NBA : les premiers enseignements de la saison

Par le 13 novembre 2014
Kobe Bryant pensif devant le début de saison des Lakers (Oliver Petalver / TheDailySportsHerald)

Le championnat américain de basket-ball a repris le 28 octobre. Après un peu plus de deux semaines de compétition, les premières tendances se dégagent dans la lutte pour le titre tant convoité. Voici un tour d’horizon des forces et des faiblesses en présence cette année.

Memphis et Toronto, leaders surprises

C’est bien simple, avec un bilan actuel de sept victoires pour une seule défaite, Memphis et Toronto réalisent le meilleur départ de l’histoire de leur franchise. Si les Grizzlies et les Raptors, respectivement premiers à l’Ouest et à l’Est, confirment les promesses entrevues lors de ce début de saison, on peut compter sur eux pour être de sérieux outsiders dans la course au trophée Larry O’Brien.
La force de ces deux équipes tient avant tout sur une force collective impressionnante. Memphis repose depuis des années sur un cinq majeur qui change peu, ou prou. Au poste de pivot, on retrouve l’indéboulonnable Marc Gasol (17,8 points et 7,5 rebonds de moyenne). L’Espagnol, véritable couteau suisse, a depuis longtemps trouvé son pendant dans la raquette en la personne de Zach Randolph (16,6 pts – 10,8 rbds), travailleur de l’ombre infatigable. A l’arrière, Tony Allen et Mike Conley sont des joueurs pétris de talent, qu’ils n’hésitent pas à mettre au service de leurs partenaires. Si les Grizzlies en sont là, c’est surtout grâce à leur défense, qui est devenue l’ADN de la franchise. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : Memphis est premier au classement des points concédés aux opposants (89,4 points).
Pour les Raptors, l’équation est toute autre. Ils « lâchent » en moyenne 96,4 points à leurs adversaires mais ces derniers ne peuvent pas faire grand-chose face à la puissance de feu de leur attaque (au premier rang avec 107 points). La figure de proue de Toronto s’appelle DeMar De Rozan. Première apparition en playoffs et première sélection au All-Star Game l’an dernier, l’arrière shooteur a franchi un palier décisif dans sa progression et est surtout très bien encadré : Kyle Lowry, le meneur, est dans la fleur de l’âge, Jonas Valanciunas est une machine à double-double sous le panier et Terrence Ross tout comme Amir Johnson dunkent à tout-va quand l’occasion se présente.

Kobe Bryant pensif devant le début de saison des Lakers (Oliver Petalver / TheDailySportsHerald)

