Women on Waves: Une campagne publicitaire qui dérange

Par le 9 février 2012

Une campagne de publicité vantant les mérites de la pilule abortive a fait son apparition sur la Toile. A l’origine de ce projet, une association féministe: Women on Waves

L’association Women on Waves cherchait un moyen de faire passer son message pro-contraception et pro-avortement. En usurpant le nom de la marque Diesel, elle a atteint son but.
L’association a effectivement lancé une campagne de pub intitulée « Diesel for Women« . Les photos ressemblent à s’y méprendre à celles d’un shooting de mode classique. Le logo de la marque y est présent. Seule ombre au tableau, le slogan : « Abortion pills : a gift from God » – « Les pilules abortives: un don de Dieu« .
La campagne incite les femmes à prendre du Misoprostol, une pilule abortive, en cas de grossesse non désirée. Cinq publicités ont ainsi été diffusées. Toutes ont pour thème commun la ville imaginaire de Misopolis, en référence au nom de la pilule.

Le droit à l’avortement pour toutes

Les publicités, bien qu’étranges, semblent d’abord crédibles aux yeux des rédactions de mode puisqu’elles sont diffusées sur le site dieselforwomen.com. Beaucoup croient alors qu’il s’agit de la nouvelle adresse Internet de la marque. Mais les internautes découvrent rapidement que ce site a été créé par la fondatrice de Women on Waves, Rebecca Gomperts.
L’association hollandaise lutte depuis des années pour le droit des femmes à avorter. Elle sillonne les mers à bord d’un bateau afin d’embarquer celles qui souhaitent se faire avorter alors que leur pays le leur interdit. Une fois le bateau en sûreté dans les eaux internationales, les opérations d’avortement peuvent avoir lieu en toute légalité.

Les ouvrières du textile livrées à elles-mêmes

L’association n’a pas choisi d’utiliser la mode, et Diesel en particulier, par hasard.
La quasi-totalité des travailleurs dans l’industrie textile sont des femmes. Elles travaillent dans des pays pauvres et dans lesquels l’avortement est interdit, comme le Sri Lanka ou le Bengladesh. La plupart sont très jeunes (dix-neuf ans en moyenne) et n’ont ni la capacité matérielle, ni la force psychologique pour se défendre contre les abus. Certaines peuvent donc tomber enceintes parce qu’elles n’ont pas les moyens d’acheter des contraceptifs ou parce que leurs maris les forcent à avoir des rapports non protégés.
Diesel a été choisi par Women on Waves parce que, selon le rapport « Captured by Cotton » paru en 2011, la marque italienne de prêt-à-porter fait miroiter à ses ouvrières une grosse somme d’argent après trois ans d’ancienneté. En réalité au bout de ces trois années, elles ne se voient reverser qu’un salaire de misère.

La campagne se conclut ainsi : « Après avoir été exclues, abusées, violées, appauvries et exploitées par l’industrie textile, donnons aux femmes la reconnaissance, la dignité et le droit à un avortement sûr« .

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à propos de l'auteur

Auteur : Laura Diacono

Difficile de savoir exactement à quand remonte mon envie d’être journaliste. J’ai toujours aimé lire et écrire et me suis dit que s’il y avait bien un métier où l’on passait ses journées à ça, c’était le journalisme. Mon goût pour la littérature m’a emmenée tout naturellement à passer un bac L, suivi de deux années en droit. Je me suis ensuite orientée vers une L3 et un M1 en Science-Politique à Montpellier. Il s’agit certes d’une profession en crise qui recrute relativement peu et qui est souvent très critiquée mais mon goût pour l’actualité et notamment mon intérêt pour les questions internationales n’ont cessé de croître au fil des années. D’ailleurs, les différents stages que j’ai pu effectuer, aussi bien en presse écrite qu’à la télévision, ont confirmé mon envie de faire ce métier.