Pic Saint-Loup, 50 ans de saga

Par le 26 janvier 2017

Des années d’efforts et de combats pour obtenir trois lettres : AOC. Sophie Landreau, directrice du syndicat des vignerons du Pic Saint-Loup raconte la saga cinquantenaire de ce grand vin.

En septembre 2016, moins d’un mois après que les parcelles du Pic Saint-Loup aient été durement frappées par la grêle, l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) a émis un avis favorable au classement du terroir Pic Saint-Loup en Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). Cette reconnaissance aura mis plus de 13 ans à aboutir. Sophie Landreau, directrice du syndicat de vignerons raconte.

Comment les vignerons ont accueilli le passage en AOC ?

Tout d’abord, c’est un travail qui se fait depuis 13 ans et repose sur l’historique, le savoir-faire et l’expérience de l’appellation. Avec l’épisode de grêle qui a ravagé les parcelles de vignes durant le mois d’août 2016, la reconnaissance du Pic Saint-Loup en AOC un mois après a particulièrement été symbolique pour les vignerons. Ils l’ont accueilli comme une belle récompense. Cette reconnaissance est à la fois pour les viticulteurs d’aujourd’hui mais aussi pour les anciennes générations qui ont façonné les vignes pour qu’elles existent aujourd’hui. Ce passage en AOC est l’aboutissement d’un travail de 50 ans vers la qualité. Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir des domaines transmis de génération en génération. D’autres sont donnés à de nouveaux venus mais toujours avec une logique de transmission de la part des anciens vignerons. La prochaine étape pour le syndicat est de faire reconnaître également ses vins blancs et d’aller encore plus loin dans la hiérarchisation des vins du Pic Saint-Loup.

Pourquoi le Pic Saint-Loup est une appellation historique ?

Jusqu’en septembre dernier, nous étions une dénomination « AOC Pic Saint-Loup Languedoc » avec le cahier des charges de l’AOC Languedoc. Dans les années 70, les vignerons ont fait le choix de se tourner vers la qualité plutôt que la quantité. Cela a mis du temps car la vigne est quelque chose qui évolue sur le long terme et les cépages mettent du temps à se développer. Ensuite, la hiérarchisation du Pic Saint-Loup dans les vins du Languedoc s’est faite dans les années 80. Une modification très importante du cahier des charges s’est établie durant les années 90. Cela avait pour but d’exprimer les spécificités des vins du Pic Saint-Loup. Nous pouvons dire que la saga du Pic Saint-Loup commence avec cette modification très forte et la volonté d’aller vers une appellation en nom propre. C’est le socle de l’histoire du Pic Saint-Loup.

Sachant que les vins du Pic Saint Loup sont reconnus par les amateurs et jouissent d’une forte notoriété, quel est l’intérêt, pour les vignerons, d’obtenir une reconnaissance en AOC ?

Ce qui nous importe, c’est de se protéger et de protéger le nom du Pic Saint Loup à l’échelle national et internationale. Vis-à-vis de la loi et de la protection des noms, nous étions très limités pour intervenir contre les personnes qui pouvaient utiliser l’appellation frauduleusement. Désormais, nous pourrons intervenir plus facilement et avec plus de légitimité. C’est l’intérêt majeur de la reconnaissance du Pic Saint-Loup. De plus, l’AOC est aussi une garantie pour le consommateur. Les acheteurs savent que derrière l’appellation, il y a un cahier des charges de production contraignant.

Quelles ont été les différentes étapes pour que le Pic Saint-Loup soit reconnu AOC ?

La première chose à savoir est qu’une reconnaissance AOC est très longue. En 2003, le syndicat du vignoble du Pic Saint-Loup a formulé une demande de reconnaissance AOC à l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO). Cette demande détaille toutes les spécificités du terroir et toute son histoire. L’Institut National prend en compte à la fois les caractéristiques géologiques, historiques, humaines et tout ce qui est lié au savoir-faire et à la conduite des vignobles. Lorsque l’INAO a répondu favorablement à la demande, une commission d’expert s’est réunie pour travailler, en premier lieu, sur l’aire géographique de l’appellation. Une fois le périmètre général approuvé, nous avons détaillé, avec des experts mandatés, la délimitation de chaque parcelle. Autrement dit, il y a eu une sélection de toutes les parcelles correspondant aux critères géologiques de l’appellation grâce à de nombreuses analyses de sol…
Aujourd’hui, nous avons encore des délais administratifs car l’appellation est soumise à la signature de plusieurs ministres. Ensuite, le décret paraîtra dans le Journal Officiel qui homologuera le cahier des charges. Nous retrouverons le sigle AOC sur les bouteilles du millésime 2017.

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à propos de l'auteur

Auteur : Clément Duffau

Exercice périlleux de parler de soi lorsque le métier de journaliste consiste à parler des autres. A l’heure ou la société ne semble être à l’abri de rien, ou la défiance envers le journalisme et les journalistes semble s'accroître chaque jour, ou une menace tenace plane au-dessus de la liberté de la presse, ou une concentration médiatique met en péril le pluralisme, ou l’infobésité confond divertissement et information et ou la vérité est sans cesse remise en cause, il semblerait que je sois fou de vouloir devenir journaliste. Et pourtant. C’est dans la quête de chercher à comprendre, d’affronter la vérité et d’exiger de savoir que me vient cette envie prétentieuse.