Du vin bio de Qualität pour les Allemands

Par le 22 janvier 2016

Suède, Allemagne, Royaume-Uni… Les Européens aiment le vin bio. Selon une étude publiée en 2015 par SudVinBio, 34,9 % d‘entre eux en consomment. L’occasion pour certains vignerons du Languedoc de partir à la conquête de nouveaux marchés, tel le domaine Costes-Cirgues qui exporte ses vins bio en Allemagne depuis l’été dernier.

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L’univers du vin n’a pas de frontières. A Sommières (Gard), le domaine familial Costes-Cirgues s’est spécialisé dans le vin biologique sans sulfites ajoutés. Dès 2003, la famille Althoff reprend les rênes du domaine, abandonné depuis trente ans. Au départ, seuls Béatrice (la mère) et David (l’un des fils) participent à l’aventure. « Après avoir tout reconstruit nous avons fait notre première récolte en 2006, puis un élevage de deux ans des bouteilles. Nous avons commencé les ventes en 2008 », se souvient David, 32 ans, diplômé d’un BTS viticulture/œnologie.

Aujourd’hui, il gère un terrain de 60 hectares, dont 18 de vignes en production et 13 d’oliviers. C’est grâce à une biodiversité importante que le domaine a pu jusqu’ici se passer d’insecticides : « Entre les champs, les garrigues, les chênes et les oliviers, nous avons su trouver un équilibre naturel qui nous permet de faire du bio », détaille le jeune homme. Le sud de la France leur offre des cépages riches et variés (Syrah, Grenache, Mourvèdre, Merlot, Marsanne, Vermentino) ainsi qu’un climat sec propice au vin bio. « Il y a une demande grandissante pour le bio sans sulfites. Mais c’est aussi plus compliqué pour nous : on doit bien connaitre nos parcelles et vinifier avec beaucoup de rigueur », décrypte David. En 2009, le domaine profite de l’expansion du marché du vin bio et met le cap sur les exportations en Europe : Belgique, Angleterre, Suisse, Hollande, Finlande, Suède… Il s’est plus récemment attaqué à l’Allemagne.

A la conquête du marché allemand

Robin Althoff, le frère de David, est diplômé d’un master en œnologie et d’un DNO (Diplôme National d’œnologie). Il choisit de finir ses études avant de rejoindre l’équipe en 2015. Les deux fils décident, en été, de partir à la conquête du marché allemand. « On a pris la voiture avec Robin pour aller en Allemagne. J’ai fait le nord, mon frère a fait le sud », raconte David sourire aux lèvres. Une initiative courageuse, même s’ils avaient pris contact avec les différents cavistes auparavant.

Opération réussie, puisqu’ils collaborent depuis le mois d’août avec le caviste Rolf Kaspar GmbH. Située à Essen, dans le nord-est du pays, la boutique a ouvert ses portes en 1882. Elle est aujourd’hui dirigée par Thilo Marquass et son associé, qui importent des vins et spiritueux du monde entier pour les redistribuer en Allemagne. « C’est un pays qui est en avance sur la France. Il y a vingt ans, les produits bios étaient déjà présents sur le marché », analyse David Althoff. Si 64,1 % des Allemands apprécient boire du vin, ils sont 31,5 % à privilégier tout particulièrement le vin bio, d’après une étude réalisée par l’association interprofessionnelle SudVinBio en septembre 2015. « Il y a une demande importante en Allemagne pour les vins bio français », souligne Thilo Marquass.

L’attrait des Allemands pour la région et les vins « légers »

-201.jpgToujours selon la même étude, un Allemand sur deux fait attention à l’origine du vin bio. Ainsi, les vins du Languedoc leur plaisent tout particulièrement : « Nous aimons à la fois le travail de ses vignerons et leur bon rapport qualité/prix », lance Thilo Marquass. Un critère important, puisque 51 % des Allemands font attention à ce dernier point. « C’est une caractéristique des vins du Languedoc, ce qui n’est pas le cas des Bordeaux qui proposent une qualité similaire à un prix plus élevé, simplement grâce à l’appellation », compare David Althoff.

Autre point important : les Allemands n’aiment pas les vins trop « forts ». « Le vin bio nous permet de proposer un produit plus léger à nos clients », note le caviste. Le vin bio serait-il donc plus léger que le vin conventionnel ou simple préjugé ? « Cela dépend surtout du climat et de ce qu’on veut faire comme type de vin. Nous avons d’ailleurs des vins bio à 14/15° », tempère le vigneron originaire de Sommières.

D’autres rencontres en perspective

Quoi qu’il en soit, Thilo Marquass et son associé ont été séduits par les vins du domaine Costes-Cirgues. « Leur histoire nous a plu : un nom allemand, qui produit du bon vin et sans sulfites ajoutés… Que demander de plus ! », se réjouit Thilo. D’autant que David et son frère parlent couramment allemand, ce qui facilite la prise de contact… « Quand on achète une bouteille de vin, on achète une histoire », avance David. « Notre rencontre leur permet de mettre un visage sur le vin et de mieux le vendre à leurs clients », ajoute-t-il.

Thilo Marquass, qui a pour habitude de visiter les domaines de ses fournisseurs, a bien l’intention d’en faire de même avec Costes-Cirgues. « Nous allons déjà nous revoir au salon Prowein à Düsseldorf en mars prochain », précise David. « Mais nous allons le faire venir au salon Millésime Bio à Montpellier en 2017, et ce sera l’occasion de lui faire visiter le domaine », espère-t-il. Des « Pröst » (« santé ») en perspective…

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à propos de l'auteur

Auteur : Nejma Brahim

Un quart de siècle. C’est le temps qu’il m'aura fallu pour me réaliser ! Après un BTS Commerce international, je constate que j'accorde bien plus d'importance à l'actualité et à la politique qu'aux échanges de biens et services dans le monde. J'entame donc une première année de master science politique, puis une seconde où je me spécialise en Métiers du journalisme. Me voilà enfin journaliste (inachevée certes, mais en voie de développement). Heureusement, il me reste encore les trois quarts restants pour me consacrer à ce que j’aime le plus dans l'actu : la vie locale (beaucoup) et les inégalités (passionnément). Sinon, j'aime réaliser des interviews, écrire et tweeter (à la folie). @NejmaBrahim