Jeff Koons abandonne Versailles

Par le 8 janvier 2009

Après 3 mois d’occupation « Jeff Koonsienne », le Château de Versailles retrouve sa solennité habituelle. Le maître de l’art moderne a remballé dimanche dernier ses brics, ses brocs, et autres écrevisses de métal…

Du 11 septembre 2008 (faut-il y voir un signe ?) au 4 janvier 2009, d’étranges créations et créatures ont occupé les Grands Appartements du Château de Versailles. L’artiste américain, qui revendique dans ses créations les représentations d’une Amérique et d’un monde globalisé, a ainsi fait le buzz en fin d’année 2008. Mais au-delà de cette prétendue philosophie, ses œuvres apparaissent totalement dénuées de sens au citoyen lambda.

Son exposition dans le cadre du château Français n’a pas échappé à cette règle. Pourtant, il justifie cette parenthèse française en lui attribuant la possibilité de faire découvrir aux visiteurs un monde à la croisée des chemins, entre classicisme et art moderne : « J’espère que la juxtaposition entre les créations actuelles – dont mon travail est emblématique – et l’architecture et les objets d’art de Versailles créera un échange stimulant pour le visiteur ».
Louis XIV , Salon de Mercure
Malgré ces attentes, l’accueil du public n’est pas forcément au rendez-vous.
Au hasard des couloirs, les visiteurs ne mâchent pas leur mots pour qualifier l’intrusion de l’art moderne dans le temple de la classe à la Française.
Pour Soohyno et Hyuna Krm, deux jeunes mariés Japonais en voyage de noces : «  C’est très surprenant de voir ce genre d’exposition ici, c’est loin d’être ce à quoi nous nous attendions, et nous aurions préféré ne pas y être confronté ». Un peu plus loin, face à une grille sur laquelle sont collées deux tortues gonflable réalisées en aluminium, trois dames y vont de leur critique acerbe : « C’est à chier ! Très kitch, je ne vois vraiment pas où est l’humour là-dedans, à part se foutre de la gueule des gens ».
Dans la galerie des glaces, Aiste Makauskaite, une jeune lituanienne venue passer les fêtes à Paris trouve qu’ « un tel artiste n’a pas sa place dans le Château de Versailles, il lui fait perdre sa classe et son prestige ».

Devant un tel déluge de critique, il est difficile de défendre l’expérience Versaillaise. Pourtant, la symbolique est puissante. Un artiste, aux antipodes de la rigueur et du prestige que représente Versailles, qui ose poser une Lune dans la Galerie des Glaces, on aime ou on aime pas, mais l’art en tant qu’ensemble des moyens réalisés pour produire une création esthétique est bien présent.

A chacun donc, de juger l’exposition dont les photos sont libres d’accès.

Catégorie(s) :

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le !

à propos de l'auteur

Auteur : Germain Cauffopé

Je vois dans le journalisme la tentative d'organisation et de mise en lumière d'une morale collective qui disparaît dangereusement de notre société. Au débat public et à la conscience collective se sont substitués le spectacle et la consommation. Le péril est tel que l'institution même du journalisme est touchée de plein fouet. Vouloir être journaliste c'est pour moi croire en des jours meilleurs, et toujours garder à l'esprit qu'informer, c'est entretenir l'esprit critique.