Présent à Montpellier pour présenter son nouveau livre « L’avenir de l’eau », Erik Orsenna a accepté de répondre à quelques questions. Entretien avec un des grands hommes de la littérature française actuelle.
Vous venez à Montpellier présenter votre dernier ouvrage que vous aviez annoncé lors du Congrès mondial pour l’eau qui s’est tenu ici en septembre 2008.
Erik Orsenna : S’il y a bien une ville où je devais me rendre pour présenter ce livre, c’est bien Montpellier. Pour moi, cette ville c’est la capitale de l’eau, c’est ici que j’y ai tout appris. C’était un passage obligé. D’ailleurs plusieurs fois dans l’ouvrage je fais référence à l’Hérault et aux travaux sur l’eau qui sont développés.
Comment vous est venue l’idée de ce livre ?
En fait, il s’agit d’une promenade. Je m’intéresse depuis 30 ans aux matières premières comme le coton, le caoutchouc, le café et même l’acier et je me suis rendu compte que la question de l’eau revenait toujours. Alors j’ai décidé d’entreprendre un tour du monde de l’eau.
C’est-à-dire?
J’ai voyagé pendant deux ans à travers le monde. Aujourd’hui les journaux n’ont plus les moyens de payer de grands reporters comme dans les années 20 ou 30. Moi j’ai eu la chance que mon éditeur adhère au projet. Comme le livre sur le coton avait bien marché, il m’a fait confiance et a financé mon voyage. J’ai ainsi pu parcourir pendant deux années de nombreux pays : Australie, Inde, Egypte, Maroc, Palestine, Chine, Argentine… et j’en passe. Et je me suis également baladé un peu partout en France. Toujours sur la problématique de l’eau.
Et quels constats faites-vous ?
S’ajoutant aux inégalités économiques des populations, j’ai pu constater que certaines vont avoir de plus en plus d’eau (Canada, pays scandinaves) alors que d’autres vont en avoir de moins en moins. Par exemple, dans 30 ans, l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie réunis, compteront 330 millions d’habitants qui devront se partager le Nil. Mais n’oublions pas que dans cette zone, il y a aussi la Palestine, Israël, mais aussi la Somalie… Je crains que l’endroit ne devienne un lieu de tensions et de désordres sans précédent. Et tout cela pour cette denrée inestimable qu’est l’eau.
Vous semblez très engagé en ce qui concerne la protection de la planète. Pourquoi ce thème vous touche-t-il?
Ma formation de base c’est l’économie, et dans ce domaine on a plutôt intérêt à comprendre la planète. Et c’est parce que j’ai fait de l’économie que j’ai été en mesure d’écrire cet ouvrage. Mais attention dans ce livre, ce n’est pas l’homme des dossiers qui parle mais le romancier. Chaque chapitre commence par Il était une fois…l’Australie par exemple. Je raconte une histoire un peu comme le ferait un reporter. Enfant déjà je rêvais de faire ce métier, un peu comme Tintin (rires). A travers ce livre, je suis en quelques sortes un « professeur de planète ». Tout du moins, c’est comme ça que j’aime me voir.
Erik Orsenna, L’avenir de l’eau, Fayard, 2008.
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