« C’est même pas le marché de Noël, c’est les hivernales »

Par le 24 décembre 2013

Le marché des « hivernales » de la ville Montpellier affiche une laïcité exemplaire, n’en déplaise à certains

Le chalet des pâtisseries orientales loin de celui de la charcuterie Corse, le choix des chalets par la Ville n’est pas anodin, leurs dispositions non plus. A l’entrée du marché, une crèche de santons provençaux sous un dôme de plastique est illuminée, la vie du village est représentée, les figures bibliques beaucoup moins. À l’accueil, Nicole Barrandon à la direction de l’espace public à la mairie s’en explique : « Depuis Frêche, la ville de Montpellier est une ville ouverte, cosmopolite, quand les commerçants envoient leurs dossiers pour avoir un chalet, la mairie a une volonté d’équilibrer les cultures». Dans les choix affichés, valoriser l’artisanat est l’un des objectifs, néanmoins, la question de la religion est un vrai enjeu, notamment pour la Mairie. Hélène, santonnière à St Guilhem le Désert affiche une pensée plus radicale, elle s’insurge : « Je suis catholique pratiquante et je trouve que les musulmans imposent trop de choses en France. Nous ne sommes pas représentés sur le marché de Noël. D’ailleurs, c’est même pas le marché de Noël c’est les Hivernales. Nous sommes colonisés. Pour la crèche que mon mari a installé à l’entrée du marché de Noël, le 25, le petit Jésus sera dans la crèche et il n’y a pas eu de débat avec la Mairie à ce sujet. » Pourtant, les visiteurs du marché de Noël ne semblent pas y porter attention, comme Jacques, gendarme, qui ne voit pas vraiment où est le problème : « Le chalet des pâtisseries orientales c’est pas un problème, tout le monde à le droit de travailler, n’empêche que c’est plus la tradition du pain d’épice que des cornes de gazelle. ». Sa femme, Claude, retraitée, Montpelliéraine de souche, ajoute : « si ils veulent fêter Noël avec nous c’est pas grave. J’en ai assez du débat sur la laïcité, plus d’arbre de Noël dans les écoles, c’est quand même une fête catholique et la naissance du petit Jésus » . Néanmoins, la présence des pâtisseries orientales au marché de Noël ne la dérange pas. « Ça apporte de la diversité sur le marché de noël, les loukoum c’est mon péché mignon. Ils ont autant le droit d’être là que d’autres ».

« Je vends des chapelets parce que c’est la mode, les jeunes aiment ça »

Le débat sur la laïcité divise les français, y compris au sein du marché de noël de Montpellier. En effet, ce sujet cristallise certaines inquiétudes, concernant la transition de notre société d’une influence judéo-chrétienne vers une société multi-culturaliste. Ce changement est vécu par une tranche de la population comme une perte des traditions, voire des valeurs républicaines, quand elle est accueillie par toute une autre comme un symbole d’ouverture et d’évolution des mœurs. Mais, peut être que le Marché de Noël relève plus d’une question de vente que de croyances ou de tradition . Gérard lui, vend des chapelets parmi des portes-clés de la Camargue et des bracelets tressés fluo : « moi je vends des chapelets parce que c’est la mode, les jeunes aiment ça. C’est tendance, ça coûte pas cher, je vends ça comme des petits pains ».

Catégorie(s) :
Étiquettes : , ,

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le !

à propos de l'auteur

Auteur : Iris Conte

Entre hésitation et détermination, le journalisme fut longtemps une sensibilité inavouée plus qu’un choix délibéré et assumé. Mais, j’ai finalement choisi le domaine qui m’anime, celui qui participe le plus à mon épanouissement intellectuel, idéologique et culturel : le journalisme. Une première expérience « initiatique » à la Gazette de Nîmes m’a permis d’observer, de comprendre la mécanique (organisation, rythme de travail) de la profession. Puis, l’expérience rédactionnelle à l’Hérault du jour dans le cadre de mon Master 1 a confirmé ce choix. Entourée par une équipe de journalistes, j’ai pu grâce à leurs confiances, comprendre que mon projet d’écrire pour informer était une ambition réalisable et à force de travail, de recherche, et d’application j’en avais les capacités. La curiosité encore et toujours, m’a mené vers la station de France Bleu Hérault où durant deux mois, j’ai pu découvrir et expérimenter le métier de journaliste radio. De loin, car j’étais pour ma part à la programmation. J’intègre en septembre 2013 un Master II « Métier du journalisme ». Virgule, la suite.