Panique sous les tropiques. Depuis le 20 janvier, la Guadeloupe vit au rythme des manifestations et des blocages. En gros, c’est la galère. Le Nouvel Obs rappelle les faits : « une grève générale à l’appel de 52 organisations réunies dans un « Comité contre l’exploitation outrancière » (LKP) réclame (…) une baisse du prix des carburants, des produits de première nécessité, des impôts et des taxes, ainsi qu’une hausse du salaire minimum de 200 euros ». Une situation alarmante qui ne l’est pas forcément pour nos dirigeants. De toute façon, la Guadeloupe, c’est loin, il y fait chaud et les fonds marins sont fabuleux, alors il n’y a vraiment pas de raison de grogner. Pourtant, c’est l’escalade du mécontentement, et ce sont de 12 à 18 000 manifestants qui prennent d’assaut Pointe-à-Pitre les 29 et 30 janvier derniers.
Mais ou était Yves Jégo ? En pleine révision de l’intégrale du guide du routard collection DOM TOM ? Qui sait, en tout cas, le secrétaire d’Etat à l’outre mer a tardé à réagir. Pour le Canard Enchainé, la raison est toute autre : « Si Jégo a attendu deux semaines avant de s‘envoler pour Pointe à Pitre, c’est tout simplement parce qu’il voulait rester à Paris jusqu’au 31 janvier, jour de la réunion de son club groupusculaire Nouvelle Société ». Le temps d’enlever sa toge et d’enfiler son bikini, Jégo a tout de même fini par s’envoler le 1er février. Une réaction un peu trop tardive qui a provoqué l’amertume du président. « Il a merdé » a-t-il constaté dans le Canard Enchainé. Et de poursuivre : « Une crise comme celle de la Guadeloupe, si on ne la règle pas dans les 48 heures, on ne peut la régler normalement ».
Mais tout le monde n’a pas la frénésie présidentielle. Moins Speedy Gonzales que Rantanplan, Jégo vit la crise à la cool, sans pour autant être insensible au sort des insulaires. Dans un entretien au Journal du Dimanche, il constate une situation plus qu’alarmante : « Il est normal que l’éloignement ait un impact sur les prix, mais certains prélèvent des marges qui paraissent abusives ». Le secrétaire d’état s’est même engagé « à revenir ici chaque mois pour rendre des comptes aux Guadeloupéens » rapporte la Provence. Quel zèle ! Tu m’étonnes John, la crise aurait été à Saint Pierre et Miquelon, ça n’aurait surement pas été la même…
Guadeloupe en quarantaine: Risques de contagion
Qui n’aurait pas été séduit par une ambiance surement plus caliente que la neige parisienne ? Yves Jégo, à la fraiche et détendu de la valise diplomatique, en a même oublié d’être un sale con. Deuxième reproche de Nicolas Sarkozy recueilli par le Canard Enchainé : « Sur place, Jégo a lâché trop vite. Dans une telle négociation, si on lâche tout tout de suite, c’est la fuite en avant assurée ». En avant, on sait pas. Mais fuite, ça s’est sur il y aura. Rue 89 nous fait ainsi part du départ en urgence d’Yves Jégo : « Dimanche 8, au soir du vingtième jour de grève en Guadeloupe, le ministre de l’Outre-mer a quitté Basse-Terre, pour aller chercher « des solutions à Paris » ».
Surprise dans la population Guadeloupéenne. Mais que leur hospitalité ne soit pas mise en cause, car la raison de cette précipitation était à cherche ailleurs. Pour Bakchich, « François Fillon a la réponse. C’est lui qui a rappelé à l’ordre le secrétaire d’État, jugé trop généreux ». Le Monde indique quant à lui une autre hypothèse : « le gouvernement craint la contagion ». « En donnant satisfaction au collectif (LKP) de syndicats et d’associations de Guadeloupe qui mène la grève générale depuis le 20 janvier, l’Etat sait qu’il s’expose à coup sûr à une revendication similaire en Martinique et en Guyane » a complété Libération.
Un dossier à prendre avec des pincettes donc. Mais pourquoi utiliser des pincettes quand on peut y aller au bulldozer ? Sortant la grosse artillerie, François Fillon a enfin permis le retour dans l’ile de son secretaire d’état. « Yves Jégo est revenu en Guadeloupe dans la nuit de mardi à mercredi, en compagnie de deux médiateurs nommés par le Premier ministre, explique la Tribune. Ces derniers auront pour tâche de trouve un accord salarial entre le patronat et le collectif KLP à l’origine de la grève générale démarrée dans l’île le 20 janvier ». Et pendant ce temps, Yves Jégo retourne à son intégrale du guide du routard ?
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