La dernière conférence des Nations Unies sur le climat tenue à Bali (Indonésie) du 3 au 14 décembre 2007 témoigne de l’incapacité des Etats à s’entendre sur des objectifs communs. Malgré l’intérêt croissant des sociétés à l’égard des questions environnementales, Bali restera le théâtre de désaccords et de contradictions. Ce rendez-vous mondial, placé sous le signe de l’urgence climatique, n’aura permis que l’adoption d’une « feuille de route » définissant le chemin à suivre jusqu’à Copenhague en 2009 (date de la prochaine conférence sur le climat), mais ne comprenant aucune donnée chiffrée sur les réductions de CO2. Un « bilan très mitigé » concluait le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à l’issue des négociations. Rappelons que la conférence était censée aboutir sur des accords de réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre dans le cadre du prolongement du protocole de Kyoto qui expire en 2012.
Impasse. Un fébrile accord donc, qui a bien failli ne pas être, faute de concessions. De pénibles et interminables discussions pour tenter de concilier les intérêts, notamment entre les Etats-Unis et l’Union Européenne, puis entre ces derniers et les pays émergents. Le responsable de la convention climat de l’ONU, le Néerlandais Yvo de Boer, a dénoncé l’immobilisme de certains pays comme les Etats-Unis, qui refusent obstinément toute mesure de réduction des émissions polluantes. L’union Européenne n’est toutefois pas un meilleur élève : Stavros Dimas, le commissaire européen à l’environnement, a fait part du manque de flexibilité de l’UE qui demande aux pays en développement de limiter leurs émissions de CO2 en termes absolus. Ces engagements contraignants sont rejetés par l’Inde et la Chine, des pays « émergents » dont le développement effréné devient une source majeure de pollution atmosphérique. Ces deux puissances montantes ont réclamé que l’aide technologique et les transferts de compétences soient facilités pour pouvoir « jouer le jeu ». Les Etats Unis et l’Union Européenne s’y sont opposés… Cette impasse remet en cause la possibilité d’obtenir des engagements significatifs de la part des pays les plus pollueurs à court terme.
Horizon. La « feuille de route de négociations » adoptée au terme de la conférence aura, à défaut d’une percée notoire, persuadé les Etats-Unis de se « rallier au consensus», d’ordinaire réticents à rejoindre tout processus de discussions multilatérales. L’intervention du prix Nobel de la paix Al Gore, icône de la lutte contre le réchauffement climatique, aura certainement influé ce retournement de situation. Juste avant la clôture de la conférence, il dénonçait Washington : « Je vais vous dire une vérité qui dérange : mon propre pays, les Etats-Unis, est le principal responsable de l’obstruction de tout progrès ici, à Bali. Ne les attendez pas pour progresser ! ». Mais la Maison Blanche a d’ores et déjà émis des réserves sur cet accord qui « définit un horizon trop contraignant » pour le pays.
Pourtant, cet horizon est réellement menaçant et les prévisions scientifiques vont dans ce sens. Le rapport n°4 du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, a confirmé l’ampleur des risques d’un développement mondial fondé sur la notion de croissance (« business as usual ») et continuant de brûler le carbone fossile (charbon, pétrole et gaz) sans se soucier des conséquences climatiques. Ce même rapport, rendu public à la mi-novembre à Valence (Espagne) se trouvait sur la table des diplomates des 188 pays présents à la conférence de Bali. Un rapport tellement redoutable qu’il a dû paralyser de peur nos dirigeants face à l’urgence de la situation.