Montpellier: La communauté russe joue les prolongations des fêtes de fin d’année

Par le 12 janvier 2010

Alors que pour nous, les périodes des fêtes de Noël sont de l’histoire ancienne et que chacun tente comme il peut d’éliminer les kilos en trop, pour les russes les festivités ont véritablement commencé, ou plutôt ont continué, il y a quelques jours, le 7 janvier, date du noël orthodoxe, et se poursuivront jusqu’au 13, Nouvel An orthodoxe. Petite balade enneigée, puisque le temps s’y prête, dans une Russie entre modernité et traditions, avec le témoignage de la communauté russe de Montpellier.

Un double Noël

« En Russie, tout est blanc depuis déjà très longtemps, et c’est ce qui me manque le plus » explique Zarema Kistaououa, cette jeune femme originaire du Kazakhstan et gérante de la boutique La belle Russie, boulevard Louis Blanc. (Au moment de la rencontre, Montpellier n’avait pas encore été touché par les flocons de neige…). Elle a quitté son pays natal il y a 15 ans pour suivre des études de marketing à Aix-en-Provence et est restée en France. Maintenant mariée à un Montpelliérain, elle n’a pas pour autant coupé les ponts avec ses origines, et a même décidé d’initier les Héraultais aux délices de la Russie avec sa boutique, véritable ode aux saveurs russes. Elle continue même de célébrer Noël le 7 janvier, jour de la Saint Nicolas, le noël orthodoxe tel que traditionnellement fêté dans le calendrier julien instauré par Jules César et encore en vigueur dans l’Eglise Russe.

Elle avoue pourtant que la culture occidentale a largement imprégné les russes et que le père noël vient quand même s’inviter dans les foyers de l’ex-URSS, le 24 décembre au soir. Et ce n’est pas les petits russes qui s’en plaindront, ils sont donc deux fois plus gâtés.

Si le noël catholique que nous célébrons, et le noël orthodoxe ont beaucoup de similitudes : un arbre de noël, un repas de fête, des cadeaux pour les enfants sages…En Russie en revanche, notre truculent père noël est largement supplanté par deux personnages de l’imaginaire russe , les sympathiques et indissociables : Ded Moroz (qu’on peut traduire par le Père Hiver ou le Père gel), qui vient distribuer les présents aux enfants sages dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, accompagné par sa petite fille Snegourochka ( la Jeune fille de la Neige).

Tout de blanc et bleu vêtue, elle est la véritable vedette des enfants qui entonnent des chansons en son honneur. Zarema se met à fredonner un air bien connu « lécou rodillac iolshka », l’équivalent de notre Mon beau Sapin, roi des forêts.
Le repas lui s’apparente à un repas de fête traditionnel. Mais la jeune femme se souvient « d’une salade spéciale avec du hareng, et surtout beaucoup de caviar, on avait des tartines, même au petit déjeuner ! Maintenant je fais un rejet, ne peux plus en manger…sans oublier la fameuse vodka qui arrose le repas ». On peut également citer quelques spécialités comme la galantine au stouden (yahourt bulgare), le cochon de lait, l’oie farcie aux pommes, la tête de porc avec le raifort, le saucisson et les pains d’épice.

L’imaginaire, et les traditions russes sont riches d’anecdotes, de croyances, que raconte avec nostalgie Marina Estarlich, originaire de Russie, et membre de l’association montpelliéraine Relations Culturelles Franco-Russe: « Noël en Russie a commencé à être fêté au X ème Le siècle. La veille de Noël s’appelle « Soltchelnik » et doit être célébré modestement et tranquillement, mais les jours suivants sont gais et festifs. »
Ainsi le soir de Soltchelnik, le nombre douze a une importance particulière, et pour respecter parfaitement la tradition, la maîtresse de maison commence à allumer le fourneau très tôt le matin en suivant un rituel particulier : elle se signe trois fois et, se tourne vers le soleil levant, et seulement après elle allume le fourneau, dans lequel 12 bûches spécialement ont été spécialement choisies et bénies.
Sur ce feu se préparent 12 plats maigres, parmi lesquels l’ uzvar, une boisson avec des fruits secs et du miel ainsi qu’un plat à base de blé et d’orge et de fruits confits appelé « Koutia ».
Marina ajoute « Ce sont les enfants qui jusqu’à sept ans sont considérés comme l’esprit innocent, et qui mettent le couvert. Après l’office religieux, lorsque la table est mise et que tout est prêt, il ne reste plus qu’à attendre l’apparition dans le ciel de la première étoile, l’étoile de Béthléem qui guida les rois mages, pour commencer à souper.Le père récite ensuite la prière pour les parents décédés car on croit que leurs esprits redescendent sur terre ce jour-là. C’est pourquoi on dispose spécialement pour eux des assiettes autour de la table entre deux chandelles».
Si certaines traditions tendent à se perdre dans une Russie de plus en plus occidentalisée, d’autres persistent, et se transmettent de générations en générations: les jeunes filles en quête d’un époux, pourraient en plongeant un anneau dans un verre d’eau, sous la lumière scintillante de la bougie, voir l’image de leur futur mari, apparaître. Une autre légende russe raconte qu’il existe un 4e Roi mage, qui conduit sur la steppe un traîneau tiré par des rennes et rempli de cadeaux pour les enfants. Depuis 2000 ans il a renoncé à trouver l’enfant Jésus, alors il comble de cadeaux les enfants qu’il rencontre en cours de route.

