Invictus, la victoire d’une nation arc-en-ciel

Par le 14 janvier 2010

Clint Eastwood signe avec Invictus son trentième film. Il y retrace les moments forts de la Coupe du monde de rugby de 1995 qui a vu triompher une Afrique du Sud profondément divisée.

S’il est une chose que Clint Eastwood sait faire, c’est bien nous prendre par les sentiments. Avec son dernier film, il fait vibrer la corde sensible du spectateur. Des bons sentiments et des larmes, Invictus n’en manque pas. Quoi de plus normal après tout, puisqu’il retrace un moment historique où le pardon et l’union ont su triompher sur le racisme et la haine ? Les questions au cœur du dernier opus d’Eastwood sont effectivement la réconciliation, le pardon et l’unité nationale. « Le passé est le passé. Tournons-nous maintenant vers l’avenir » exhorte Nelson Mandela dans Invictus. Sans oublier les valeurs sportives portées en étendard et si chères au réalisateur de Million Dollar Baby.

Les premières minutes du long-métrage retrace la libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990, après une condamnation à vingt-sept années de prison pour avoir combattu l’apartheid en Afrique du Sud. Puis, référence est faite à sa victoire électorale, quatre ans plus tard, à la suite des premières élections nationales non raciales du pays. Premier président noir sud-africain, il prône la réconciliation nationale. Il s’agit pour lui de « concilier les aspirations des Noirs et les peurs des Blancs« . Alors, pour unifier son pays et rendre à tous leur fierté de Sud-Africain, Mandela mise sur le rugby. Chose qui n’est pas aisée, puisque ce sport et les couleurs des Springboks étaient les symboles du nationalisme afrikaner. Il invite chacun à une réflexion et une tolérance réciproque. Une scène l’illustre particulièrement : les joueurs sont invités par le président à partager un instant avec de jeunes enfants noirs des quartiers pauvres de Johannesburg.

Le film atténue toutefois les réelles conditions raciales et politiques en Afrique du Sud. De même, il présente Nelson Mandela comme le principal artisan de la victoire qui engendra l’union nationale. C’est le symbole du rêve américain : l’individu solitaire qui se réalise lui-même et qui est capable de changer le monde. Faut-il y voir, un an après l’élection du président Barack Obama, des analogies avec l’histoire contemporaine des Etats-Unis ? Celles d’un premier président noir charismatique qui a su rassembler son peuple autour de lui et améliorer l’image de son pays ?

Invictus est un très beau film. Le jeu des acteurs est remarquable. Morgan Freeman, très bien grimé, interprète un Nelson Mandela charismatique et humaniste. Il est accompagné d’un Matt Damon brillant en capitaine de Springboks. Sur le plan visuel, Clint Eastwood a donné à son film une véritable authenticité. Rien n’est laissé au hasard : des couleurs donnant l’illusion d’images d’époque, un style photographique qui rend visible les imperfections des acteurs, et des photographies d’actualités qui pimentent l’œuvre.

Deux images resteront dans l’esprit du spectateur. La première est celle des deux mains jointes, noire et blanche, sur la coupe de la victoire. La seconde : le sourire de Nelson Mandela alors que sa voiture se fraie un chemin à travers une foule métissée en liesse. Celle de son peuple uni dans la joie.

Un film à voir.

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à propos de l'auteur

Auteur : Julie Derache

« Un photographe est un funambule sur le fil du hasard, qui cherche à attraper des étoiles filantes » (Querrec) Diplômée du Master 2 Métiers du journalisme, je suis passionnée à la fois par les lettres, l’écriture et par la photographie. J'aime à reprendre les mots d'Eric Valli : « La photographie est avant tout, pour moi, la rencontre, la découverte, l’apprentissage d’autres mondes. Et le partage. C’est parce que ce métier est avant tout humain qu’il me passionne. » Ces propos résument tout. Mes expériences professionnelles, mes rencontres, mes passions, et surtout pourquoi j’ai choisi d’être à la fois journaliste et photographe. Amoureuse des mots, des livres, des images et des rencontres, j’ai toujours eu à cœur de comprendre le monde et de défendre ce que je crois être des causes justes. Curieuse, j’ai toujours voulu acquérir le plus de connaissances et d’expériences possibles dans divers domaines. Ainsi, mes multiples cheminements, atypiques bien souvent, se sont constamment éloignés des sentiers battus. Jeune, je me suis engagée par le biais d’une action pour la protection de l’environnement soutenue par PPDA, Roger Gicquel, Robert Hossein, entre autres. Grâce à cela, j’ai appris les bases du métier de journaliste, son éthique, et surtout à me dépasser pour aller vers l’autre. Ensuite, mon baccalauréat littéraire en poche, je me suis dirigée naturellement vers des études d’Histoire. Après ma licence, je suis allée voir ce qui se passait ailleurs, au Québec. M’intéressant à l’investigation et voulant m’immerger dans l’histoire du pays qui m’accueillait, j’y ai écrit un essai sur la femme amérindienne chrétienne en Nouvelle France dirigé par Paul André Dubois (Université Laval), explorant ainsi la culture et l’environnement des Premières Nations. A mon retour, je me suis vraiment lancée dans le journalisme. D’abord en intégrant le Master 1 Science Politique et le Master 2 Métiers du Journalisme, puis en faisant des stages dans le monde de la presse comme du photojournalisme. Notamment à l'Agence Vu, au sein de la rédaction locale, de la rédaction Culture/Magazine de Midi Libre et de celle de Polka Magazine où j’ai notamment eu la chance de pouvoir publier une première photographie commandée par Alain Genestar. Au sein du Master, j'ai également rédigé un mémoire intitulé « Au delà des clichés. Des évolutions du photojournalisme et de l'avenir d'une profession » sous la direction d'Edwy Plenel. A ce jour, je le retravaille en vue de le publier. Pour conclure, je pourrai vous dire, en reprenant les mots de Cédric Gerbehaye : « Je fais de la photo parce que j’ai des convictions », en ajoutant que pour moi le journalisme, c'est à la fois les mots et l'image, et que mon objectif est de faire des reportages pour documenter ce dont on ne parle pas, pour rendre compte, pour témoigner en prenant le temps, en analysant, en assumant sa subjectivité.