Quand le législateur s’improvise historien

Par le 11 janvier 2012

La loi sur les génocides a été votée par l’Assemblée nationale le 22 décembre 2011. Ne manque plus que l’approbation du Sénat le 23 janvier. Si elle passe, elle condamne la négation du génocide arménien d’un an de prison et 45 000 euros d’amende. une cinquantaine de députés ont adopté à main levée cette loi. D’autant que cette victoire « pour les droits de l’Homme » sonne comme un coup de tonnerre dans les relations entre la France et la Turquie, malmenées déjà depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Dès le lendemain du vote, l’ambassadeur de Turquie à Paris, Tahsin Burcuoglu a été rappelé à Ankara. La loi aura cependant le mérite d’indisposer un pays à très forte croissance économique avec 7,5%, stratégique diplomatiquement et militairement dans la région. Le fait de voter une loi en France sur une question qui ne concerne pas l’Histoire nationale est problématique. L’Histoire doit rester une source de débat.

Est-ce le devoir du politique de s’immiscer dans l’histoire ? Vouloir se faire le défenseur d’un peuple à des fins électorales est simplement malsain. Encourager la recherche, accéder aux archives serait plus malin. Au lieu de cela, on oppose les peuples turcs et arméniens, la guerre des chiffres fait rage, le bilan humain arménien est de 500 000 selon la Turquie, alors que l’Arménie avance 1,5 millions de morts. Il faudrait pour commencer se mettre d’accord sur cette question.

Un génocide c’est quoi ? Un génocide est l’extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d’un groupe ou d’une partie d’un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales.
Qu’en est-il des indiens d’Amérique exterminés ? Et si le parlement algérien adoptait une loi demain sur les massacres perpétrés par l’armée française ? Te souviens-tu, toi, la France, de ton propre passé colonial? De ton rôle joué dans les pays d’Afrique, du soutien apporté aux dictateurs qui laissaient mourir leur peuple pour te garantir du pétrole et du cacao ? Et avec quelle arrogance tu oses instaurer une loi, oui une loi tout de même, mais qui défend le rôle positif de la colonisation dans les livres scolaires.

Toi, Marianne, symbole de l’égalité, tu devrais appliquer les mêmes règles pour tous. Aucune nation n’est totalement blanche et innocente. La naïveté serait de penser le contraire.
Ou bien au contraire, comme l’affirme Bernard Henri-Lévy, existe-il une « guerre juste » ? Celle qui sert à sauver les peuples de l’oppression et des massacres en perpétrant ces mêmes massacres comme en Libye ?

Les Turcs ont opté pour le terme de guerre tout court. La classe politique et la majorité des turcs reconnaissent des massacres durant la guerre mais réfutent le mot génocide.

Toi, Aznavour, tu as le droit d’exprimer ta « fierté » pour cette loi qui défend l’honneur et la mémoire de ton pays, l’Arménie. Pour tous ces enfants devenus orphelins, ou ces mères veuves. Mais ce n’est pas aux législateurs français d’en découdre, pour donner des leçons, il faut déjà assumer son propre passé.

Créer une loi qui divise au lieu de réunir, n’est pas la solution miracle.

