CINEMA – Les films les plus attendus de 2015

Par le 16 janvier 2015

En cette période de vœux, les adeptes des salles obscures contemplent, non sans une certaine appréhension, le nouvel horizon cinématographique qui s’ouvre à eux avec, en suspens, la question cinéphilique par excellence : le cru 2015 sera-t-il aussi riche et varié que ceux des précédentes années ? S’il est inepte de juger de la qualité d’un millésime avant sa dégustation, force est de constater que certaines productions de la cuvée 2015 se détachent du lot et tardent déjà à être appréciées. Avant-goût d’une nouvelle année cinématographique riche en saveurs au travers d’une sélection partielle, et totalement partiale, de 12 films.

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Foxcatcher de Bennett Miller avec Channing Tatum, Steve Carell et Mark Ruffalo (21 janvier)

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A Cannes comme ailleurs, il y a des évidences qui s’imposent. Cette année, l’évidence voulait que Foxcatcher, le nouveau film de Bennett Miller (Truman Capote, Le stratège), reçoive le prix de la mise en scène. Parce que c’était justifié. Parce que c’était mérité. Brillante leçon de cinéma, Foxcatcher est inspiré de l’histoire vraie et mystérieuse du milliardaire américain John Eleuthère Du Pont – modestement nommé « aigle doré » par ses proches – qui, dans les années 80, décide de monter une équipe de lutte libre dans sa propriété de Pennsylvannie : la team Foxcatcher dont fait partie Mark Schultz, sacré champion olympique en 1984. D’abord, philanthrope auto-investi d’une mission, le milliardaire excentrique, également ornithologue et philatéliste passionné, sombre peu à peu dans une folie indicible qui va le conduire à assassiner Dave Schultz, frère de Mark, également ancien champion olympique et entraîneur de la team Foxcatcher.

Réalité de Quentin Dupieux avec Alain Chabat et Jonathan Lambert (18 février)

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Après l’ère du « faux » (Wrong et Wrong Cops), Quentin Dupieux semble avoir trouvé un nouveau champ d’investigation cinématographique. Non pas le « non-sens » bien sûr puisque tous ces films n’ont toujours fait que le sonder. Non pas la « réalité » – comme pourrait l’évoquer le titre – car Dupieux, de film en film, s’en est toujours détaché. Mais le cri. Et plus précisèment le gémissement.

Dans la bande-annonce, rien de très clair. Un chasseur, un sanglier, un homme habillé en femme, une petite fille (Réalité). Et puis, un cameraman, Jason, qui tente de convaincre un riche producteur de le laisser réaliser son premier film d’horreur. Un film dans lequel les postes de télévision deviennent subitement méchant et « font cramer les gens de l’intérieur ». Le contrat est presque signé mais le producteur exige que Jason trouve au préalable le meilleur gémissement de l’histoire du cinéma. Il a 48 heures… « Un film différent, beaucoup plus fou, bien meilleur que les autres et qui les annule » confie Quentin Dupieux ravi que le film ait été présenté en compétition dans la catégorie ‘orizzonti’ lors de la 71è édition du Festival International du Film de Venise (Mostra de Venise 2014).

A noter qu’un mémorable « Kubrick, mes couilles ! » conclut de façon totalement injustifiée la bande-annonce.

Inherent Vice de Paul Thomas Anderson avec Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Benicio del Toro, Katherine Waterston, Reese Witherspoon et Owen Wilson (4mars)

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« Si par une nuit calme sur la plage, ton ex-nana débarque de nulle part avec une histoire sur son mec, un nabab de l’immobilier, sa femme, son amant, et un complot pour envoyer le nanab chez les fous, faut peut-être passer son chemin. » Malgré ces conseils avisés qui ouvrent la bande-annonce de Inherent vice, le nouveau film de «l’auteur/réalisateur » Paul Thomas Anderson, le détective privé Larry ‘Doc‘ Sportello – Joaquin Phoenix portant de somptueuses rouflaquettes – enquêtera sur la mystérieuse disparition du milliardaire Mickey Wolfman, « un juif qui se prend pour un nazi ». Seconde collaboration du réalisateur de There will be blood et de Joaquin Phoenix après The Master, Inherent Vice est adapté du roman homonyme de Thomas Lynchon.

Hacker de Michael Mann avec Chris Hemsworth, Viola Davis, William Mapother (18 mars)

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La bande-annonce du nouveau film de Michael Mann s’ouvre par une citation qui ne va pas sans résonner, telle une prophétie auto-réalisatrice, avec l’actualité : « Notre prochain Pearl Harbor pourrait fort bien être causé par une cyber-attaque… ». A l’heure où la société Sony Pictures a été victime d’une des plus violentes attaques informatiques qu’aient connus les Etats-Unis, force de constater que l’auteur de cette phrase, Leon Panetta, ex-directeur de la CIA, est dans le vrai. Sauf que, ironie du sort, là où Hollywood n’oserait jamais – ou à de rares exceptions près – mettre en scène ses propres failles, la réalité, elle, s’en charge. Pour le pire.

