Par Toutatis, Astérix débarque à la BnF !

Par le 6 novembre 2013

Du 16 octobre 2013 au 19 janvier 2014, la plus grande bibliothèque de France réserve une exposition à un des héros les plus petits (par sa taille) de la bande dessinée, Astérix.

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Le Gaulois moustachu, né de la rencontre entre le scénariste René Goscinny et le dessinateur Albert Uderzo, connaît un succès non démenti depuis plus de 50 ans. C’est d’ailleurs grâce au don d’Uderzo, en 2011, des planches originales de trois albums (Astérix le Gaulois, La Serpe d’or et Astérix chez les Belges) que la Bibliothèque nationale de France a pu composer une exposition aussi riche. L’événement coïncide aussi, par ailleurs, avec la sortie du dernier album du Gaulois, Astérix chez les Pictes, seul album qui ne soit pas le fruit de ses créateurs originels. Avec Astérix, la BnF ouvre grand ses portes à un public qui ne demande qu’une chose : retomber en enfance. Attention, le voyage dans le temps décoiffe autant que la potion magique !

Expo à babo’d, cap’taine !

Quand la BNF veut attirer un large public, elle n’y va pas par quatre chemins ! En commençant l’année avec Astérix, Bruno Racine, le président de la BnF, s’assure d’un grand succès populaire. Comme il le souligne dans l’édito du magazine Chroniques de la BnF, « plus que jamais, la rentrée de la BnF est placée sous le signe de la volonté de faire partager les collections au plus large public. » Loin, par exemple, de l’exposition consacrée à Guy Debord, du 27 mars au 13 juillet 2013. Astérix, lui, attire en masse, sans limite d’âge. bnf_2.jpg Quoi de plus naturel pour une BD dont le succès a su dépasser les frontières ? L’œuvre est traduite en 111 langues et vendue à plus de 350 millions d’exemplaires. Seuls les Etats-Unis, la Russie et la Chine résistent, encore et toujours, au Gaulois.

Il y a foule en ce mardi 29 octobre à la BnF. Et pour cause ! Des plus jeunes aux plus âgés, tout le monde se réunit pour (re)découvrir le héros moustachu. Les vacances de la Toussaint rallongent donc considérablement la file d’attente. Pas moins de 40 minutes en tout pour enfin accéder aux collections, dans des couloirs bondés. Au programme, une entrée en matière historique : enfance et jeunesse des deux auteurs jusqu’à leur rencontre, en 1951, puis un point sur toutes leurs œuvres en commun, jusqu’à l’invention du héros moustachu Astérix. La première planche d’Astérix le Gaulois paraîtra dans le numéro 1 du journal Pilote le 29 octobre 1959.

Un pied-de-nez à nos ancêtres les Gaulois

La partie de l’exposition se focalisant sur les origines du choix d’un héros gaulois est riche en enseignements. À l’origine de ce petit Gaulois moustachu ? La volonté de se moquer du sacro-saint mythe gaulois, forgé au XIXe siècle et véhiculé par les leçons d’histoire de la IIIe République. bnf_3.jpg À l’époque, « nos ancêtres les Gaulois » ont un rôle important dans l’identité nationale : le mythe du peuple gaulois s’est officialisé et s’est teinté de patriotisme sur fond d’hostilités franco-prussiennes.
Les Gaulois sont vus comme des hommes forts, téméraires mais indisciplinés qui aiment guerroyer et festoyer, une image à laquelle Goscinny et Uderzo ne manqueront pas de coller. Avec eux, le village gaulois devient une utopie démocratique municipale, un contre-modèle libertaire des sociétés autoritaires qui ont ruiné l’Europe au XXe siècle. L’ambiance bon enfant du village est une sorte d’humanité idéale, préservée de la civilisation romaine, dont les protagonistes sont sans cesse tournés en ridicule.

Le phénomène Astérix

La suite de l’exposition est consacrée aux habitants du village qu’on ne présente plus. De Panoramix à Assurancetourix, elle brosse des portraits, hauts en couleurs, accompagnés de planches de BD ou de véritables morceaux d’histoire, comme une sculpture de barde ou un chaudron en bronze du IIe siècle avant J.-C. ou bien encore une pièce de monnaie gauloise. À noter, quelques réalisations extraordinaires comme un pixirama de l’ensemble du village, avec tous les habitants ou de grandes statues plastifiées des personnages.
L’exposition se focalise alors sur le « phénomène Astérix » comme titrait L’Express le 19 septembre 1966 puis sur les nombreux dérivés du personnage : des adaptations cinématographiques à la commercialisation de jouets et de jeux en passant par les pubs qui utilisent l’effigie du Gaulois dans leur intérêt. Des casques audio permettent d’écouter quelques extraits des dessins animés tirés de la BD, des scènes de films sont retransmises. 25.jpg La fin du parcours s’interroge sur le comique de la BD, sa teneur, son genre ainsi que sur les valeurs humaines des personnages, solidaires et amis, qui n’hésitent pas à traverser la Gaule pour aider leurs congénères. La présentation conclue comme elle avait commencé, en retrouvant les auteurs, dans leurs apparitions TV ou dans l’intimité de leur bureau.

L’exposition Astérix de la BnF est donc un moyen agréable (et pas cher) de retrouver le héros de notre jeunesse ou, même, de le découvrir pour la première fois. Elle permet d’embrasser beaucoup des perspectives qui ont guidé Albert Uderzo et René Goscinny, disparu le 5 novembre 1977, avec tendresse et émotion. Un bel hommage.

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à propos de l'auteur

Auteur : Ludivine Benard

Grammophile affichée et enragée. Cartésienne, j'essaie de tout remettre en cause, mes certitudes en premier. Lectrice d'Orwell, de Michéa, de Lasch et de Beckett. Je veux apprendre. Je dis beaucoup de gros mots. Mais je sais bien les orthographier. C'est ce qui compte, non ? Pour mieux me cerner, mon compte Twitter : https://twitter.com/LudivineBénard Pour voir l'ensemble de mes publications, mon blog : http://ludivinebenard.wordpress.com/