Le beaujolais nouveau pour les nuls

Par le 21 novembre 2010

Goût de banane, vin pas bon, c’est chaque année la même rengaine. Profitons de la période pour comprendre sa fabrication et tenter de dépasser ses a priori. Dominique Piron, vigneron installé depuis 40 ans à Morgon (ville célèbre pour son vin éponyme) nous renseigne sur ce vin qui divise.

De quels cépages est composé le beaujolais nouveau ?

A 100% de gamay noir

Quand peut-il être commercialisé ?

Chaque année, le beaujolais nouveau est mis en vente le troisième jeudi de novembre. Légalement, les vins ont le droit d’être vendu à partir de 0h00 le 15 décembre. Depuis 1951, certains vins ont reçu l’autorisation d’être vendus au 15 novembre. [Il s’agit entre autres, selon une note de l’Administration des Contributions Indirectes: du Beaujolais, des Côtes-du-Rhône, du Muscadet, Ndlr]
C’est devenu le troisième jeudi de chaque mois car si le 15 tombait un dimanche, on se retrouvait face à des problèmes de transport.

Quand ont lieu les récoltes ?

Elle a lieu selon les années entre le 25 août et le 1er octobre avec une moyenne autour du 15 septembre. Chez nous, la récolte s’est faite cette année du 20 septembre au 6 octobre.
En réalité, la date dépend du temps qu’il fait au printemps car la période de floraison de la vigne a lieu autour du 20 mai et les récoltes ont lieu 100 jours après.
Cette année, on a eu une floraison tardive, qui a décalé la date. Mais les vins tardifs ont souvent plus de finesse.

Quelles sont les étapes de fabrication du beaujolais nouveau ?

Après la récolte, on met les raisins en cuve pour une fermentation courte de 6 à 8 jours afin de garder le fruit. Pour des vins comme le morgon, la fermentation est longue pour garder les tanins car ce sont eux qui donnent leur structure au vin. Ensuite on presse, ce qui libère les sucres et fait que la fermentation se poursuit quelques jours. Au total, entre la récolte et la fin de la fabrication il se passe entre 15 et 20 jours pour le beaujolais.

Pourquoi entend-on dire que le beaujolais nouveau a goût de banane ?

C’est quelque chose qui date de 1987, à cause d’une nouvelle levure. Il avait beaucoup plu cette année là, ce qui a lavé totalement les raisins, donc les levures naturelles qu’il y a sur la peau du raisin ont été lavées de la même manière. Les levures industrielles rajoutées à ce moment là ont impacté sur le goût du vin.

Dans la tête des gens, le beaujolais nouveau n’est pas bon, pour quelles raisons ?

A une époque, la qualité de ce vin était moyenne. La tradition du beaujolais nouveau s’est construite grâce à des bistrots à vins à Paris, parce qu’ils aimaient ça, parce que c’était joyeux et festif. Assez vite, Londres l’a importé et de là, ça a fait le tour du monde. Les ventes représentaient donc des volumes importants et comme toujours dans ces cas là, certains se sont nourris sur le dos de la bête, ceux qui n’achètent que du prix et du volume et pas de qualité. Forcément, les gens ont été un peu déçus.
Aujourd’hui, les mauvais beaujolais nouveau se font plus rares.

Comment est la production 2010 ?

C’est une année très typique du beaujolais nouveau avec du fruit et des vins croquants, friands. Chez nous, il aurait légèrement goût de cerise alors que chez d’autres, on retrouve le cassis et la groseille.

Dans votre domaine, les ventes de ce vin représentent quel pourcentage des ventes totales ?

Sur 2.500 hectolitres (environ 300.000 bouteilles) produits chez nous, la part du beaujolais nouveau est de 15%.

Et pour finir, une question essentielle : avec quoi peut-on l’accompagner ?

C’est un vin qui va avec beaucoup de choses, des petits fromages de vaches, de chèvres et ce que l’on appelle les « cochonailles lyonnaises » donc toutes sortes de pâtés.

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à propos de l'auteur

Auteur : Lucie Le Houëzec

« Lucie regarde au loin vers l'horizon, son destin est en marche, elle sera journaliste ». Cette métaphore, œuvre d'un apprenti communicant montpelliérain proche de l'intéressée est à prendre au second degré pour comprendre le personnage. Du haut de son mètre soixante-deux, la dérision est une des armes principales de mademoiselle Le Houëzec. Cette native d'Alençon-passée par la Picardie et Paris au gré des pérégrinations de parents aventuriers et d'un parcours riche en expérience- a du au cours de sa vie s'adapter à tous les climats et à différents milieux tels que les rédactions parisiennes ou les classes expérimentales d'une université de la banlieue parisienne. Amatrice de vin bio, de danse, de catamaran et de films d'auteurs douteux, elle pourrait bien être au journalisme et à Haut Courant la révélation que le cinéma n'a jamais pu connaître après l'effacement de Chuck Norris.