Une belle soirée, une finale décevante
Elle était très attendue. Elle se voulait comme un passage de sceptre entre la nouvelle et l’ancienne génération des poids lourd de la boxe pieds poings. Au finale, cette édition du K-1 World Grand Prix n’a vu que la confirmation d’un grand champion, la domination de l’école hollandaise, la suprématie de la technique sur la puissance, du respect sur la fougue.
L’Hollandais Remy Bonjasky a rayonné de sa classe, de sa maîtrise et de son style aérien, la 15eme édition de l’évènement. Battant d’entrée Jerôme LeBanner contraint à l’abandon à l’entrée du troisième round sur blessure, le flying gentleman ne fit qu’une bouchée du modeste combattant turc Gothan Saki en demi finale. Après une minute de combat dans le second round, le hollandais originaire du Surinam envoie à Saki un high kick surpuissant au niveau du flan. Les côtes vraisemblablement brisées, Saki est dans l’incapacité de reprendre le combat, Bonjasky est en route pour son troisième titre.
Face à lui en finale, se dressait la nouvelle école, un marocain élevé à la sauce hollandaise, qui a dès le début de l’évènement montré tout son talent. Badr Hari rencontrait pour son premier combat de la soirée le triple champion de la compétition, le hollandais Peter Aerts. Le « golden boy » administra une sévère correction à celui qu’il considère lui-même comme son idole, en l’envoyant trois fois au tapis avant que l’arbitre mette fin au calvaire du bûcheron batave dans le second round. En guise de passage de témoin, à la fin de la rencontre, le marocain embrassa le sol devant Aerts, l’image est belle, le flambeau est transmis, respect.
En demi finale, Hari affrontait le combattant du Surinam Eroll Zimmerman. Badr Hari se fera peur à la suite d’un crochet du droit terrible de Zimmerman, qui l’enverra quelques secondes dans les cordes. Bien décidé à ne pas passer à côté d’une finale qui lui était accessible, il remonta en selle et rendit à Zimmerman la pareille dans l’ultime round. Le Surinamien, lui, ne se relèvera pas.
32 ans d’un côté, 23 ans de l’autre, l’envie face à l’expérience, du talent de part et d’autre, la finale se voulait être une des plus ouvertes depuis l’existence du K-1. Elle ne décevra pas… pendant un round. Au début de la seconde reprise, alors que le combat semblait équilibré, que les deux boxeurs se déchiraient avec classe, Badr Hari profite d’une chute de Remy Bonjasky pour lui administrer au sol une droite suivi d’un coup de pied au visage. Consternation dans la Yokohama Arena, suivi de la confusion. Dans un premier temps, l’arbitre de la rencontre ne lui administra qu’un carton jaune. Voyant que le hollandais peinait à reprendre ses esprits, les juges décidèrent de transformer le jaune en rouge signe de disqualification.
Chaos, confusion, une finale amère, terne, bien loin des valeurs de respect et de courage qui régnaient jusqu’alors dans cette soirée.
Le Banner vers la retraite ?
Certains diront que c’est un mauvais remake de 2002, d’autres diront que malgré son mental hors norme, le physique ne suit plus. « Jeronimo » sort une nouvelle fois de cette édition du K-1 par la petite porte. Le « roi sans couronne » a dû une nouvelle fois laisser filé le sceptre pour cause de blessure. Déjà en 2002, en finale face à Ernesto Hoost, une fracture de fatigue au bras gauche dans l’ultime round l’avait privé de la récompense ultime.
Le 6 décembre 2008 en quart de finale face à Remy Bonjasky, une douleur à ce même bras le contraint à l’abandon.
Des inquiétudes avaient déjà éveillés les soupçons à son entrée sur le ring. Toujours affûté, le regard froid, seul un strap couleur chair à son bras pouvait présager le pire. Ce détail n’échappa pas au hollandais volant qui dès le début du match lui administra de nombreux coups à cet endroit. Jusqu’à la rupture. Troisième round, Jérôme Le Banner tente de contrer un violent coup de pied à l’aide de son avant bras. Il secoue son bras, visage marqué par la douleur, le staff médical est dépêché. Un des médecins prend le micro et préconise, pour la santé du boxeur, d’interrompre la rencontre. A l’issue de la conférence de presse, on apprendra que le Havrais souffre en fait d’un surplus d’eau dû à la succession des entraînements intensifs.
A 36 ans, il se peut que ce soit la dernière fois que l’on voyait le français monté sur un ring de K-1.
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