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à propos de l'auteur

Auteur : Ozlem Unal

Un portrait de moi… Dans le métier de journaliste, il faut montrer qu’on a du style. Pour commencer, je vais arrêter de ponctuer mes phrases de virgule, « style » typique de Flaubert, qui était critiqué pour ces phrases simplistes, or parfois les frivolités ne servent qu’à masquer une vérité dérangeante. Aujourd’hui pour se distinguer, il faut « Avoir une plume », sachant que cette métaphore n’est plus valable, un stylo bic, un bloc-note sous le bras, tel est l’équipement du journaliste « des temps modernes ». Je vais tacher au mieux de me décrire, moi, mademoiselle Ozlem Unal, 21 ans, de parents d’origines turc, issus de l’empire ottoman si on va plus loin, née à l’ancienne Gaulle, Lyon. Comme tous les autoportraits classiques, je commence par dévoiler quelques traits de mon physique. Lorsque j’ai tapé « autoportrait » dans Google, on m’explique qu’il faut commencer par se décrire physiquement… Je mesure 1.67 soit 5 cm de plus que la moyenne des femmes françaises, et 13 cm de moins que les mannequins qui défilent dans les podiums et font chavirer le cœur de vous, messieurs. Seulement, Google c’est trop commun, et pour vous séduire je me dois d’être plus originale… Pourtant, il est inéluctable de constater, que l’individualité absolue n’existe pas. Si indépendant que l’on se croit, on est marqué par les idées générales de son époque, ne serait-ce que si on les conteste. Bourdieu, monstre sacré de la sociologie, dans « les Héritiers » démontre le système de reproduction des classes sociales. Si je me base sur ses thèses je finirai le restant de mes jours au restaurant de mes parents, spécialisé dans la cuisine turc, le kebab. J’aime manger du kebab, je suis gourmande, mais je ne veux pas finir « kebabier », encore un mot inventer par les Goncourt ? Non, par moi-même. Regardez, Robert Desnos, grand poète et surréaliste, son père était boucher ! Ou bien André Breton, qui était fils de gendarme. Par ailleurs, j’ai un porte-chance, qu’un moine Tibétain m’a transmit lors de mon voyage en Thaîlande, durant mon semestre en Asie. L’Asie, un continent qui m’a fait rêver, car que serait la vie sans amour et sans rêve. La Chine, « le monde jaune » titrait les journaux du monde entier, qui aurait prédit que l’empire du milieu deviendrait la 2ème puissance mondiale ? Hong-Kong, Shanghai : deux villes planétaires incroyables et riches en technologies, buildings, gratte-ciel, industries, mais pauvre en culture. Mao pensait que la modernité voulait dire se débarrasser du passé, il a donc détruit énormément de monuments lors de « la révolution culturelle ». C’est d’ailleurs une des causes qui explique la fascination des chinois pour l’Europe et Paris, Mt Martre, une de leur place préféré, où ils vont acheter des tableaux qu’ils croient peints par des français, alors que ces mêmes tableaux proviennent de Chine. On appelle cela la Globalisation, la réduction des frontières, au même moment tout le monde a appris la mort de Mickaêl Jackson ! Actuellement en stage au journal le Progrès, j’ai écrits pas mal d’article, et je peux enfin dire que je suis bien placée pour savoir que le style propre des journalistes consiste à avoir peur de répéter. C’est ainsi que nous lisons dans leurs articles des « avouer » après un « dire », qui lui-même succède à un « affirmer »… Il consiste également à s’improviser Balzacien, selon le préjugé que certains mots sont élégants. Balzac s’autoproclamait Historien, car il décrivait les mœurs de la société bourgeoise parisienne or c’était bel et bien un romancier, qui adorait faire des portraits comme lorsqu’une duchesse l’intriguait et passait des heures à arranger sa coiffe. Un jour, mon professeur d’anglais, en rendez-vous avec ma mère, au collège, lui avait dit : « vôtre fille aime la vie ». Tout à fait d’accord Madame Mazoero. J’aime vivre, découvrir de nouveaux paysages, nouveaux endroits, je suis d’humeur joyeuse. A l’opposé, car il faut toujours nuancer nos propos, tradition de nôtre sphère naturelle et médiatique, (le jour/la nuit, le chaud/le froid, Sartre/Camus, Rousseau/Voltaire), je peux devenir très têtu lorsque je pense que j’ai raison, et lorsque je n’arrive plus à argumenter, je secoue ma tête, comme le faisait mon grand-père. Hobbes disait que « l’homme est un animal politique », je préfère la citation de Charles Dantzig : « l’homme est un animal artistique ». Il joue avec les mots, je veux jouer avec les mots et avoir la liberté de mener des combats avec ces mêmes mots afin d’œuvrer pour la vérité. Noble projet.