Hacker relate la traque d’un puissant réseau international de cyber-terroristes à l’origine de l’explosion d’un réacteur nucléaire. Un ancien hacker, programmeur de génie condamné à 15 ans de prison, va être chargé de mener l’enquête et de démasquer l’identité des criminels. La tâche s’annonce d’autant plus difficile que les terroristes semblent agir sans véritable motif…

Hill Of Freedom de Hong Sang-soo avec Ryo Kase et Sori Moon (13 mai 2015)

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Coutumier et annuel retour de l’anthropologiste cinématographique Hong Sang-soo. Dans Hill of Freedom, le scénariste et réalisateur sud-coréen raconte l’histoire d’un japonais qui, ayant la mort dans l’âme, se rend à Séoul pour retrouver la femme qu’il a toujours ardemment désirée. Mais la réalisation de cette quête s’avère au final plus compliquée que prévu. D’innombrables rencontres inattendues vont venir entraver l’objectif que l’homme s’était promis d’atteindre.

Hill of Freedom faisait partie de la sélection officielle du 39è Festival International du Film de Toronto (TIFF) et a concouru dans la catégorie ‘orrizonti’ lors de la 71e édition du festival International du film de Venise (Mostra de Venise 2014).

Tomorrowland de Brad Bird avec Britt Robertson et George Clooney (20 mai)

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Production Disney, Tomorrowland, originellement nommé 1952, est un film de science-fiction qui raconte les destins croisés d’une adolescente passionnée de sciences, Casey Newton (ça ne s’invente pas !) et d’un ancien inventeur de génie frappé de désillusion, Franck Walker. La bande-annonce nous présente la jeune adolescente à la sortie d’un centre de détention. Sur un écran de télévision, on découvre les banales images médiatiques de violences humaines sur lesquelles se pose le regard éteint de la jeune fille. Un policier fait l’inventaire des objets à restituer : argent, casquette, paquet de chewing-gum et une épinglette dont la jeune fille assure n’être pas la propriétaire. A son contact, elle est immédiatement transportée dans un autre espace-temps. Les murs ternes et fades du commissariat laissent place à un champ de blé radieusement illuminé où se dessine, dans un proche horizon, les contours d’une ville futuriste. Mais quel est ce lieu, Tomorrowland, « où rien n’est impossible » et où « on peut véritablement changer le monde » ? Réponse dans quelques mois…

While we’re young de Noah Baumbach avec Ben Stiller, Naomi Watts et Adam Driver (24 juin)

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Après le très beau Frances Ha sorti en 2013, Noah Baumbach revient avec une nouvelle comédie : While we’re young dans laquelle Ben Stiller et Naomi Watts, un couple de cinéastes, vont voir leur quotidien profondément chamboulé après l’arrivée, et l’intrusion, d’un autre couple unissant Adam Driver et Amanda Seyfried. Rencontre qui va être à l’origine d’une sorte de crise existentielle, d’un renouveau, d’une renaissance. « Life never gets old »…

Seconde collaboration de Noah Baumbach et de Ben Stiller après Greenberg en 2010, While we’re young a été projeté en avant-première lors du 39è Festival International du Film de Toronto (TIFF) en septembre 2014.

Midnight Special de Jeff Nichols avec Michael Shannon, Kirsten Dunst et Joel Edgerton, Adam Driver (25 novembre)

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Thriller de science-fiction surnaturel dans lequel un père de famille, Roy (Michael Shannon), est prêt à tout pour protéger son fils unique, Alton 8 ans (Jaeden Lieberher), doté de pouvoirs spéciaux. Après avoir rejoint un groupe d’individus (Joel Edgerton, Kirsten Dunst), Roy s’embarque dans une course-poursuite visant à amener Alton en lieu sûr. Sur leurs traces, une secte d’extrémistes religieux et une unité spéciale du gouvernement dont le dirigeant est joué par Adam Driver. L’issue de cette course-poursuite pourrait changer le monde…

Aucun visuel ni aucune bande-annonce pour ce premier scénario original de Jeff Nichols. Le réalisateur de Mud : sur les rives du Mississippi, Take Shelter et Shotgun Stories a néanmoins confié s’être rapproché de l’esthétique de certains films de John Carpenter (Starman) et avoir privilégié les scènes nocturnes. Plus que 10 mois d’attente pour ce film très attendu.

Star Wars Episode VII : The Force awakens de J.J. Abrams avec John Boyega
Daisy Ridley, Oscar Isaac, Lupita Nyong’o, Adam Driver, Andy Serkis, Mark Hamill, Carrie Fisher et Harrison Ford (18 décembre)

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Ce sera très certainement l’événement hollywoodien de l’année 2015. On imagine déjà une horde de spectateurs fanatiques faisant la queue depuis plusieurs jours – voire plusieurs semaines – devant les salles des theaters américains pour s’assurer d’avoir une place à la première projection du premier épisode de la troisième trilogie de la saga Star Wars. Suivant les goûts de chacun, certains préféreront porter une bure Jedi, sabre laser à la main quand d’autres, habités par le côté obscur de la ‘farce’ préféreront revêtir la tenue immaculée des Stormtroopers ou autres équipements darthvadoriens.

