Décryptage
Le personnel de France Télévision est monté au créneau mardi 26 novembre, le jour de l’examen des textes par les députés. Cette grève a causé l’annulation du JT de 13h de France 2 ainsi qu’une manifestation qui rassemblait environ 4.000 personnes selon les organisateurs et 2.000 selon la préfecture de police. Les manifestants sont partis de la Tour Eiffel jusqu’au palais Bourbon, le siège de l‘assemblée nationale, avec pour emblème une poupée vaudou.
La droite veut-elle du mal à l’audiovisuel public ? Pas du tout ! Répondent les députés de la majorité. Selon son géniteur Nicolas Sarkozy, ce projet assurerait la qualité du service public qui « ne peut pas fonctionner selon des critères purement mercantiles« . « C’est une mesure de bon sens et j’y suis très favorable » a affirmé la ministre de la culture Christine Albanel devant les députés en juin dernier.
La réforme de l’audiovisuel public fait l’objet d’un seul projet de loi, qui aborde à la fois la suppression de la publicité, les sources de financements de compensation, le contenu des programmes de la nouvelle télévision publique et la gouvernance de France Télévisions. Mais, on l’aura compris, l’amendement phare de cette loi, est la disparition progressive de la publicité sur l’audiovisuel public français d’ici 2012.
Cependant, pour compenser le manque à gagner des chaines publiques estimé à 450 millions d’euros, le gouvernement a prévu une taxe de 3% sur la publicité diffusée par les chaînes de télévision privées ayant des recettes publicitaires supérieures à 11 millions d’euros. Soit TF1, Canal Plus et M6. Notons que le PDG d’M6 a déclaré sur la 5 que ce chiffre était erroné et que le manque à gagner n’était pas si conséquent que cela.
Suite de la saga, le 19 novembre dernier donc, les députés UMP, réunis en commission, décident de baisser de moitié cette taxe jusqu’à 2012. La raison officielle est la crise économique actuelle. Ces derniers jugent anormal « de demander aux chaines privées de financer le public ». Pendant ce temps là, les députés de la gauche et le personnel de l’audiovisuel public ainsi que certains représentants de l’UMP comme Hervé Mariton (député de la Drôme) continuent à être défavorable à cette réforme en confiant « La pub, c’est rigolo, c’est bon pour le moral et c’est bon pour la consommation ».
Noël Mamère député (vert) de colère a dénoncé le jour de la manifestation, le 26 novembre, « le hold-up de l’Etat contre le service public au profit des copains du Président » en rajoutant « Ce dont Bouygues a rêvé, Sarkozy l’a fait et il va même plus loin ». L’opposition en général crie au scandale et aux machinations et critique un père noël qui serait très généreux avec TF1 notamment. Quant aux figures emblématiques des chaines publiques, elles se font très rares et ne font pas de déclarations publiques concernant ce sujet, sauf Audrey Pulvar, présentatrice du journal national de France 3, qui fait exception et ne cache pas son engagement contre cette loi. La journaliste devrait s’inquiéter davantage puisque des députés UMP ont proposé la semaine dernière, la suppression de son JT qui « ferait doublon avec celui de France 2 ». Coïncidence ?
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