Officiellement, Christine Boutin, Ministre du Logement, et Fadela Amara, sa secrétaire d’Etat à la Ville, n’ont pas de problème. Mais la journée de mardi 22 janvier a été l’occasion de constater, une fois encore, la difficulté des deux femmes à se mettre d’accord et à parler d’une seule voix.
A Vaulx-en-Velin, elles ont dévoilé les grandes lignes du plan « Espoir Banlieue ». Prenant la parole en premier, Christine Boutin en a profité pour faire ses propres propositions concernant les banlieues, court-circuitant du coup sa secrétaire d’Etat. Préférant parler d’un « plan égalité des chances », elle a annoncé l’idée de subventionner directement les villes, promis des « moyens supplémentaires dans toutes les communes fragilisées » et a proposé d’aider davantage les associations tout en ajustant les subventions de l’Etat aux résultats obtenus. Pour conclure, la ministre a fait part de sa volonté de passer de « la logique de territoire à celle de personne ».
Dans son discours, Fadela Amara a montré son désaccord, sans en avoir l’air, en affirmant qu’il était « vain d’opposer population et territoire. Les deux sont liés. »
La secrétaire d’Etat a annoncé ne vouloir travailler que sur « deux niveaux de territoires ». « Au premier niveau, les quartiers les plus difficiles, une centaine environ, qui nécessitent réparation et suivi. C’est là qu’il faut concentrer nos moyens », a-t-elle précisé, ajoutant qu’elle « ne voulait plus de territoires perdus pour la République ». A « un second niveau », il s’agirait de « faire de la prévention » pour « les quartiers qui rencontrent des fragilités ».
Mardi, Christine Boutin ne partageait pas ce découpage du territoire. Elle a estimé qu’il fallait « regarder de façon globale. Les problèmes qui se posent aux banlieues se posent à l’ensemble de la population. Les coeurs de villes ne doivent pas être oubliés et je m’occupe aussi de l’exclusion, des SDF ».
Le coeur du projet. Le désenclavement, l’emploi et l’éducation marquent les trois priorités du plan de Fadela Amara.
Côté travail, elle veut rapprocher les quartiers des bassins d’emploi, aider la création de 20 000 entreprises et permettre aux mères, « en valorisant leurs acquis et expérience », de travailler dans la garde d’enfants. Ces mesures devraient permettre de « créer plus de 45 000 emplois en trois ans » dans les banlieues et ainsi de « réduire de 40% le chômage des jeunes ». Interrogée un peu plus tard, sa ministre de tutelle s’est montrée plus prudente avec ces chiffres.
Pour l’éducation, la secrétaire d’Etat désire mettre en place des « banques de stages » dans les collèges et lycées, afin que les élèves soient placés anonymement dans les entreprises, pour éviter la discrimination. Un « suivi personnel » par un « système de tutorat » pourrait être créé dans les établissements scolaires.
Les partis de gauche ont qualifié de « mascarade » le plan banlieue. Claude Bartolone, ancien ministre socialiste de la Ville et député de Seine-Saint-Denis, a, tout de même, apporté son soutien à Fadela Amara mais a ajouté que « dans les quartiers actuellement on ne veut plus de belles paroles, on veut des actions ».
Il faudra attendre l’annonce du président de la République, le 8 février, pour connaître les mesures exactes de cet énième plan banlieue.
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