Mais que sait-on au juste de ce nouveau Star Wars ? Premièrement, les événements narrés se déroulent 30 ans après la ceux de la première trilogie (celle réalisée entre 77 et 83). La raison d’une telle ellipse : Le retour du Jedi ayant été réalisé il y a environ une trentaine d’années et The Force awakens retrouvant les héros oubliés de l’épisode 6 (Carrie Fisher, Mark Hamill et Harrison Ford), il fallait justifier visuellement de leurs délabrements physiques. A tout problème, une réponse scénaristique simple. Deuxièmement, c’est la Walt Disney Company qui produit le film après avoir racheté Lucasfilm pour la modique somme de 4 milliards de dollars ! Pour amortir son investissement, la major américaine risque donc malheureusement de faire fleurir les productions estampillées « Star Wars »… Troisièmement, c’est J.J Abrams qui réalise ce premier opus. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle puisqu’Abrams fait partie de cette nouvelle génération de cinéastes hollywoodiens talentueux. Il n’y a qu’à voir et revoir le très spielbergien Super 8 pour s’en convaincre. Quant à l’histoire, pas un mot ne fuite. Le secret est et restera très bien gardé jusqu’à la sortie en salles du film. Même la première bande-annonce diffusée le 28 novembre dernier n’a pas dérogé à cette règle du silence. Elle ne nous apprend en effet rien que nous ne sachions déjà. Il existe une Force. Et cette Force possède un Côté Obscur. Pour le reste, elle pose plus de problèmes qu’elle n’apporte de réponses et fait se déchaîner la blogosphère.

Knight of Cups de Terrence Malick avec Christian Bale, Natalie Portman et Cate Blanchett (date de sortie non définie)

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Knight of cups, littéralement le Cavalier de coupes, semble aussi mystérieux que son réalisateur texan. Partout, le même synopsis, sobre et laconique : « un homme, des tentations, la célébrité et l’excès ». Cet homme, c’est Christian Bale. Il est acteur, entouré d’innombrables jolies femmes, et semble aimer faire la fête… La bande-annonce n’en dit pas plus. Elle donne simplement à voir et à entendre, dans un style d’ailleurs très malickien : caméra steadycamée, objectifs grand angle, plans filmés à contre-jour, voix résonnant depuis l’intérieur des personnages, etc… Mais rien d’étonnant puisque le cinéma de Malick tend, depuis The Tree of life, à expérimenter une nouvelle forme d’expressivité cinématographique proche de la non-narration : des gestes, des sensations, des bribes d’existence savamment mêlés en un agencement d’images visuelles et sonores. Une ode audiovisuelle au service d’une Idée. Knight of Cups a d’ailleurs été réalisé sans scénario, sans script et a donc laisser place à une totale improvisation. Le film a été sélectionné pour concourir en compétition officielle lors du prochain Festival International du Film de Berlin (Berlinale 2015) qui se tiendra du 5 au 15 février 2015.

Le titre du film fait référence à l’art divinatoire de la cartomancie (jeu de tarot), le Cavalier de coupes étant l’équivalent du Cavalier de cœur dans un jeu de cartes classique.

Sea of trees de Gus Van Sant avec Naomi Watts, Matthew McConaughey et Ken Watanabe (date de sortie non définie)

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Au Japon, dans la « Forêt des suicides », lieu où ceux qui souffrent trop viennent mettre fin à leurs jours, un américain suicidaire va faire la rencontre d’un japonais. Les deux hommes vont alors se lancer dans une quête initiatique…

Dans une interview accordée à Entertainment Weekly, Matthew McConaughey a dit qu’il s’agissait d’un « survival d’enfer » qu’il renommerait volontiers « il faut passer par la destruction pour trouver le salut ». Et de surenchérir : « En quittant les salles de cinéma, tout le monde voudra partir marcher comme mon personnage. Et les spectateurs s’interrogeront longtemps sur le sens de ce film. Qu’est-ce qui était vrai, qu’est-ce qui relevait du rêve et que doit-on comprendre de toutes ces réflexions philosophiques ? »

The Lobster de Yorgos Lanthimos avec Colin Farell, Rachal Weisz, Ben Whishaw et Léa Seydoux (date de sortie non définie)

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Il est l’un des chefs de file du « nouveau cinéma grec ». Auteur de l’exceptionnel et improbable Canine (Récompensé à Cannes en 2009) et d’Alps, Yorgos Lanthimos revient avec The Lobster, une production américaine dans laquelle des célibataires sont arrêtés et enfermés dans un hôtel glauque pour y trouver, en moins de 45 jours, un partenaire. Faute de quoi ils seront transformés en animaux et envoyés dans une forêt…
Aussi surprenant que les scénarii de ces deux précédents films, The Lobster, littéralement « le homard », risque de surprendre… le film est actuellement en postproduction.

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