Paysages manufacturés

Par le 16 janvier 2008

Réalisé par Jessica Baichwal
Avec Edward Burtynsky
Canada, 2006, 1h26
Meilleur long métrage canadien au Festival de Toronto en 2006, Génie du meilleur documentaire 2007.

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Lundi 17 décembre, 20h00. Au Diagonal Capitole, cinéma montpelliérain, la projection du documentaire intitulé Paysages manufacturés est suivie d’un débat animé par les membres d’ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions pour d’Aide aux Citoyens) et de Greenpeace. A noter la participation de Jean-Jacques Gandini, avoué et docteur en troisième cycle de Sciences Politiques, détenant un DESS en Droit de la consommation.

Le documentaire…

Jessica Baichwal s’efface derrière la caméra pour mettre en scène les travaux du photographe canadien Edward Burtynsky. Les paysages manufacturés de la Chine moderne révèlent une beauté plastique surprenante et déconcertante : carrières d’extraction, mines, industries charbonnières, déchets toxiques dépecés et laissés à l’abandon ; l’homme contemporain laisse son empreinte et transforme l’environnement dans une course à la modernité. Sous l’objectif de l’artiste, le spectateur perd ses repères : cette nature défigurée inquiète et fascine à la fois. E. Burtynsky ne donne ni jugement de valeur, ni vision militante. Il se contente de montrer une réalité dépolitisée qui prend alors toute son ampleur.

Une heure et demi plus tard, le débat commence…

– Y a-t-il des solutions pour remédier à l’indifférence de l’opinion face aux problèmes écologiques posés par l’industrie chinoise ?

François Catzeflis de Greenpeace:  » Nous sommes en partie responsable de ces problèmes. Les cargos chargés de déchets électroniques partent d’Europe, d’Amérique du Nord, et arrivent en Asie du Sud-Est. Les Chinois récupèrent la matière première de ces déchets toxiques et les jettent, ce qui pollue la terre et l’eau des rivières.
Mais nous contribuons à nourrir ce trafic à travers une consommation folle, encouragée par la publicité. Regardez l’exemple des téléphones portables ; leur durée de vie est très limitée ! Il y a un mot dont on a peur, c’est le mot décroissance. Pourtant, il faut diminuer notre consommation effrénée pour s’en sortir. »

– La croissance chinoise a aussi des répercussions dans le domaine social. Le travail part en Chine et on nous impose la décroissance….

François Catzeflis :  » Ce problème vient des délocalisations. Des mesures correctives doivent être prises à l’encontre des entreprises concernées.
De notre côté, il vaut mieux choisir de diminuer sa consommation de façon solidaire et citoyenne, plutôt que d’imposer cette décroissance à la génération qui suit. »

Bernard Molina, membre d’ATTAC :  » En Chine, la moitié des importations sont réexportées ; les multinationales délocalisées profitent du système en payant un ouvrier sur un chantier l’équivalent de 3 € par jour. »

– Une part importante de la population chinoise travaille dans le secteur industriel en zone urbaine. Fait-elle entendre des revendications ?

Jean-Jacques Gandini :  » L’urbanisation s’accélère à un rythme fou. Shanghai représente la ville qui croit le plus vite au monde. Venant des campagnes, la main d’œuvre des industries est jeune, peu qualifiée et malléable. Le seul syndicat reconnu en Chine n’a qu’un but : faire prospérer l’usine, alors que la loi du travail n’y est pas appliquée. Les nouveaux arrivants cherchent d’abord à nourrir leur famille.
De notre côté, on essaie de faire pression sur la Charte des Jeux Olympiques, la question des Droits de l’Homme et des prisonniers d’opinion. »

– La société de consommation s’est-elle développée en Chine ?

Frédéric Baldy, membre d’ATTAC :  » De nouvelles élites urbaines se sont formées. Mais le marché reste encore petit dans ce pays, la majorité de la production nationale étant destinée à l’exportation. »

– En pleine période de Noël, les gens se tournent plutôt vers des produits moins chers, « made in China », pour faire leurs cadeaux. Comment les en dissuader ?

François Catzeflis :  » Ca, je ne sais pas faire… »

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