L’Europe piétine sur le dossier Israélo-palestinien

Par le 31 décembre 2008

Alors que les combats entre Israël et la bande de Gaza s’intensifient, la communauté internationale monte au créneau pour demander l’arrêt immédiat des hostilités. Dans une période de transition de l’administration américaine, l’Europe tente de reprendre le flambeau dans un des dossier les plus sensibles de l’Histoire du XXème siècle.

Il n’a fallu que quelques jours pour que le Proche-Orient s’embrase. Depuis le 19 décembre 2008 et le refus du Hamas de reconduire la trêve avec Israël, l’escalade de la violence entre l’État hébreu et la bande de Gaza a été fulgurante. La mort de deux fillettes israéliennes touchées samedi 27 décembre par un tir des roquettes du mouvement islamique a mis le feu aux poudres. Ce tragique évènement a provoqué une très vive réaction de l’état major israélien qui a immédiatement lancé une opération militaire sur Gaza.

Cinq jours après le début de l’offensive aérienne, la communauté internationale fait entendre sa voix. Les ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne réunis à Paris mardi 30 décembre 2008 ont appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et permanent pour permettre d’acheminer aux populations palestiniennes médicaments, vivres et carburant. Une demande soutenue par le Quartet (ONU, États-Unis, Russie et UE) qui réclame également que l’arrêt des combats soit « pleinement respecté » par les deux partis.
Le bilan est déjà lourd pour les palestiniens. Les bombardements de l’État hébreux ont tué 380 personnes et ont fait plus d’un millier de blessés. Les cibles visées par Tsahal sont essentiellement des bâtiments du Hamas et des tunnels de contrebande, mais de nombreuses victimes collatérales sont dénombrées. Selon les chiffres de l’ONU, au moins 60 civils ont trouvé la mort dans ces attaques. D’autre part, les besoins des gazaouis grandissent de jour en jour, mais le ravitaillement de Gaza en matériel médical et en nourriture, déjà rendu difficile par le blocus israélien, est aujourd’hui impossible. Malgré les appels au calme, le Hamas reste campé sur ses positions et ne veut pas mettre fin aux combats. Le groupe armé n’est pas satisfait des propositions de l’UE et continue de légitimer les attaques visant les positions israéliennes.

En dépit d’une situation de plus en plus critique, Israël fait également la sourde oreille aux volontés de la communauté internationale. Le premier ministre israélien Ehud Olmert a refusé la « trêve des européens ». Il s’est contenté de proposer une « pause » de 48 heures et précise que l’État hébreu continuera ses opérations militaires tant que l’armée n’aura pas atteint son objectif : l’arrêt total des tirs de roquettes sur le territoire israélien. Par ailleurs, le lancement d’une offensive terrestre sur la bande de Gaza se précise. 2 500 réservistes ont été appelés et les troupes de Tsahal commencent à se masser autour du territoire palestinien. De nombreuses zones sensibles contrôlées par les Israéliens ont également été interdites aux journalistes. Autant de signes qui révèlent la détermination des israéliens à obtenir satisfaction.

Forces et faiblesses de la diplomatie européenne

L’influence de l’Europe dans la résolution du conflit israélo-palestinien est visiblement toute relative. Pourtant, l’UE affiche clairement son ambition de jouer un rôle plus important dans le processus de paix. « Nous voulons que l’UE se montre active et qu’elle devienne une voix politique pour aider à résoudre ce conflit » a confirmé Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères français, à la fin de la réunion du 30 décembre. La diplomatie européenne tente ainsi de reprendre le flambeau d’une administration américaine qui a essuyé de trop nombreux revers et qui laisse vacant le siège du « pompier ». Une première tentative européenne qui se solde également par un échec.
Le président du conseil européen, Nicolas Sarkozy s’est toutefois imposé comme le principal interlocuteur de la communauté internationale avec l’État hébreu. Tzipi Livni, la chef de la diplomatie israélienne se rendra à l’Élysée le 1er janvier 2009 pour s’entretenir avec le chef d’État des possibilités de sortie de crise. Une visite du président français en Terre-Sainte est également prévue début janvier 2009 pour poursuivre les discussions. La France, jusqu’alors peu influente sur ce dossier, joue là un rôle inédit dans la construction de la paix au Proche-Orient. Il s’explique néanmoins par le soutien affiché du président français à l’Etat hébreu qui a ainsi renoué les liens qui existaient entre la France et Israël avant la fin des années 1960.

L’offensive israélienne intervient à une période charnière. La transition de l’administration Bush à celle de Barack Obama a entrainé un moment de flottement dans la diplomatie américaine. En outre, dans les priorités de l’équipe Obama le dossier israélo-palestinien a été relégué derrière ceux de l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan. L’État hébreu a pu profiter de ce relâchement pour resserrer son emprise sur la bande de Gaza et porter un coup dur au Hamas. Pourtant, même si l’Europe montre ses faiblesses diplomatiques au travers de cette nouvelle crise, elle s’affirme de plus en plus comme un acteur à part entière du processus de paix. Un engagement politique qui reflète celui des européens. Ils étaient plusieurs milliers a manifesté dans de nombreuses capitales pour demander l’arrêt des hostilités.

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à propos de l'auteur

Auteur : Guillaume Rizzo

A 5 ans, je voulais devenir vétérinaire comme tout le monde, mais ma curiosité m’a mené vers d’autres sentiers. Aujourd’hui, à 25 ans, mon parcours est un peu spécial. Avec Bac S, j’ai débuté une année en fac de biologie et j’ai très vite compris que ce n’était pas fait pour moi. Je me suis finalement dirigé vers un cursus d’histoire qui m’a beaucoup mieux réussi. Après 5 ans passés dans les rangs de l'Université Paul Valéry à Montpellier, j’ai obtenu une Licence en histoire-géographie et un Master en histoire militaire. C’est durant cette période que l’idée de devenir journaliste a germé. Mon diplôme dans l’escarcelle, j’ai donc rejoint un cursus en science politique à la fac de droit de Montpellier, puis j’ai intégré le Master métiers du journalisme en 2008.