Du droit de disposer de son corps

Par le 22 février 2015

Dans les Etats autoritaires modernes, le sport est une véritable vitrine du régime. C’est donc la performance qui prime. Quitte à passer aux oubliette certaines libertés dans l’espoir de fructueuses moissons de trophées. Les sportifs sont de simples VRP, hommes sandwichs qui doivent représenter au mieux leur nation. Stratégie similaire à celle de la RDA ou de l’URSS en leur temps. Les athlètes sont de fiers représentants d’un Etat prestigieux.

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Ce raisonnement, on le rencontre encore, à des degrés moindres certes, un peu partout. Etats-Unis, Chine et Russie en tête. Ainsi, en Chine, les enfants sont sélectionnés dès l’âge de cinq ans par les centres spécialisés à la recherche de futurs champions. Leurs corps sont maltraités dès le plus jeune âge pour en faire des graines de star de la discipline.

Le tyran Ma Junren

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Autre exemple frappant de la captivité des sportifs : les coureuses de demi-fond chinoises entraînées par leur « entraîneur-tortionnaire » Ma Junren. Dans les années 1990, elles étaient surnommées : l’armée de « Ma ». Ce sulfureux entraîneur, œuvrant pour le régime, faisait avaler à ses disciples des dizaines de kilomètres par jour ainsi que du sang de tortue et de la de soupe de chenilles aux champignons (selon la légende), faire les corvées ménagères du camp d’entraînement, tout en les insultant. Véritable tyran, il obtint des résultats surprenant amenant ses coureuses au sommet de la performance. Ces dernières possèdent encore de nombreux records du monde (10 000m et 3000m notamment).

Les Russes champions de la seringue !

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Si leur utilisation imposée s’est raréfiée, certains produits dopants – créatine – ne sont toujours pas bannis. Et cela en dépit d’une nocivité reconnue. Causez-en aux joueurs de NFL, aux cyclistes voire aux rugbymen. En Russie, le dopage institutionnel a été clairement démontré. Il faut dire qu’un athlète sur cinq suspendus pour dopage dans le monde est russe, c’était un peu gros. D’après l’Association Internationale des Fédérations d’Athlétisme, ils sont ainsi soixante-sept athlètes de nationalité russe à être condamnés pour dopage. Un chiffre éminement révélateur quant à l’existence probable d’un système de dopage. Cette proportion est trop alarmante pour ne pas y suspecter une forme d’organisation étatique.

Des corps soumis à rude épreuve

Second pendent de cette mise en danger, les cadences infernales en vogue aujourd’hui. Trois matchs par semaine pour les basketteurs de NBA ! Quatre en dix jours de boxing-week pour les footeux de Premier League. Les sportifs doivent répéter les efforts de façon constante, se dépasser sans cesse pour le plaisir des foules, et des télévisions. On appelle ça «les impératifs du sport moderne», il paraît.

Extrait du reportage « Sport : le revers de la médaille » diffusé sur Arte en juin 2014.

Les conséquences de cette course effrénée aux résultats sont calamiteuses. Recours au dopage presque systématique donc, surmédicalisation constante, accélération des rythmes d’entraînement, réduction des temps de récupération ou de repos après blessure, obsession du record… Une ruée vers l’or, olympique, et le spectacle qui met en danger la santé des athlètes. Imaginez ces mecs qui se farcissent le tour de la France à la force du cuisseau en trois semaines à peine. Six heures de moulinage par jour, à 40 km/h de moyenne !

La croissance frénétique des vitesses sur le Tour de France (cyclisme)

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à propos de l'auteur

Auteur : ANTOINE SILLIERES

Sensibilités artistiques : passing-shots, corners rentrants, nineties et punchlines CV en ligne : http://www.doyoubuzz.com/antoine-sillieres