Les franchises historiques à la peine

On considère les Grizzlies et les Raptors comme des franchises jeunes : elles ont été créées en 1995, les Grizzlies étant localisés à Vancouver au Canada avant de déménager dans le Tennessee en 2001. Ce n’est pas le cas des Los Angeles Lakers, des Boston Celtics ou des New York Knicks. Les fans de longue date de ces équipes font grise mine à la lecture du classement.
Pour les Lakers, la descente aux enfers est effective depuis deux saisons. L’échec du « Big Three » made in Hollywood, composé de Kobe Bryant, Dwight Howard et Steve Nash, n’est toujours pas digéré. Le premier refoule les parquets après une année quasi-blanche marquée par une blessure au genou, le second a quitté le navire l’an dernier pour rejoindre Houston, et le dernier jongle entre des bouts de match et des douleurs au dos insurmontables. Plus encore, ce sont les contrats mirobolants accordés à Kobe et Nash qui font grincer des dents : le « Black Mamba » accapare à lui tout seul 23,5 millions de dollars cette saison, tandis que le Canadien est un boulet à 9,7 millions ! Conséquence de la gestion catastrophique de la famille Buss, les Lakers réalisent leur plus mauvais départ de l’histoire depuis qu’ils ont atterri dans la cité des anges (une victoire pour sept défaites). Seule satisfaction, le retour en grâce de Kobe Bryant, meilleur marqueur de la ligue avec 27,5 points de moyenne. Mais une propension à croquer la balle comme jamais : il tente 24,5 tirs par match pour un faible pourcentage de réussite à 38,8%. De plus, L.A. est la pire défense (111,5 points encaissés !) de la NBA. Un numéro de soliste au milieu d’un naufrage collectif.
Autre monument du basket outre-Atlantique, les New York Knicks s’attendent à un exercice 2014-2015 difficile. L’intersaison a été synonyme de bouleversements profonds. Phil Jackson, l’homme qui a mené Michael Jordan et Kobe Bryant au sacre suprême, est devenu président des Knickerbockers. Le coach aux onze titres a décidé de confier les manettes de l’équipe au tout jeune retraité Derek Fisher. Le but affiché est clair : gagner le titre grâce au système qui a fait la renommée de l’entraîneur Jackson, l’attaque en triangle. Cependant, ce dernier a prévenu que cela mettra du temps à fonctionner… Toujours est-il que le bilan de D-Fish est pour l’instant peu reluisant : deux succès pour sept revers, et une série en cours de six matches sans victoire. Même la superstar Carmelo Anthony semble bien loin de ses standards habituels en termes de scoring (21 points de moyenne pour les neuf premiers matches contre 27,4 et 28,7 les deux années précédentes).
Enfin, il faudra aussi s’armer de patience pour revoir Boston jouer de nouveau les premiers rôles. En pleine période de reconstruction, les Celtics, dix-sept fois champions NBA, doivent composer avec un effectif très jeune (24,9 ans de moyenne d’âge) et, par conséquent, un manque d’expérience. La seule lueur d’espoir vient toujours du génial meneur Rajon Rondo, qui frôle le triple-double à chaque match (en moyenne : 10,8 points, 8,2 rebonds, 11,3 passes). Si les Celtics parviennent presque à l’équilibre (3v.-4d.), ils le doivent en grande partie à lui.

La course au titre de MVP voit l’émergence de nouvelles superstars

Le basket est un sport collectif où les performances individuelles sont régulièrement mises en exergue. Ainsi, chaque année, la course au titre de MVP (Most Valuable Player) passionne les observateurs et déchaîne les foules. Alors que les années précédentes ont vu un duo se dégager très clairement, cette saison pourrait couronner un tout autre visage.
LeBron James, quadruple lauréat, espère secrètement conquérir un cinquième sacre qui le placera au même niveau que « Sa Majesté » Jordan dans les livres d’histoire. Néanmoins, le retour sur ses terres de l’Ohio, à Cleveland, risque de reporter cette consécration. Ses débuts ratés à domicile le confirment, le « King » devra se montrer patient. Le tenant du titre, Kevin Durant, est quant à lui, sur le flanc suite à une fracture du pied droit.
En l’absence des deux « monstres » que sont James et Durant, certains joueurs s’affirment comme des joueurs phares de leurs équipes (qu’on appelle franchise players). Ainsi, Anthony Davis prend une dimension de plus en plus grande à New Orleans. L’intérieur, longtemps rallié pour son mono-sourcil, met aujourd’hui tout le monde d’accord avec des moyennes hallucinantes : 24,9 points, 12,9 rebonds, 4,4 contres ! L’autre révélation de ces premières semaines est DeMarcus Cousins. Longtemps irrégulier, le pivot de Sacramento semble enfin prendre conscience de son potentiel. La médaille de champion du monde en poche, Cousins a également mûri. Leader des fautes techniques (16) la saison passée, DMC rend pour le moment un bilan vierge. Un calme bienvenu qui profite aux Kings dont le départ encourageant (5v.-3d.) satisfait toute une ville, après des saisons de galère.
Enfin, Stephen Curry et Klay Thompson, confirment leur éclosion. Les « Splash brothers » de San Francisco éclaboussent leurs opposants avec notamment leur insolente propension à rentrer leurs tirs à trois points. A eux deux, ils représentent près de 50 points de moyenne par match !

Malgré tout, une saison NBA est très longue. La vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain et ce premier bilan ne déroge pas à la règle. Memphis et Toronto vont-ils marcher sur l’eau jusqu’à la fin de la saison régulière ? La lutte pour le trophée de MVP va-t-elle voir de nouveaux noms apparaître, d’autres disparaître ? Seul le temps nous le dira…

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