Le vin bio victime de son succès ?

Par le 31 janvier 2018

En sept ans, le chiffre d’affaire du vin bio en France a triplé pour s’élever à plus de 1,2 milliard d’euros. Conséquence de ce succès, les rayons bio sont régulièrement vides. Face au risque de pénurie, la production biologique peut-elle suivre le rythme ?

Le bio bientôt en rupture de stock, qui aurait pu imaginer un tel phénomène ? Longtemps considéré comme un produit destiné à une élite, le bio s’est démocratisé : un Français sur trois déclare avoir consommé du vin bio d’après une enquête d’IPSOS pour Sudvinbio. En 2016, les consommateurs y ont consacré 792 millions d’euros dans les surfaces de vente. Le marché français des vins bio a été multiplié par quatre en douze ans. Et, cerise (bio, bien sûr) sur le gâteau, les Français sont prêts à dépenser davantage pour un produit comme le vin que pour les autres produits agroalimentaires.
Contrairement aux idées reçues, l’écart de prix entre le vin bio et le vin conventionnel est faible. L’offre se fait sur un cœur de gamme qui se situe à 75% à moins de 15 euros la bouteille d’après une étude réalisée par Agrex Consulting pour Sudvinbio. Le bio séduit de plus en plus, à tel point que 10% des consommateurs de vin bio ne consomment plus du tout de vins conventionnels. Une révolution.
Face à cette demande grisante, la production s’accélère aussi. En 2016, la France comptait 5263 exploitations viticoles soit 70 740 ha de vignes en bio, soit 9% du vignoble national (contre 6% en 2010). Malgré la croissance de la production, la consommation biologique est bien plus rapide. En septembre 2017, le directeur de l’agence Bio, Florent Guhl, alertait sur les risques de pénurie des produits bio. La viticulture biologique est aujourd’hui confrontée à de nouveaux défis.

Face à cette demande exponentielle, il y aurait urgence à augmenter les surfaces et les rendements. Pas si simple. Les conversions vers le bio ont ralenti ces dernières années, avec en 2016 une croissance de « seulement » 10%. Plusieurs producteurs sont aussi revenus au conventionnel à cause des complications liées, par exemple, au climat. Pas toujours évident non plus de convaincre une population viticole vieillissante de vite se convertir au bio. Par ailleurs, la conversion bio n’est pas une promenade de santé : coût, respect du cahier des charges européens et vulnérabilité des vignes face aux aléas climatiques… en dissuadent plus d’un. Autre ombre au tableau : le désengagement progressif de l’État, source d’inquiétude pour les vignerons .
Par le jeu de cette bonne vieille loi de l’offre et de la demande, le risque est aujourd’hui de voir le prix de la bouteille de vin bio flamber.

Vers une flambée des prix du vin bio ?

Or, pour Florent Guhl, directeur de l’Agence bio comme pour Patrick Guiraud, président de Sudvinbio, le prix reste le frein numéro un pour les consommateurs. Leur objectif est de maintenir le faible écart de prix entre le vin conventionnel et le vin bio. La distribution est donc un véritable enjeu. Le vin bio est très convoité et personne n’est prêt à lâcher la grappe.
En 2016, la vente directe est le principal circuit de distribution à 41% et les magasins bio et les cavistes représentent 42% des ventes de vin bio. Mais les grandes et moyennes surfaces (GMS) captent 17% du marché et s’emparent de plus en plus du bio. Les hypermarchés actuellement en crise, profitent de ce succès pour se faire des marges excessives comme le révèle l’UFC Que Choisir.
Le recours à l’importation est-il inévitable ?
Un risque peu avéré pour les deux spécialistes car les autres pays sont également confrontés au même problème de pénurie. Les consommateurs bio recherchent avant tout des produits français. Une chose est sûre, ils ne pourront pas suivre l’inflation des prix du bio.

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à propos de l'auteur

Auteur : Margaux Lecluse

Mordue de lecture et très curieuse, je m’intéresse depuis toujours à tout ce qui m’entoure. Plutôt discrète, j’écris depuis mon enfance car c’est pour moi un moyen « d’hurler sans bruit » comme l’écrit Marguerite Duras. Ma plume est une arme que je veux utiliser pour servir les autres. C’est pour cette raison que je veux être journaliste. Après avoir suivi des études littéraires, je me suis lancée dans les sciences politiques afin de mieux comprendre le fonctionnement de nos institutions et du politique. Enfant de l’ère 2.0, je vis au rythme effréné des réseaux sociaux. Les clics, tweets, selfie ou les live video alimentent l’information et sont toujours plus influents sur la société. Je suis convaincue que le numérique sera le terrain de jeu du journaliste de demain. Suivez moi sur twitter: @margauuuuuxxxxx Découvrez mes chroniques littéraires sur sens critique : https://www.senscritique.com/Margauuuuuxxxxx/critiques