Par le 5 décembre 2012

« Peu importe ce que tu fais dans la vie, fais le bien ! » Voilà la philosophie de Robin des Rues. Ce qu’il fait de ses journées ? La manche. Mais pas n’importe comment, « je ne hèle jamais les passants, je ne manipule pas. Je suis juste là. J’attends. Je ne cherche pas à faire du chiffre. Juste de quoi vivre. »

Robin des Rues a choisi de mendier sur le marché de Noël à Montpellier. Il s’installe là où il peut. « Ici, tout le monde me connait alors je peux rester » concède-t-il. D’ailleurs, Philippe, l’animateur des hivernales, le présente aux passants et lui tend le micro. « Rien que ça, ça me touche, cette attention, c’est beaucoup » confie-t-il.

« J’ai commencé la manche le 27 décembre 2009 »

Devant un chalet fermé, assis sur son tabouret, le quinquagénaire arbore sa pancarte : « Chalet 106, marre d’être pauvre j’en appelle au partage et à la solidarité pour vivre mieux. Merci, Robin des rues (moi aussi j’aime la culture) ». Il n’y a que 105 chalets officiellement sur l’Esplanade Charles de Gaulle, Robin en rit et s’invite à la fête. Pourquoi pas un stand où l’on tend simplement la main ?

Robin a vagabondé un peu partout dans le monde. États-Unis, Europe de l’est, Amérique latine ont fait partie de ses destinations avec pour leitmotiv « découvrir le monde, les gens, comprendre… » Et puis de retour en France, il a trouvé un poste à la mairie de Béziers : « 26 ans de service mais après il y a les aléas de la vie : ma femme est partie, j’ai accumulé les dettes alors j’ai tout plaqué, je suis parti… » Depuis trois ans, il s’est exilé à Montpellier ou plutôt dans les rues de la ville. Il raconte : « Quand tu te mets dans la rue, il y a une notion de territoire. Il faut faire attention. J’ai commencé la manche le 27 décembre 2009, je m’en rappellerai toujours ».

« Du politicien au toxicomane en passant par l’écrivain, je côtoie tout le monde »

Les traits tirés, le regard lucide parfois grave parfois rempli d’espoir, Robin raconte toujours avec cette envie de partager : « la rue, c’est une atteinte psychique, c’est brutal, c’est le regard des autres braqués sur vous et plein d’interrogations qui se bousculent : Qu’est ce qu’on fout là ? Qui je suis ? Quelle perspective j’ai ? ». Ces questions, il y réfléchit déjà depuis un moment. « Robin des Rues » ? C’est un personnage, « une façon de me protéger parce ce que se mettre dans la rue c’est être hyper exposé », mais en même temps cela intrigue et « amène à des relations psycho-sociales avec les passants et c’est ce que je viens chercher ici ».

En attendant, c’est aussi une façon pour lui de gagner « sa croûte ». La manche lui rapporte en moyenne 300 € par mois. En ces périodes de fête, Robin se mêle à la foule dans un endroit stratégique. « C’est la mécanique du porte-monnaie », explique-t-il, « sur le marché de Noël, beaucoup de gens sortent leur porte-monnaie et me glissent parfois une pièce ». Alors, oui, pour lui la manche est une façon de survivre après les coups durs que la vie lui a réservés. Un homme, une vie, une philosophie, une main tendue, Robin des Rues entame aujourd’hui son quatrième hiver dans les rues de Montpellier.

Il a acquis sa notoriété sur le parvis du Polygone, grâce à son personnage. Beaucoup le connaissent, le saluent. D’ailleurs Michaël Delafosse, adjoint au maire, l’a même aidé à trouver un logement social. Ainsi, « du politicien au toxicomane en passant par l’écrivain, je côtoie tout le monde » affirme-t-il. La manche, les rencontres, les intentions, il en a besoin, pour lui « c’est comme une thérapie, une alternative à la dépression ».

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à propos de l'auteur

Auteur : Marie Poher

Femme, 22 ans, née à Quimper cherche journaux de sa vie pour de longues et riches aventures ensemble. Vous pouvez être n’importe où, je serai disponible pour vous rejoindre! La persévérance et la patience sont dans mes attributs. Ma formation et mes expériences ? Après un bac ES, j’ai obtenu une Licence d’histoire. Les archives ne me transportaient pas au septième ciel alors pourquoi pas le journalisme ? Bonne pioche, au cours de mes stages en PQR ce fut le coup de foudre. Alors, direction Montpellier en Master de science politique pour parvenir à mes fins. « Un métier en crise », nous dit-on ! Je crois que j’ai saisi ! Mais il n’y a rien à faire, je ne suis pas jalouse et je saurai attendre mon tour. Le profil que je recherche ? Une rédaction locale / régionale, web ou papier (je suis ouverte d’esprit et je sais m’adapter), qui m’envoie sur le terrain que ce soit pour traiter des sujets de société, de la politique, des évènements culturels ou des faits divers. Avis aux intéressés !