Wikipédia tisse sa toile humanitaire et transhumaniste

Par le 22 novembre 2015

Invité d’honneur de la Digiworld Summit organisée à Montpellier du 17 au 19 novembre, Jimmy Wales, fondateur de Wikipédia, a dévoilé les évolutions de l’encyclopédie collaborative. Parmi les projets les plus ambitieux, « Wikipédia Zero » et son impact humanitaire ainsi que le développement de l’intelligence artificielle.

«Proposer un savoir dans la langue de l’utilisateur, le tout gratuitement.» Jimmy Wales, créateur de Wikipédia, rappelle le but de l’encyclopédie collaborative lors de la conférence inaugurale du Digiworld Summit. Lucide, le geek américain admet que les transformations technologiques sont «rapides», «permanentes» et en lien avec la démocratisation des smartphones : «L’Iphone a changé l’utilisation d’internet», affirme-t-il. Une évolution que l’encyclopédie gratuite et universelle entend aujourd’hui prendre en compte en endossant un rôle philanthropique.

Wikipedia Zero : comment rapprocher nouvelles technologies et actions humanitaires

Allier le développement du marché des mobiles à des actions humanitaires : c’est le projet nommé « Wikipedia Zero » également présenté par Jimmy Wales. Tout est parti d’une pétition d’élèves du lycée Sinenjongo, du township Joe Slovo Park au Cap, en Afrique du Sud. Le souhait de ces lycéens est l’accès à la connaissance dans un quartier où la situation humanitaire est préoccupante (pauvreté, chômage, sida, drogue, gangs). Pour répondre à leur soif de savoir et d’éducation, Wikipédia a tissé des partenariats avec des opérateurs Internet. Résultat : un accès gratuit et sans abonnement à l’encyclopédie universelle pour les lycéens. «Les populations de ces pays ont des mobiles mais pas les moyens d’avoir Internet. Avec Wikipédia Zero, on donne un accès libre à une encyclopédie pour la première fois», se félicite Jimmy Wales après la projection d’un documentaire regroupant les témoignages des élèves sud-africains.

Malgré son but philanthrope, certains émettent des réserves sur ce projet. C’est le cas du blog Access qui pointe le problème de la neutralité du net et le manque de pragmatisme : «Wikipédia devient la seule source de connaissance disponible rendant les autres données plus chères et retardant l’arrivée d’un véritable Internet accessible à tous.» Reste que Wikipedia Zero semble répondre rapidement à des besoins immédiats et fondamentaux pour les populations isolées et peu considérées de la planète. Ainsi va le monde digital.

L’avènement inévitable de l’intelligence artificielle

Alors que l’astrophysicien britannique Stephen Hawking nous avait déjà mis en garde contre le développement de l’intelligence artificielle, Jimmy Wales a évoqué le sujet en affirmant que «l’humanité devra faire face à l’intelligence artificielle, à ses avantages comme à ses inconvénients». Selon le fondateur de Wikipédia, son développement est impossible à stopper et les bénéfices seront incroyables pour l’être humain.

Mais un ordinateur devenu trop intelligent pour pouvoir être contrôlé par les humains est aussi un risque, comme le montrent efficacement les nombreux blockbusters hollywoodiens sur le sujet (Terminator, Transcendance, Matrix, I-robot). Cette idée rejoint la notion de transhumanisme, évoquée brièvement durant le débat suivant la conférence. Le transhumanisme est un courant de pensée qui voit la technologie comme un moyen d’améliorer les capacités physiques et mentales de l’être humain par la technologie.

Les trans-humanistes estiment que les progrès dans les biotechnologies permettront à l’homme de vaincre la maladie, le handicap, la vieillesse, et même la mort. Quitte à transformer l’homme… en machine.

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à propos de l'auteur

Auteur : Alexandre Turpyn

Après une licence en droit et science politique obtenue à Montpellier, le nord de la Norvège m’a accueilli une année entière en Erasmus. Là-bas, c’est dans la ville de Tromsø, une petite île nichée au milieu d’un fjord, que j’ai réalisé ma première expérience journalistique d’importance en tant que photographe et journaliste langue anglaise pour le magazine Utropia. Dans cet environnement international, la collaboration avec toute l’équipe s’est avérée essentielle pour publier dans les délais des contenus de qualité. C’est donc en couvrant des événements culturels comme des festivals, des concerts ou des expositions artistiques que j’ai appris à rechercher l’information sur le terrain et à informer efficacement pour être lu. J’ai également compris l’importance des photos pour un magazine qui se veut visuellement attractif pour attirer le plus de lecteurs. À présent de retour à Montpellier pour ce M2 Journalisme, j’aspire à d’autres expériences au sein d’entreprises de presse pour continuer à enrichir mon parcours, élargir mes horizons, et découvrir d’autres facettes du métier.