Rencontre avec Fanny : quand une jeune créatrice fait son défilé.

Par le 13 novembre 2009

On se ballade rue de l’Aiguillerie un samedi soir, puis on aperçoit dans une perspective un tapis rouge et quelques projecteurs. On s’en approche, on entend de la musique, de plus en plus distinctement, et puis on voit un défilé qui se prépare, rue Glaize… Fanny s’active, s’assure que les derniers détails sont réglés, que le photographe et le DJ sont prêts. Les invités et les curieux se rapprochent du tapis rouge ; certains quittent le Bar du Musée où ils étaient jusqu’alors attablés, d’autres, plus privilégiés, restent assis autour des guéridons placés pour l’occasion le long de la rue. Premières loges improvisées. Le défilé peut commencer.

Dehors, une mère attend sa fille, à la sortie du défilé, dont elle a entendu parlé dans une petite annonce : «c’est mon premier défilé […], j’ai déjà posé pour des photos des fois…». Plus loin, devant la vitrine, Léticia attend son amie ; elle, n’en est pas à son premier défilé. Mannequin, c’est son métier, et elle l’a auparavant exercé «en Côte d’Ivoire pendant 6 ans». Le tout donnant un défilé amateur mais réussi, vu le nombre de personnes présentes ce soir.

A l’intérieur, l’atelier de Fanny propose maintenant de vendre les pièces du défilé aux quelques clientes venues pour l’occasion. Pas de prix exorbitant : 200 € environ pour une robe sur mesure, de 50 à 100€ pour les autres articles. Le tout confectionné de A à Z par la créatrice de 26 ans, qui se fait fort de ne fabriquer qu’avec des matières bio (chanvre et coton), et de n’acheter ses tissus qu’à des vendeurs locaux, lorsque cela est possible. « Bio, éthique et chic » : telle est la devise de sa boutique.

Mais, aussi bonne l’idée soit-elle, ce n’est pas tous les jours facile de créer sa propre affaire: 10 à 12 heures par jour, 6 jours sur 7. Voilà un an, le 12 novembre, que sa boutique est ouverte, et elle avoue : «c’est un travail de longue haleine, […] je vais à peine commencer à dégager de véritables bénéfices». Un chiffre d’affaire en effet sérieusement amputé par les charges fixes – taxe foncière, loyer, prêts, assurances, frais fixes – comme par les charges variables – achat de matières textiles, TVA -. Au point de voir les bénéfices nets quasi-nuls depuis l’ouverture.

Quoi qu’il en soit, Fanny se bat et avance pour réaliser son rêve d’enfance. C’est sûr, quand elle va dans une grande surface, et qu’elle y voit les prix de certains vêtements, défiant toute concurrence car provenant de pays où la main d’œuvre est cent fois moins chère, il y a de quoi être découragée : «Quand tu vois des fringues de mauvaise qualité et à des prix ridicules, tu te poses des questions…». Mais la tailleuse se lève quand même tous les matins, assure la vente de ses créations et passe son temps libre à les confectionner.

Aujourd’hui, à l’arrivée des fêtes, Fanny s’organise et prévoit d’engager trois stagiaires pour faire face à la demande. Son entreprise individuelle a même décroché pour cette année un emplacement pour les Hivernales 2009. Et ce n’était pas gagné d’avance ; mais elle a pu rencontrer la bonne personne à la FENMA (Fédération Nationale des Métiers d’Art), alors que tout espoir semblait perdu, après maintes et maintes demandes à la mairie. Bref, quand on veut vraiment…

Franck Michau

[
Retour au Dossier spécial Ecusson : Montpellier by night->http://www.hautcourant.com/Montpellier-Virees-nocturnes-au,870]

Catégorie(s) :

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le !