Sale temps pour le gouvernement et la majorité ! Alors que Nicolas Sarkozy arrive à mi-mandat et que l’état de grâce semble s’en être allé, une pléthore de polémiques vient attiser l’atmosphère politique déjà échaudée en cette rentrée, avec pour principale conséquence d’aggraver un peu plus cette « crise des deux ans et demi » que traverse le président de la République.
Qu’il s’agisse de l’affaire Frédéric Mitterrand, ou, plus encore, celle concernant la possible nomination de son fils cadet, Jean Sarkozy, à la tête de l’Epad, chaque polémique qui surgit crée le malaise autour du président qui n’a d’autres choix que de s’expliquer et se justifier. Sur l’affaire Mitterrand d’abord puisque celui-ci est entré au ministère de la culture par la seule volonté de Nicolas Sarkozy et son insatiable appétit pour les « prises de guerre ». Sur l’affaire de l’Epad ensuite, au regard des forts soupçons de népotisme qui entourent la candidature de son fils cadet.
Pourtant, étrangement, nulle voix ne s’élève, au sein de la majorité, pour émettre des doutes sur cette politique, volonté d’un seul homme. Telle une armée de fidèles, avec en première ligne les deux lieutenants, Xavier Bertrand et Frédéric Lefebvre, chacun semble s’employer à écarter les polémiques et à avaliser la politique du président de la République. Silence dans les rangs ! Pourtant, comme l’affirme le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Jean-François Copé, le débat existe au sein du parti présidentiel : « Il est normal et sain que la majorité s’exprime librement. C’est Nicolas Sarkozy lui-même, par son dynamisme et sa franchise, qui nous y incite » confie-t-il au Monde daté du 18 octobre. Il est permis d’en douter. Depuis son arrivée à l’Elysée, le président de la République n’a eu de cesse de faire taire les plus zélés de ses ministres qui auraient osé émettre un regard critique sur son action.
Déjà, en 2007, lors de la venue de Mouammar Kadhafi en France, Rama Yade, alors secrétaire d’Etat aux droits de l’homme avait dû changer de ton après avoir déclaré que le dirigeant Libyen devait comprendre que la France n’était pas « un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds ». Pourtant dans son rôle, Rama Yade s’était vue contrainte de faire machine arrière en déclarant qu’elle ne trouvait plus « indécente » la visite de Mouammar Kadhafi. Désormais rétrogradée aux sports, après avoir refusé d’être candidate aux élections européennes, elle est encore aujourd’hui la seule, au sein de la majorité, à émettre publiquement des critiques sur la possible nomination de Jean Sarkozy. Las ! Une nouvelle fois, la seule voix discordante du gouvernement doit se rétracter et démentir ses propos criant à « l’instrumentalisation »…
Sur le fond, l’exemple de Rama Yade pose la question de la liberté de parole au sein du gouvernement et de la nature de l’unité affichée par l’ensemble des parlementaires UMP. Si ces derniers peuvent ironiser à bon compte sur un Parti socialiste qui continue de donner l’image d’un parti en miettes, incapable de se rassembler autour de sa première secrétaire, il n’est pas sûr que l’unité de façade qu’ils affichent fasse davantage honneur à la démocratie du pays. C’est là un des mérites du Parti Socialiste, celui d’oser le débat et d’afficher publiquement (sans doute trop souvent) les désaccords et les querelles qui existent en son sein, au risque d’apparaître comme un parti en pleine zizanie interne. Ainsi apparaît, jusqu’à la caricature deux modèles bien distincts : un Parti socialiste trop querelleur, se divisant sur à peu près tout, et un parti de la majorité pusillanime, docile, retranché coûte que coûte derrière son « patron ». Il serait bon, pour la vitalité de la démocratie de ce pays, que cessent ces « réflexes de cour » néfastes au débat démocratique.