier 2017

On aurait les épicuriens raffinés et les bons vivants soiffards. Alors guerre fratricide ou complémentarité gustative ? Haut Courant a enquêté dans les bars à vin et bars à bière de Montpellier.

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Et si c’était ça le grand remplacement ? La France « pays du vin », plus pour longtemps ! Ces dernières années, la France s’est vu disputer et parfois contester la première place d’exportateurs de vin par l’Espagne, la Chine, ou encore l’Italie. Pendant ce temps, l’engouement autour de la bière ne cesse d’augmenter. Fin 2015 il y avait plus de 800 brasseries artisanales, tandis que l’Annuaire des brasseries françaises en recensait moins de 300 pour sa première édition en 2008. Alors bars à vin et bars à bière, ennemis commerciaux ou passion commune ? À l’occasion de Vinisud et quelques mois avant le Salon de la bière artisanale à Montpellier en avril, nous sommes allés interroger quelques gérants de ces établissements.

« On vend aussi de la bière, il y a une mode, un engouement »

« Vinisud c’est quoi ? C’est pas qu’on ne s’intéresse pas au vin, c’est que ce n’est pas notre spécialité ». Au Berthom, le premier barman rencontré nous confie son ignorance sur le sujet sans pour autant manifester de désintérêt. Selon lui, sa clientèle est aussi bien amatrice de vin que de bière. Il propose même du vin sur sa carte. Tout comme le barman de La Barbote qui propose des vins rouges, blancs et rosés de la région. « Tout le monde n’aime pas la bière, notamment les femmes qui en général boivent plus de vin ».

Même son de cloche du côté des bars à vins. « On vend aussi de la bière, c’est vrai qu’il y a une mode, un engouement » confie le patron de L’Endroit, même s’il avoue que ce n’est pas ce qu’il préfère. Une attirance que l’on retrouve davantage au Vinarium : « je travaille aussi avec les micros brasseries, on retrouve aussi le même côté artisanal qu’on a dans le vin .» Pas de rivalité ? On se serait donc trompé ?

Une richesse gustative commune

« Non, quand on discute avec nos clients on se rend compte qu’ils ont leurs adresses pour le vin et leurs adresses pour la bière » assure Corentin, gérant du Berthom. Des établissements et des passions complémentaires? Il poursuit : « tout l’intérêt avec la bière c’est qu’elle se défait de sa mauvaise image de boisson de soif, et qu’on est, comme pour le vin, sur quelque chose de construit gustativement  ». Un même goût pour les bons produits donc. Au même titre qu’il existe des formations de sommelier, on voit se développer de plus en plus des formations de zythologues (l’équivalent pour la bière). Au Vinarium on confirme : « Plus je développe mon palais sur le vin, plus j’apprécie la bière.» Copains comme cochons on vous dit !

Refroidi par cette entente finalement cordiale entre les spécialistes de ces boissons, on en vient à chercher la petite bête. Corentin du Berthom nous aide : « Si on devait trouver une différence majeure, ce serait en terme de prix ! Ici une bière très haut de gamme va être à 10€ ce qui est cher mais beaucoup moins qu’un quart de litre de très très bon vin. » L’argument du portefeuille ! Assez maigre quand même pour en faire un clash artificiel : nous voilà résignés. « Tiens pour patienter ! » nous tend le patron de La Barbote. « C’est une bière blanche qu’on a brassé avec du gingembre et du thé vert  ». On peut donc vérifier par nous même cette richesse gustative. Ils offrent des verres aussi dans les bars à vins ?

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à propos de l'auteur

Auteur : Théo Meunier

De ma Bretagne natale à Montpellier en passant par les rives du Bosphore. Du droit à la science politique en passant par la sociologie. C'est ce parcours aussi alambiqué qu'épanouissant qui me mène aujourd'hui à étudier le journalisme. Côté passions je ne sais choisir entre un couplet de Nas et un contrôle de Zidane. C'est d'ailleurs d'abord via mon intérêt pour les presses musicales et sportives que m'est venu l'envie de devenir journaliste. Faire de ces passions un métier par procuration. Décrire les émotions qu'elles procurent, étudier leur complexité et apporter un regard critique, des envies qui se transforment rapidement en projet. Côté centres d'intérêt disons la politique. C'est vrai et en plus ça fait sérieux. Assez tôt attiré par le sujet, j'ai cultivé cet intérêt jusqu'à finalement l'étudier en me détournant de mon parcours initial d'apprenti juriste. A Rennes d'abord puis à Istanbul donc, pour une année de découvertes et d'enrichissement qui m'a ouvert à d'autres sujets et problématiques. Désormais à Montpellier j'essaie d'assembler le tout en apprenant le métier qui le permet.