L’or noir, enjeu stratégique dans la réforme des retraites

Par le 19 octobre 2010

Alors que le gouvernement français continue à s’entêter sur la réforme des retraites, les mouvements de mécontentement se durcissent aux quatre coins de l‘Hexagone. Le pays qui craignait déjà une pénurie d’essence avec la fermeture de ses 12 raffineries a vu sa situation s’aggraver lundi 18 au matin suite au blocage de 4 nouveaux dépôts pétroliers.

La région Languedoc Roussillon n’a pas été épargnée; les dépôts de carburants basés à Frontignan et Port la Nouvelle, ont en effet été le lieu d’un bras de fer entre forces de l’ordre et bloqueurs. Dès quatre heures du matin ce lundi, les chauffeurs routiers, chargés du ravitaillement en carburant dans toute la région, ont été stoppés à l’entrée de l’usine de Frontignan. Pas moins de 300 personnes auraient participé, durant la nuit précédente, à l’élaboration de ces barricades de bois, pneus et autres gravats, empêchant l’accès au site. Impuissants, les 400 routiers (estimation des forces de l’ordre) venus de tout le sud de la France, ont dû prendre leur mal en patience, attendant le démantèlement du blocus par les gendarmes.

Un retour à l’ordre dans le calme


Après une brève intervention sur place du préfet, Claude Baland, c’est sous les ordres de celui-ci que le capitaine Faugère et les 70 membres de l’ escadron 14-6, basé à Perpignan « ont dégagé les trois barricades élevées par les bloqueurs, notamment à l’aide de tractopelles ». A la fin de sa mission, le capitaine s’est lui-même félicité du bon déroulement des opérations et de l‘évacuation dans le calme des bloqueurs, qui ont résisté jusqu’en milieu d’après-midi.

Patients, les chauffeurs routiers n’ont quant à eux obtenu les premières informations sur leur situation qu’en fin d‘après-midi, soit une douzaine d’heures après le début du blocus. « Toute la journée, de nombreux routiers
sont rentrés chez eux sur ordre de leurs supérieurs. Beaucoup comme moi, viennent de loin et envisagent de passer la nuit sur place pour être ravitaillés demain matin à la première heure
» confie un conducteur, parti des Alpes tôt ce matin.
Avec quelques uns de ses collègues, ce dernier a été autorisé à passer la nuit sur le site qui bénéficiait exceptionnellement lundi soir, du soutien des forces de l’ordre, chargées d’empêcher toutes nouvelles tentatives de blocus.

Un choix stratégique


Les réfractaires, menés par les syndicats, la CGT et la CFDT en tête, ont fait le choix stratégique de s’attaquer à la première source en carburant de la région. Ils ont ainsi pu jouer de l’importance de l’usine dans l’approvisionnement des nombreuses stations essences carburant dans le Languedoc Roussillon. Les conséquences ne se sont pas faites attendre. Dès lundi à la mi-journée, de nombreuses stations services montpelliéraines affichaient fermées pour cause de pénurie.
Madame Leclercq, responsable de le station Total, avenue de Pompignane, désespérée par la situation, attendait encore l’arrivée du camion citerne envoyé le matin. « Nous n’avons plus rien, nous sommes obligés de fermer les pompes, seule notre boutique reste ouverte. Et personne ne peut nous renseigner ! C’est par la radio que nous avons pris connaissance du blocus du dépôt de carburants à Frontignan. ». Dépendante de l’usine pétrolière, la station a vu son réapprovisionnent empêché par le blocus accompagné de l‘arrêt immédiat de toutes activités commerciales.

IMG_2847-2.jpgMais si beaucoup de stations montpelliéraines se retrouvent dans la même situation de pénurie, certaines ont plus de chance. Le responsable de la station essence Agip, rue Montels Eglise, se veut pragmatique : « l’état du stock de carburant s’apprécie au jour le jour. En l’état actuel des choses, nous pourrions tenir jusqu’à demain midi. Tout dépend de la livraison ». En effet, contrairement à d’autres, la station Agip ne dépend pas du dépôt de Frontignan mais de celui de Marseille, qui lui, continue de fonctionner. Ne subissant pas la crise de ces voisines , elle profite de leur malchance, doublant ainsi le nombre de ces clients.

Pas de perturbation non plus du côté de l’Aéroport de Fréjorgues dont les stocks permettent de tenir plusieurs mois, que ce soit pour l’approvisionnement des avions en kérosène ou pour son personnel. Mais à l’heure où les ministres appellent au calme et à la confiance, les employés de l’aéroport restent sceptiques concernant l’évolution de la situation. Nul doute, en effet, que « Le risque le plus à craindre est pour le grand public ».

La grêve des employés écourtée


Probablement inspirés par les cheminots et routiers à l’origine du blocus, les employés du dépôt de carburant de Frontignan n’ont pas facilité un retour à la normale. A peine débarrassés des encombrantes barricades, routiers et forces de l’ordre agglutinés à l’entrée de l’usine ont appris la grève soudaine des salariés du terminal, prêts à continuer le mouvement de mécontentement. Ces derniers, qui n’ont pas souhaité communiquer sur l’action en cours, sont restés invisibles, barricadés dans leur « forteresse », bloquant toutes possibilités de chargement de carburants.
Une inquiétude, finalement de courte durée. Ce mardi matin, la quarantaine d’employés grévistes bloquant le chargement de carburant a laché prise. En effet, le dépôt pétrolier a repris très tôt une activité normale, permettant aux routiers de repartir avec le plein de carburant. Le risque de pénurie dans la région semble s’éloigner. Amis automobilistes, n’ayaient plus peur, le vélo peut rester dans le garage.

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