« Repenser l’université, voire la société »

Par le 9 mai 2008

Jean-Philippe Legois a travaillé sur les événements de mai 68 dans les université de Paris Sorbonne et Nanterre et également à Reims. L’objet de ses recherches, depuis une dizaine d’années, notamment dans le cadre du GERME est de comparer les différentes configurations locales. Il anime également un séminaire à l’IEP Paris sur le thème « Mouvements étudiants et Institutions » et dirige, depuis 3 ans, la Mission CAARME (vers la création, à Reims, d’un Centre d’animation, d’archives et de recherches sur les mouvements étudiants).

Qu’est-ce que Mai 68, une révolte, une révolution ?

La situation est au départ partout la même. Il s’agît d’une révolte qui éclate en solidarité avec des étudiants arrêtés. Puis le processus se radicalise. La radicalisation s’opère dans les formes du mouvement : une majorité des facs seront occupés. Elle s’opère aussi dans les revendications. De l’incident de départ, on se met à reconsidérer le projet universitaire. Finalement, c’est le projet de société tout entier que l’on repense.

Quel sens peut-on donner au fait que le mouvement social parte des étudiants ?

C’est difficile de répondre. En 68, ce sont les étudiants, mais en 1995, le mouvement est parti des cheminots. Il y a différentes modalités de départ des mouvements sociaux. En 68, on peut considérer qu’il y a un bon cocktail de circonstances en faveur des étudiants. Le milieu universitaire était considéré comme petit bourgeois, on ne s’en méfiait pas. Ce qu’il y a de notable, c’est que le mouvement étudiant devient une composante à part entière de la revendication syndicale.

Peut-on dire que c’est la première fois que le milieu étudiant devient un lieu de revendication ?

Oui et non. Les protestations étudiantes sont également importantes lors de la contestation contre la guerre d’Algérie. L’UNEF acquiert alors peu à peu un poids dans la négociation intersyndicale. Jusque là il s’agissait plutôt d’un regroupement associatif.

Les étudiants ont-ils été les principaux bénéficiaires des événements de 68 ?

Les autres fronts ne sont pas en reste : section syndicale d’entreprises, luttes féministes… Il y a eu des avancées importantes dans les universités. Notamment en ce qui concerne la représentation étudiante dans les conseils d’administrations des universités. Cependant, les acquis ne sont pas à la hauteur des revendications.

La révolte de mai 68 a t’elle laissé une sorte d’héritage aux mouvements étudiants ?

Oui et non. En 1986, un slogan disait « 68 c’est vieux, 86, c’est mieux ! ».Lors de mouvements plus récents, à l’occasion du CPE ou de la LRU, on ne constate pas de rejets de 1968, mais on ne trouve pas les mêmes formulations sociales et politiques dans les mouvements. Les formes de mobilisations, elles, s’inspirent largement de 68, notamment dans l’organisation nationale du mouvement sous forme de coordination. Dans chaque mouvement étudiant, derrière la revendication ponctuelle, on voit poindre l’idée de repenser l’université, voire la société.

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à propos de l'auteur

Auteur : Nicolas Chapelle

J'ai 27 ans. Aprés un DUT en Carrières Sociales option Gestion Urbaine, j'ai suivi un cursus de Science Politique à l'université Montpellier 1. J'ai eu l'occasion de faire un stage à l'édition locale du journal La Marseillaise d'Aix en Provence. J'y ai créé et animé une rubrique hebdomadaire sur le thème du logement. J'ai également écrit plusieurs papiers sur l'actualité locale. Cette année, j'ai effectué un stage d'un mois et demi dans le service Documentation-enquête du journal Midi Libre. Je suis particulièrement intéressé par l'actualité Socio-Politique, l'Histoire et l'Art, notamment la Musique et la BD.