Les deniers de l’Eglise sont « un devoir de justice »

Par le 10 avril 2008

En pleine campagne des deniers de l’Église, le père Noël Saignes, de la paroisse de Lunel, dans l’Hérault, revient sur la nécessité de donner.

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Que sont les deniers de l’Église ?

Les deniers permettent à un diocèse de donner un salaire aux prêtres, ainsi qu’aux quelques permanents laïcs qui s’occupent de l’Église. La campagne débute aux alentours des Rameaux (la semaine avant Pâques). La participation reste libre mais il s’agit d’un devoir de justice, car il faut payer les gens qui animent la paroisse, ainsi que les prêtres retraités. Notre objectif est humain et spirituel, nous n’avons pas vocation à faire tourner une affaire, mais nous avons besoin d’équipements et d’argent pour accompagner la vie spirituelle des fidèles.
J’aime la citation de De Bacciochi, un théologien, qui disait : «la conviction va jusqu’au portefeuille compris.»

Comment procédez-vous ?

De deux manières : les donateurs de l’année précédente sont réinvités par courrier. Pour les autres, nous rappelons au cours des messes la possibilité de donner et invitons les gens à se procurer les enveloppes qui expliquent la procédure. Il faut le rappeler, car certains utilisateurs de l’Église oublient que c’est à eux de la faire vivre. Pourtant, 80 % des gens demandent un enterrement à l’Église, et nous avons plus de mariages prévus que l’année dernière. En moyenne, nous recevons 144 € par an et par donateur dans le diocèse de l’Hérault. Il y a un diocèse par département.

En quoi les deniers sont-ils différents de la quête ?

La quête n’a pas le même but. La quête « classique » sert à entretenir les lieux de culte. Certains éléments coûtent gement de la sono, ou la création d’un local pour les jeunes. Il faut rajouter les bulletins mensuels, le nettoyage, etc. Nous ne recevons aucune subvention de l’État ni du Vatican. La municipalité assure le maintien de l’édifice « hors d’eau », ainsi que l’entretien de l’orgue, seul monument histo- rique mobilier de la ville (il da- te du XIXe siècle). Tout le reste nous incombe. Une partie des quêtes exceptionnelles (mariages, enterrements, baptêmes) est réservée au diocèse, et une autre sert à compléter les salaires des prêtres. Une fois par mois, la recette de la quête va au diocèse pour une cause précise. Nous ne faisons pas de bénéfices.

Vous avez 69 ans et officiez depuis 44 ans, n’avez-vous pas peur pour votre retraite ?

Non, quand on met les gens devant leurs responsabilités, ils se montrent très généreux. Même si le nombre de dona- teurs n’augmente pas beau- coup, les gens donnent plus, ils ont conscience de l’impor- tance de leur participation et l’augmentent en conséquence. On suggère aux gens de donner l’équivalent de deux ou trois jours de travail. Je pense que c’est un miracle qu’une institution comme l’Église tienne, alors que rien n’est obligatoire. Les gens demeurent motivés.

Salaires de curés (dans l’Hérault

Malgré les difficultés que rencontre l’Église dans le renouvellement de ses effectifs et la désaffection des fidèles, les finances se portent plutôt bien à Lunel. Si les prêtres perçoivent un salaire mensuel de 860 € dans le diocèse de l’Hérault, composé à la fois des dons des deniers (environ 450 €) et des quêtes exceptionnelles (mariages, baptêmes, enterrements) récoltées par la paroisse, les permanents laïcs touchent 10 % de plus que le SMIC.

Les dons ont augmenté ces dernières années. En 2002, la paroisse de Saint-Philippe-du-Vidourle, qui comprend Lunel et 5 autres communes, de Marsillargues à Saint-Nazaire-de-Pezan, a récolté 35 000 €. En 2007, elle a engrangé plus de 55 000 € des dons du denier. Soit une augmentation de 58,12 %. Ces sommes, mutualisées au niveau du diocèse afin de compenser les paroisses « moins généreuses », s’avèrent nécessaires à la subsistance des 200 prêtres en activité, des 66 retraités et des 50 laïcs qui s’occupent de l’administration et assistent les religieux. Le père Saignes reçoit moins d’argent depuis qu’il a atteint 65 ans (il a aujourd’hui 69 ans) car il perçoit une retraite de la caisse nationale des cultes. L’âge officiel de la retraite des prêtres est fixé à 75 ans, mais des aménagements sont possibles à l’approche de cette échéance, comme un service allégé.

Si le salaire des prêtres est exclusivement assuré par les dons aux deniers, seulement 9 % des catholiques font preuve de générosité. Dans l’Hérault, la moyenne annuelle des dons par donateur s’élève à 120€, un montant inférieur à la moyenne du diocèse de Lunel (144).

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à propos de l'auteur

Auteur : Cyril Berneau

Détenteur de deux licences et de deux master 1 obtenus dans un cursus juridique, puis politique à Montpellier, je suis actuellement le programme du Master Journalisme. Employé à temps partiel dans une grande entreprise pour financer mes études, je travaille également en collaboration avec deux sites internet spécialisés, dans lesquels j'écris et propose des sujets. J'occupe la place de rédacteur en chef adjoint pour l'un d'eux. Féru d'écriture et d'enquêtes, je nourris le désir de devenir journaliste professionnel depuis plusieurs années, si possible dans le domaine politique.