Démographie : 7 Milliards d’Homo-Sapiens dans une semaine

Par le 26 octobre 2011

Selon l’INED et l’ONU, le cap des 7 milliards d’hommes sera franchi d’ici la fin de la semaine. Le précédent pallier de 6 milliards avait été franchi en 1999, soit un milliard de terriens en plus en 12 ans. Les spécialistes attendent maintenant un ralentissement de la croissance démographique, prévoyant à long terme une stabilisation de la population mondiale entre 9 et 10 milliards en 2100. Des incertitudes pèsent néanmoins sur ces évolutions démographiques à long terme, dans la mesure où elles dépendent de nombreux facteurs.

« Les taux de fécondité vont décliner à travers le monde d’ici 2100 »

D’ici la fin du mois d’octobre, notre planète devrait franchir le seuil de 7 milliards d’habitants. Un chiffre vertigineux, qui n’est pas sans inquiéter de nombreuses organisations et scientifiques. D’après le communiqué de presse de l’AFP du lundi 24 octobre, « déjà aux prises avec sept milliards d’humains, les ressources de la Terre seront soumises à une tension insupportable lorsque la population passera à 9 milliards en 2050 et seule une révolution dans l’utilisation de l’énergie, l’eau et la terre permettra d’éviter la catastrophe, selon les analystes ». Paradoxalement, malgré cette augmentation, la croissance démographique a été divisée par deux en 50 ans pour tomber à 1,1% en 2011, et « elle devrait continuer de baisser jusqu’à la quasi-stabilisation de la population mondiale dans un siècle autour de neuf à dix milliards d’habitants« , précise l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques). Effectivement cette décélération de la croissance tient à la diminution de la fécondité, 2,5 enfants par femme en moyenne aujourd’hui dans le monde, contre le double en 1950.
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La Division de la Population (service consultatif de l’ONU) a imaginé alors plusieurs scénarios démographiques mondiaux, par rapport aux variations du taux de fécondité. Dans le scénario dit « haut », la population mondiale attendrait 10,7 milliards en 2050, alors que dans l’hypothèse dite « basse », ces chiffres seraient de 7,7 milliards en 2050 et 6,2 milliards en 2100, ce qui marquerait un déclin de la population mondiale. Cependant c’est la perspective dite « moyenne » qui s’est imposée dans les milieux scientifiques, où il est prévu que chaque pays fasse tomber son indice synthétique de fécondité à 2,1 enfants par femme à l’échelle mondiale, c’est à dire à un taux nécessaire au remplacement des générations. Mais les commissaires de l’ONU mettent en garde car ce scenario n’aura pas lieu sans politiques de régulation de la population (rapport de février 2011). Quelles sont alors les conséquences de l’augmentation de la population?

« Le vieillissement démographique sera plus rapide au Sud qu’au Nord » (INED)

Dans tous les cas de figure, on assistera à un vieillissement de la population dans les trois catégories de pays et à une augmentation de l’espérance de vie, a indiqué Hania Zlotnik, directrice de la Division de la Population à l’ONU. Effectivement, l’espérance de vie globale devrait augmenter de 68 à 81 ans d’ici 2095, et dans toutes les catégories de pays, particulièrement au moment où une meilleure prise en charge du SIDA permet de réduire la mortalité prématurée dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, nous apprend Mme Zlotnik. L’ONU insiste également sur le fait que le vieillissement de la population est encore perçu à tort comme un phénomène propre aux pays industrialisés. Or, en 2050, 80 % des plus de 60 ans vivront dans les pays en développement. Par exemple en Chine, la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus devrait passer de 7% à 14% en seulement 25 ans, alors que le même doublement à pris plus de cent ans en France (INED). Mais si les géants asiatiques vont rapidement être confrontés au vieillissement de leur population, certains zones géographiques vont devoir faire face à leur croissance démographique.

L’Inde bientôt plus peuplée que la Chine

La Chine est actuellement le pays le plus peuplé du monde avec 1,331 milliards d’habitants, mais l’Inde, qui n’est pas loin (1, 171 milliards), devrait passer en tête en 2025 car sa population y croît plus vite en raison d’une fécondité plus élevée, avec 2,7 enfants par femme en moyenne contre 1,5 en République Populaire de Chine (Politique de l’Enfant Unique, 1980). Cependant, l’Inde sera aussi confrontée à la persistance de la pauvreté, à de graves problèmes de sous-emploi et de chômage et à une importante dégradation de l’environnement. demo_2.png La projection pour 2050, d’après le Population Reference Bureau (PRB, organisation privée à but non lucratif américaine), prévoit une population de 1, 692 milliards en Inde et de 1,313 milliards en Chine, l’Union Européenne arrivant en troisième position avec 513 millions d’habitants, alors que l’on retrouve à la 4ème position un seul pays : le Nigéria, qui compterait alors 433 millions d’habitants.

Les géants de demain : l’Afrique et le Moyen Orient

D’après l’INED, l’essentiel de la croissance démographique d’ici la fin du siècle sera concentrée sur l’Afrique subsaharienne, la péninsule arabique et les régions allant de l’Afghanistan au nord de l’Inde, qui ont les taux de fécondité les plus élevés. Alors qu’un homme sur sept vit aujourd’hui en Afrique, ce sera probablement un sur trois dans un siècle. D’après le scénario « haut » de l’ONU, un abaissement trop lent de sa fécondité donnerait à l’Afrique une population de 3,7 milliards en 2100, alors qu’on en compte aujourd’hui 1 milliard et ceci malgré le SIDA et un taux de mortalité infantile qui reste le plus élevé du monde. Il faut donc agir dès à présent, car « La croissance démographique rapide de ces dernières décennies survient sur une planète qui montre de grands signes de fatigue. » (Rapport de l’Onu, février 2011)

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à propos de l'auteur

Auteur : Mélody Piu

Journaliste multimédia