Faux prétextes et peur de l’étranger : la réalité de la restriction d’accès à l’ Aide Médicale d’Etat .

Par le 4 novembre 2010

Mardi 2 Novembre 2010, L’Assemblée Nationale a adopté la proposition de loi visant à restreindre l’accès à l’Aide Médicale d’Etat (AME). Cette restriction s’appréhende notamment par l’instauration d’un paiement de droit d’entrée de 30 euros par an.

Une décision en accord avec la politique gouvernementale

La décision prise par les députés français s’ancre dans un dispositif du rejet de l’étranger qui sévit depuis plusieurs mois en France. Après la loi Besson sur l’immigration, le débat sur l’identité nationale, c’est au tour de l’AME d’être attaquée et de servir de prétexte.

L’Aide Médicale d’Etat est une aide « réservée » aux étrangers en situation irrégulière qui disposent de moins de 634 euros par mois. Elle permet la prise en charge à 100% des tarifs de sécurité sociale, évite les avances de frais pour les dépenses de soins à l’hôpital ou en médecine libérale. Aujourd’hui, 216 000 personnes bénéficient de l’AME.

L’Assemblée Nationale, dans le cadre du vote de la loi de finance pour 2011, a pris la décision de durcir l’accès à l’Aide Médicale d’Etat en adoptant trois amendements:

-Exclure du remboursement certains traitements, comme les cures thermales, ceux concernant la stérilité…
-Renforcer le contrôle permettant de s’assurer que les bénéficiaires de l’AME vivent bien en France au moment des soins. Pour ce faire les étrangers doivent constituer un dossier justificatif tous les 3 mois au lieu de chaque année.
-Instaurer une contribution forfaitaire de 30 euros par an pour les bénéficiaires adultes.

Une décision injuste et stigmatisante

Interrogé par Le Post, Jean-François Coty, Directeur des missions France de Médecins du Monde, dénonce une « instrumentalisation de la médecine à des fins xénophobes. »

Pour reprendre les mots de Jean-François Coty, « avec cette décision, on joue sur la peur de l’étranger ». En effet, on se rend bien compte que les arguments avancés par l’UMP pour justifier cette décision, ne sont que des faux prétextes.

Alléguant une augmentation des dépenses causée en partie par le financement de l’AME ou encore une différence de traitement entre les sans papiers et les personnes régularisés, les députés ont pourtant voté mardi 2 novembre en faveur de ces mesures injustes et discriminatoires, puisqu’elles visent une fois de plus la frange la plus pauvre de la population. Cette décision est en contradiction avec toutes politiques de santé publique cohérentes.

En effet, elle risque d’entraîner le report voire la renonciation à des soins pour des personnes qui sont déjà dans des situations de grande pauvreté, et qui ont déjà beaucoup de mal à faire face aux nombreuses dépenses du quotidien (loyer, nourriture…).
En rendant payant le droit d’accès à cette aide, les députés ne prennent peut-être pas conscience que la somme de 30 euros représente 5 % de leurs revenus.

Non seulement un droit d’entrée représente un frein aux soins pour les plus pauvres, mais en plus il n’a aucun effet positifs sur les finances publiques. La prise en charge tardive des patients risque de développer chez eux des pathologies graves qui menacent non seulement la vie des patients, mais augmente considérablement le prix des dépenses hospitalières et les risques pandémiques.

Claude Goasguen, député UMP du 14ème arrondissement de Paris, prétend que les étrangers sans papiers sont privilégiés par rapport au reste de la population. Ce qui est faux, puisque les étrangers en situation irrégulière ont, à revenu équivalent, une moins bonne couverture maladie que les assurés français. En effet la Couverture Mutuelle Universelle (CMU), permet à ses 4 millions de bénéficiaires ( français et étrangers en situations régulière) une prise en charge effective des prothèses dentaires et des lunettes, à la différence de l’AME.

Quoi qu’il en soit, Claude Goasguen, ne doit pas avoir la même notion que tout le monde lorsqu’il parle de « privilégiés ».

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