Sarkozy s’attaque aux hôpitaux

Par le 22 avril 2008

Le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy a présenté, jeudi 19 avril à Neufchâteau (Vosges), le rapport du sénateur UMP et ancien ministre du Travail Gérard Larcher, qui vise à réformer l’hôpital en regroupant les établissements de santé. Alors même que le déficit des hôpitaux publics est estimé entre 700 et 800 millions d’euros en 2007, ce texte ne comporte pas la moindre annonce budgétaire.

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« Cette réforme trop longtemps différée est une réforme majeure. » Hier à Neufchâteau, le président de la République a insisté sur l’aspect capital de ce vingtième rapport sur la santé en six ans : « Le refus de la réforme conduira à la fermeture des hôpitaux. »
Jean-Olivier Arnaud, directeur général du CHU de Nîmes, partage cet avis et revient sur les trois propositions phare du texte.

Les hôpitaux regroupés comme les communes

Les regroupements d’hôpitaux paraissent inévitables aux yeux de Jean-Olivier Arnaud. Nicolas Sarkozy entend favoriser la mise en réseau d’établissements de santé en créant des communautés hospitalières de territoire. Ces dernières verraient le jour grâce à des aides et des subventions, à hauteur d’une dizaine de milliards d’euros. Pour le directeur nîmois, il s’agit d’une des innovations les plus intéressantes : « Cela va faciliter la mission de service public des hôpitaux. Il y aura ainsi une continuité de la prise en charge du patient, de son domicile jusqu’à son retour chez lui. »2008-04-10T095038Z_01_NOOTR_RTRIDSP_2_OFRTP-FRANCE-HOPITAUX-LARCHER-20080410.jpg

Collaborations accrues avec le secteur privé

Cette mesure s’accompagne d’une porosité accrue entre les secteurs publics et privés. Si ce concept semble novateur, il n’en est rien pour Jean-Olivier Arnaud : « A Nîmes, nous avons déjà passé des conventions avec des établissements privés. Les dirigeants hospitaliers sont convaincus qu’il faut développer de tels partenariats, notamment avec les médecins libéraux. » La maternité privée de Ganges et le CHU de Nîmes travaillent en symbiose, par le biais de la visioconférence. Entre Montpellier et Nîmes, les échanges sont également antérieurs au rapport, d’après le directeur gardois : « Nous collaborons déjà dans plusieurs domaines. Beaucoup de médecins sont passés par les deux hôpitaux, nous sommes aussi liés par la faculté de médecine. »
Cette coopération entre public et privé vise également à endiguer la concentration des établissements de santé à but lucratif. Nicolas Sarkozy craint, en effet, un « risque de monopole des cliniques privées, guidé par des fonds de pensions ». Pour Jean-Olivier Arnaud, cela pourrait engendrer une perte de la qualité des soins.

Le directeur d’hôpital devient le seul patron

Avec le rapport Larcher, le rôle du directeur d’établissement va également être bouleversé. « Les pouvoirs du directeur seront accrus afin que les hôpitaux aient un seul patron et un seul », a affirmé Nicolas Sarkozy. Sur ce point névralgique, Jean-Olivier Arnaud ne se montre pas hostile : « Moi, je compte bien rester un directeur d’hôpital et ne pas devenir un chef d’entreprise. Je suis ancré dans les valeurs du service public. Mais si je peux être un acteur du changement… »
Le directeur du CHU de Nîmes justifie la future évolution de son statut par la nécessité, pour un hôpital, de devenir plus réactif à la mutation de la société : « Les directeurs d’hôpitaux posséderont les clefs des investissements. Nous aurons donc une plus grande liberté de gestion. Nous pourrons investir plus rapidement en s’exonérant de certaines règles du marché public. » Jean-Olivier Arnaud cite en exemple de cette plus grande latitude de décisions l’embauche des médecins : « Actuellement, dans certaines spécialités et zones géographiques, nous avons du mal à recruter. Avec cette mesure, chaque établissement pourra recruter plus facilement, en faisant des choix dans le cadre de sa liberté budgétaire. »
Dès l’annonce du rapport, des voix se sont élevées, exprimant leur inquiétude de voir disparaître les établissements les moins rentables. Mais pour Jean-Olivier Arnaud, « il ne s’agit pas de réformes visant à comprimer. Un établissement avec une bonne activité n’a rien à perdre. » Reste à voir ce qui va advenir des petites structures.

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à propos de l'auteur

Auteur : Matthieu Marot

Limougeaud curieux de naissance, j’entreprends des études de sociologie au sortir d’un Bac S. La fac de Limoges me compte, ainsi parmi ses plus fidèles étudiants jusqu’à l’obtention de la licence. Puis, avide de nouvelles expériences, je décide de m’inscrire en M1 de science politique et migre vers Rennes. Mais, si la Bretagne recèle moult intérêts, le très renommé crachin Breton a vite raison de moi. Mon M1 dans l’escarcelle, je rentre dans ma contrée (le Limousin) où je fais mes premières armes dans le journalisme comme pigiste aux sports pour le Populaire du Centre (fameux journal local). Depuis ma plus tendre enfance, le métier de journaliste me trottait dans la tête. Le journal « L’Equipe » a grandement favorisé mon apprentissage de la lecture et développé mon attrait pour l’information dans son ensemble. Ma première expérience en presse écrite m’oriente définitivement dans cette voie. Durant cette année, je m’essaye également à la radio, mais ma préférence se dirige rapidement vers l’écrit. Désireux d’apprendre les bases théoriques de ce métier, de boucler mon cursus universitaire, j’intègre le M2 journalisme à Montpellier, mettant par la même occasion le cap au sud. Féru aussi bien de politique que des sujets de société ou de sport, j’aspire à travailler en presse écrite sur papier ou sur Internet.