« Une histoire de fou » : le génocide Arménien raconté avec maladresse par Guédiguian

Par le 20 novembre 2015

Le 15 octobre dernier, le réalisateur Robert Guédiguian est venu au Diagonal, cinéma montpelliérain, pour présenter son film en avant-première, Une Histoire de fou.

C’est dans le Berlin de 1921 que tout commence. Soghomon Thelirian assassine Talaat Pacha, désigné alors comme le principal responsable du génocide Arménien. Sa famille ayant été exterminée, il est acquitté lors de son procès où il témoigne du premier génocide du XXe siècle.

Cet événement historique sert de point de départ au cinéaste français d’origine arménienne, Robert Guédiguian. Un devoir de mémoire et un engagement personnel pour le cinéaste. Une volonté de marquer de son empreinte le récit d’une des pires pages de l’histoire. Malgré une intention louable, le film sonne faux.

Son scénario originel laissait présager un projet ambitieux, pédagogique et émotionnel. Ambitieux dans sa manière d’aborder les conséquences du génocide à l’échelle d’une famille marseillaise des années 70. Pédagogique par la nécessité de parler d’un événement historique peu enseigné et pas encore reconnu à l’échelle internationale. Et émotionnel par sa dimension humaine.

Il n’accouche malheureusement que d’une version scolaire, maladroite et ampoulée. Dans la plupart des films de Guédiguian, la mise en scène se distingue rarement par son inventivité. Mais ce qui n’est qu’un simple classicisme dans ses précédents films, pose ici un réel problème. L’absence de souffle romanesque et d’ampleur se font ressentir dans ses images. Il y a comme un manque, pendant plus de deux heures, qui empêche d’être emporté et concerné par l’histoire.

La direction catastrophique des acteurs rend la lecture du film plus difficile et empêche qu’on le prenne au sérieux. À l’exception d’Ariane Ascaride, qu’il a dirigé pendant plus de trente ans, aucun acteur n’est juste dans son interprétation. Grégoire Leprince-Ringuet en tête, est constamment dans la surenchère. Cette justesse de ton fait défaut à cette Histoire de fou, dans laquelle on ne croit réellement jamais et qui manque cruellement de folie.

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à propos de l'auteur

Auteur : Gaëlle Colin

Transmettre, raconter, décrire, se confronter à d'autres modes de vie. Aujourd'hui je sais qu'un métier synthétise ces envies : correspondante à l'étranger. Au fil de ma vie Niortaise, j'ai embarqué pour une licence d'Histoire à Poitiers. Un semestre en Irlande fait tout chavirer : par le voyage, je me découvre une passion pour la géopolitique, la rencontre de l'Autre. Terminé pour le long fleuve tranquille ! Ma motivation bien au sec, je débarque à Montpellier pour y étudier les sciences politiques. Assoiffée par ma curiosité et intenable sur place, je me teste en presse quotidienne régionale et en radio associative. Le local m'apprend la rigueur du métier, la réalité du terrain. Aujourd'hui, je navigue entre le monde professionnel via mon contrat de professionnalisation avec Ouest-France et la formation avec le Master 2 Journalisme à Montpellier. « L'exercice du reportage implique deux choses essentielles : le terrain et la curiosité. Donc, j'ai l'habitude de dire qu'il n'y a ni grand ni petit reportage et que le reportage se trouve n'importe où en bas de chez soi, comme bien loin ». Anne Nivat, grand reporter de guerre.