Ce vigneron n’a rien de conventionnel. Depuis sa conversion en bio débutée il y a trois ans sur son domaine de Lunel-Viel, à 30 minutes de Montpellier, Thibaud Vermillard passe par le Wwoofing.
Le Wwoofing ? Ordinairement l’apanage des exploitations agricoles de type verger, jardin, potager ou élevage, le WWOOF – de l’anglais World-Wide Opportnunities on Organic Farms – est un concept de voyage alternatif qui fait fureur.
Des particuliers se proposent d’accueillir des wwoofeurs pour partager leurs connaissances et savoir-faire dans leur domaine d’activité. En échange de ce coup de main non-rémunéré, les bénévoles se voient offrir le gîte et le couvert, en immersion dans le mode de vie de leurs hôtes.
Une méthode « économique et humaine » selon Thibaud Vermillard, pourtant peu employée dans le monde viticole, que le néo-converti utilise pour répondre, à moindre frais, au plus grand besoin de main-d’oeuvre que nécessite l’agriculture sans pesticide. Et ça marche du tonnerre.
Un échange de bons procédés
Pour Thibaud Vermillard, l’idée de s’y adonner lui a été soufflée par l’un de ses proches en 2014. Bien que le concept lui était jusqu’alors inconnu, le trentenaire l’a expérimenté dès l’année de sa conversion, en 2015, via WWOOF France, un organisme mettant en relation les volontaires avec plus de 1200 fermes biologiques dans l’Hexagone.
Et depuis, pour chaque vendange, il recrute ces petites mains qui lui sont si indispensables : « Pour faire simple, en agriculture conventionnelle, il suffit de répandre du pesticide sur les cultures pour éliminer les mauvaises herbes. En agriculture bio, on les arrache à la force de ses bras ! » Pour ses huit hectares de production, dont une première moitié sera certifiée bio cette année, il en faut donc de l’huile de coude.
Attentifs, fiables et efficaces
Souvent sans expérience et, de fait, moins rapides, les wwoofeurs sont néanmoins « plus attentifs et très fiables », assure Thibaud Vermillard. Sa règle d’or : ne leur attribuer que des tâches non-dangereuses ne nécessitant aucune compétence particulière. Et à l’entendre, « la qualité de leur travail est même meilleure que celle d’ouvriers qualifiés ».
Mais le jeune vigneron le certifie, le Wwoofing n’est pas qu’une astuce pour tirer un bénéfice uniquement pécunier. L’aspect relationnel est, selon lui, indissociable.
« J’ai eu de tout ! Des Neo-zélandais, Australiens, Japonais, Chinois, Scandinaves, Canadiens, Allemands… mais aussi des Français, voire des gens du coin. » Le trentenaire s’épanche sur ses wwoofeurs dont aucun n’échappe à ses souvenirs. De belles histoires, il en a à raconter. « J’ai gardé contact avec beaucoup d’entre eux… et certains m’ont recommandé auprès de leurs proches pour les vendanges suivantes ! Une année, j’ai accueilli la soeur d’une ancienne wwoofeuse allemande dont le grand-père, qui vit en Espagne, est venu un jour m’apporter des oranges ! L’été dernier, j’ai également accueilli Lucas, le frère d’un ancien wwoofeur australien. J’en ai même qui reviennent chaque année. C’est notre noyau dur ! » Et la barrière de la langue ? « Via l’anglais, on se comprend toujours. »
« On forme une communauté »
Si les wwoofeurs qu’il reçoit sont majoritairement jeunes – des femmes pour les deux-tiers – le plus souvent en quête d’une expérience à l’étranger à moindre frais, il a déjà eu d’agréables surprises : « Cet été, j’ai eu mon doyen ! Un Canadien de 55 ans pour qui le Wwoofing représentait une sorte de voyage initiatique, suite à une remise en question professionnelle ». Et parfois, des surprises moins agréables : « Une année, il y en a un que j’ai carrément dû mettre à la porte pour des problèmes de comportement… Mais c’est bien la seule fois ! En trois ans, je n’ai eu que deux mauvaises expériences. »
Et l’hôte veille systématiquement à l’épanouissement de ses wwoofeurs : « J’en prends toujours deux ou trois par vendange, de sorte à créer une dynamique de groupe, une cohésion. Je m’assure qu’il y ait de bonnes relations sur le terrain comme à la maison. Avec ma compagne, on s’occupe également d’eux en-dehors des heures de travail. En les emmenant le weekend à la plage par exemple. Ou à des festivals locaux. Et parfois, ils nous payent des bières ! On forme une communauté ». Et ces étés en communauté, il les savoure : « Ça nous booste d’avoir des gens à gérer ponctuellement au cours de l’année ».
Pour cet été, « on a déjà notre équipe ! s’enthousiasme-t-il. Deux Allemandes, qui ont participé aux trois dernières vendanges, et un Écossais. » Thibaud Vermillard est définitivement un converti. Au bio… et au Wwoofing !
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