Océans, une nouvelle odyssée des mers

Par le 7 février 2010

Jacques Perrin et son complice Jacques Cluzaud signent avec « Océans » une magnifique odyssée sous-marine. Après « Le Peuple migrateur », ils nous entraînent des banquises polaires aux tropiques pour nous faire redécouvrir les mystères des océans et de leurs créatures parfois connues, quelques fois étranges et souvent ignorées.

Entre tumultes et silence abyssal, laissez-vous embarquer par le dernier opus de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud. Ni documentaire, ni reportage animalier, c’est un véritable hymne au monde sous-marin, « un monde dont on ne soupçonne pas les mystères« . Ils nous offrent un ballet tempétueux magnifié par la musique de Bruno Coulais, entre les cavalcades des dauphins, la grâce des méduses, le déploiement précieux d’une raie manta, les jeux des otaries, le chant des baleines, … Autant de héros que les deux acolytes ont mis sous les feux de leurs projecteurs : des acteurs parfois connus (les baleines à bosse, les cachalots, les requins) et d’autres plus étranges (le labre à tête de mouton, le poisson scorpion gingembre, le grondin volant), des acteurs presque irréels tant la caméra est proche et nous les rend accessibles. Les animaux nous regardent droit dans les yeux, à l’image de ces phoques de Weddell. Mille couleurs s’offrent au regard émerveillé du spectateur : coraux fluorescents, poissons et algues vives et chatoyantes. On croirait voir flotter une étoffe soyeuse aux teintes psychédéliques : ce n’est qu’une danseuse espagnole.

Trombinoscope des espèces

Cependant, Jacques Perrin nous le rappelle : « il serait facile de se perdre dans l’immensité« . Or, dans ce monde majestueux, les prédateurs ne sont pas absents, à l’image d’une horde d’oiseaux frégates attaquant et torpillant des bébés tortues à peine émergés du sable. Prédateurs parmi lesquels l’Homme n’est pas le moindre. Sans vouloir être moralisateur, Océans nous rappelle les conséquences sur les fonds marins de la présence humaine : « la trace du génie humain souille« . Et Perrin de questionner : « combien d’espèces avons nous fait disparaître ? Combien sont en voie de disparition ? Combien sont menacées ? » . On peut se poser cette question lorsque l’on voit un phoque aux côtés d’un caddie au milieu d’une pollution envahissant tout son territoire.

Il est aussi important de rappeler quelques chiffres au sujet de ce film : 8 ans de travail en lien constant avec des biologistes du monde entier, 4 ans de tournage, 12 équipes, 75 expéditions sur 54 sites, près de 500 heures d’images. Les techniques les plus modernes ont été utilisées : caméras équipées d’un système de gyrostabilisation placées à bord d’une torpille, embarquées à bord d’un mini-hélicoptère ultra-silencieux… Pour les prises de vue nocturnes, un nouveau procédé imitant le clair de lune a été mis au point. Un système de sonorisation capable de restituer les bruits sous-marins : la symphonie de la houle, le chant des phoques, les crépitements émis par le plancton et les crevettes… a aussi été utilisé.

Planisphère, lieux du tournage

Enfin, comment parler du dernier opus de Jacques Perrin et de Jacques Cluzaud sans évoquer le Commandant Cousteau ? Jacques-Yves Cousteau qui, pendant plus de cinquante ans, a parcouru les mers du monde entier et réalisé 144 films. De Par dix-huit mètres de fond (1942) aux Promesses de la mer (1997) en passant par Le Monde du silence (1955) pour lequel il a reçu une Palme d’Or à Cannes, ses documentaires ont fait connaître à un large public les mystères d’un monde sous-marin jusque là quasiment inaccessible. Ses films ont favorisé une prise de conscience sur la fragilité du milieu marin et ont sensibilisé et responsabilisé chacun au respect et à la protection de l’environnement. La diversité des espèces est, en effet, indispensable à notre propre existence. Le Commandant Cousteau nous a fait rêver enfant. Aujourd’hui, Jacques Perrin poursuit l’œuvre de l’explorateur au bonnet rouge.

A l’heure, où l’écologie est devenue une mode, il est nécessaire de voir ce genre de films qui rappellent la fragilité de notre planète et l’urgence de la défendre. Pour les générations futures.

Julie DERACHE

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à propos de l'auteur

Auteur : Julie Derache

« Un photographe est un funambule sur le fil du hasard, qui cherche à attraper des étoiles filantes » (Querrec) Diplômée du Master 2 Métiers du journalisme, je suis passionnée à la fois par les lettres, l’écriture et par la photographie. J'aime à reprendre les mots d'Eric Valli : « La photographie est avant tout, pour moi, la rencontre, la découverte, l’apprentissage d’autres mondes. Et le partage. C’est parce que ce métier est avant tout humain qu’il me passionne. » Ces propos résument tout. Mes expériences professionnelles, mes rencontres, mes passions, et surtout pourquoi j’ai choisi d’être à la fois journaliste et photographe. Amoureuse des mots, des livres, des images et des rencontres, j’ai toujours eu à cœur de comprendre le monde et de défendre ce que je crois être des causes justes. Curieuse, j’ai toujours voulu acquérir le plus de connaissances et d’expériences possibles dans divers domaines. Ainsi, mes multiples cheminements, atypiques bien souvent, se sont constamment éloignés des sentiers battus. Jeune, je me suis engagée par le biais d’une action pour la protection de l’environnement soutenue par PPDA, Roger Gicquel, Robert Hossein, entre autres. Grâce à cela, j’ai appris les bases du métier de journaliste, son éthique, et surtout à me dépasser pour aller vers l’autre. Ensuite, mon baccalauréat littéraire en poche, je me suis dirigée naturellement vers des études d’Histoire. Après ma licence, je suis allée voir ce qui se passait ailleurs, au Québec. M’intéressant à l’investigation et voulant m’immerger dans l’histoire du pays qui m’accueillait, j’y ai écrit un essai sur la femme amérindienne chrétienne en Nouvelle France dirigé par Paul André Dubois (Université Laval), explorant ainsi la culture et l’environnement des Premières Nations. A mon retour, je me suis vraiment lancée dans le journalisme. D’abord en intégrant le Master 1 Science Politique et le Master 2 Métiers du Journalisme, puis en faisant des stages dans le monde de la presse comme du photojournalisme. Notamment à l'Agence Vu, au sein de la rédaction locale, de la rédaction Culture/Magazine de Midi Libre et de celle de Polka Magazine où j’ai notamment eu la chance de pouvoir publier une première photographie commandée par Alain Genestar. Au sein du Master, j'ai également rédigé un mémoire intitulé « Au delà des clichés. Des évolutions du photojournalisme et de l'avenir d'une profession » sous la direction d'Edwy Plenel. A ce jour, je le retravaille en vue de le publier. Pour conclure, je pourrai vous dire, en reprenant les mots de Cédric Gerbehaye : « Je fais de la photo parce que j’ai des convictions », en ajoutant que pour moi le journalisme, c'est à la fois les mots et l'image, et que mon objectif est de faire des reportages pour documenter ce dont on ne parle pas, pour rendre compte, pour témoigner en prenant le temps, en analysant, en assumant sa subjectivité.