Les Nouvels Ans: 1er et 13 janvier

En Russie, on célèbre Noël moins solennellement que le Nouvel An qui est fêté à la fois le 1er janvier selon le calendrier grégorien et le 13 janvier selon le calendrier julien.Le calendrier orthodoxe est basé sur le calendrier julien qui a été en vigueur en Europe pendant longtemps et adopté de manière échelonnée à partir de 1582, année au cours de laquelle le pape Grégoire XIII l’a institué. Les Russes n’ont adopté le calendrier grégorien actuel qu’en 1918 sans pour autant réfuter le calendrier julien.

Officiellement, c’est le 31 décembre qu’est célébré le Nouvel An. Quelques minutes avant minuit, le président Russe félicite ses citoyens. Cette année Dmitri Medvedev n’a pas failli à la tradition et a souhaité bonheur et santé à tous les russes. A minuit pile, l’horloge du Kremlin la « Kuranty » a carilloné les douze coups de minuit.
Cette année, pour célébrer le Nouvel An, une patinoire s’est installée à Moscou sur la Place Rouge, et connaît un grand succès.
En Grèce et au Moyen-Orient, les orthodoxes célèbrent également le Nouvel An le 13 janvier.

Alors pour les nostalgiques des fêtes ou ceux qui veulent poursuivre les plaisirs gastronomiques et alcoolisés, vous n’avez qu’à invoquer la philosophie russe pour vous justifier. De sacrés épicuriens ces russes, puisqu’ils font donc 4 fois la fête. Et surtout Schastlivogo Rozhdestva !, Joyeuses fêtes et bonne année 2010 à tous.

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à propos de l'auteur

Auteur : Camille Garcia

« Avec le temps va tout s’en va », disait le grand Ferré... Tout, sauf cette envie de journalisme qui me tiraille déjà depuis longtemps. Le chemin fut sinueux et peu conventionnel avant d’intégrer ce master métiers du journalisme. Cinq longues années à errer entre une première année de droit, puis un master 1 LEA Europe qui aura eut le mérite de me faire franchir les frontières du territoire français pendant deux ans. Après un passage à Liverpool chez les quatre garçons dans le vent que sont les Beatles ou une épopée andalouse chez le roi Boabdil et sa divine Alhambra de Granada, me voilà en territoire Héraultais. « L e journalisme, c’est bouché » me disait déjà à l’époque Mme François la conseillère d’orientation en troisième. « Les journalistes, tous des fouineurs » ajoutait Mr Chabrier mon cher et tendre voisin. C’est dire si journaliste est une vocation, un sacerdoce qui demande avant même de pouvoir l’exercer une grande ténacité et une grande volonté pour s’opposer aux nombreux pessimistes voire détracteurs de la profession. Et pour continuer avec la morosité ambiante, maintenant, c’est la crise de la presse, la mort des journaux, le lecteur n’achète plus, ne fait plus confiance aux journalistes... Mais alors pourquoi vouloir se lancer dans une bataille déjà perdue ? Ma réponse est simple et courte : je ne me vois pas faire autre chose et c’est une histoire de passion et de passionnés. Je crois que c’est à nous futurs journalistes de reconquérir nos lecteurs, de revaloriser l’information, de la diversifier, de la rendre originale et pluraliste en répondant aux besoins du lectorat sans oublier de susciter chez eux l’envie de s’informer, d’en savoir plus. Alors même si les journalistes précaires se ramassent à la pelle comme les feuilles mortes du grand Prévert, tant pis! Je reste convaincue qu’après l’automne vient le printemps et qu’une nouvelle génération de journalistes, la nôtre, aura sa place. Satanée optimisme quand tu nous tiens !