Les Français ont soif de vin bio !

Par le 22 janvier 2015

Plébiscité par les clients, le vin bio s’immisce peu à peu sur les tables, gagnant des parts de marché sur le secteur conventionnel. Selon une enquête consommateur menée en 2013 par l’institut de sondage ISPOS et Logica Business Consulting, un français sur trois consomme régulièrement du vin bio, et dépense en moyenne 10,60 € pour l’achat d’une bouteille de vin labellisée. En 2013, le chiffre d’affaires des vins bio en France s’élève à 503 millions d’euros en progression de 22 % par rapport à 2012. Pourquoi un tel engouement ? Enquête auprès de cavistes toulousains.

Eric Custas, Au temps des Vendanges – quartier Saint-Cyprien à Toulouse
  • Qu’est-ce qui pousse les consommateurs à se tourner vers le bio ?

Unanimes, les cavistes remarquent le souhait de plus en plus généralisé des acheteurs de s’alimenter plus sainement. Y compris en buvant du vin biologique. Selon eux, les clients considèrent les vins bio comme plus digestes, plus sains, bien travaillés. Certes, tous voient dans cette hausse des ventes un « effet de mode » mais, précisent-ils, ils n’occultent pas les réelles convictions sous-jacentes. Les consommateurs sont en effet toujours plus soucieux du respect de l’environnement et sensibles aux thèses du développement durable. Eric Custas, Au temps des Vendanges – quartier Saint-Cyprien à Toulouse
Le truculent caviste Eric Cuestas, aux faux airs de Didier Bourdon, y voit aussi une cohérence entre l’acte d’achat et la philosophie des consommateurs. Convaincus par la qualité des produits, « ils viennent plus pour le fond que pour la forme ». Même si aujourd’hui les pratiques viticoles ont mis la pédale douce sur l’utilisation de produits chimiques, le bio garde une longueur d’avance.
Autre argument revenant systématiquement aux oreilles des cavistes, le vin bio n’engendrerait pas le sempiternel « mal de tête ». Les sulfites présents en moindre quantité (cf. infographie) seraient ainsi mieux assimilés. Les vins bon marché, à haute teneur en soufre pour préserver des raisins abîmés, ne tiennent pas la comparaison face au bio de meilleure qualité. Néanmoins, la cave « Vin sur vingt », située dans le quartier Guilhemery, fait remarquer que toute consommation excessive, de vin bio ou pas, mène invariablement à la nidification d’un « pivert dans le crâne ».
La teneur en soufre des différentes gammes de vin

  • Et le goût dans tout ça ?

Les jeunes cavistes de l'enseigne Lacrima Vini : Margaux Menet et François-Xavier d’Arras « Quand on a goûté au bio, on a du mal à revenir au conventionnel », selon la cave Lacrima Vini du quartier Saint-Cyprien de Toulouse. Et son confrère Eric Cuestas d’ajouter : « Nous sommes convaincus que le goût du vin vrai, bon et beau naît d’une viticulture pérenne et responsable. ». Les consommateurs recherchent le vin bio pour une qualité de produit et pour un goût particulier. Certains cavistes, tel l’Envie du Sud situé dans le quartier des Carmes, ont fait le choix de proposer un panel de vin quasi-exclusivement bio guidé par leur goût, souhaitant initier et faire partager cette nouvelle tendance. Les cavistes se vivent en éducateurs gustatifs auprès des clients qui ne sont, de prime abord, pas habitués à ces saveurs du terroir. Selon eux, le goût du vin bio est moins « boisé », moins lisse, mois aseptisé que le vin conventionnel. Les amateurs de vin viendraient donc retrouver une « authenticité de terroir et un goût minéral » jusqu’alors négligé.
Les vins natures sous label bio, qui représentent le summum en matière biologique (intervention de l’homme limitée au maximum : pas de soufre, pas de traitements chimiques des sols, peu d’opérations en cave) sont particulièrement emblématiques de cette authenticité recherchée.. Ils nécessitent au préalable une initiation avant d’être dégustés par les acheteurs. Ces vins ont effectivement du « nez et peuvent être clivants » explique François-Xavier d’Arras de Lacrima Vini. Digestes mais très fragiles, ils sont en effet connus pour leurs odeurs naturelles « d’écurie, de foin, et de cheval » selon la cave l’Univers du Vin installé dans le secteur Bonnefoy à Toulouse. Ses détracteurs lui reprochent son instabilité et son irrégularité donnant parfois un « goût perlé » selon un franchisé Nicolas. « Mieux vaut un vin sentant un peu la vache qu’un vin aseptisé où tout le processus est trop maîtrisé » renchérit le caviste François-Xavier d’Arras.

Au-delà de la curiosité des premières dégustations, les vins bio séduisent puis fidélisent une clientèle essentiellement par leurs qualités gustatives. Les initiés parviennent petit à petit à s’approprier un terroir et à reconnaître les sols. Une fois captés, ils ne jurent plus que par le bio.

  • Quel profil type pour l’acheteur de vin bio ?

Difficile de définir un archétype. Dans l’ensemble, les cavistes toulousains affirment que leur public est varié et cosmopolite. Mais au terme de cette enquête empirique, il ressort que le consommateur se situerait plutôt entre 25 et 45 ans. Seule certitude, l’acheteur bio aime s’informer et chiner à la recherche du vin idéal sur Internet comme chez les cavistes. Par leur implantation au centre-ville ou dans les quartiers plutôt bourgeois, les cavistes proposant du vin bio ont une clientèle majoritairement composée de CSP+ : cadres d’Airbus, avocats, notaires, professions intellectuelles sont bien représentés. Les étudiants du centre-ville (essentiellement la faculté de droit) forment l’autre contingent des acheteurs bio.

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à propos de l'auteur

Auteur : Benoît ROUZAUD

Issu d’un cursus en économie et droit public (master I - Toulouse I), diplômé en science politique « Forêt et développement durable »(master II - Bordeaux IV), ayant effectué une brève carrière de fonctionnaire territorial, j’entreprends à 28 ans une reconversion dans le journalisme. Soudainement ? Pas tout à fait, de culture éclectique et curieux de nature, j’ai été biberonné aux aventures de Tintin reporter, bercé par les reportages radiophoniques de France Inter, avant de devenir un lecteur assidu de Nicolas Bouvier, Sylvain Tesson ou Ernest Hemingway. La genèse de ma fibre journalistique tient aux faits que j’ai toujours aimé écrire, rédiger, diffuser et partager de l’information, débattre et commenter l’actualité avec mon entourage. Passionné de voyages et féru d’athlétisme (coureur de fond obstiné), ces disciplines m’ont enrichi et enseigné des valeurs de patience et de persévérance propres à la recherche d’informations. Les genres journalistiques que j’affectionne particulièrement sont les reportages relatifs à l’actualité internationales (zone eurasienne, Afrique), les portraits de personnalités, mais également l’information sportive, les carnets de voyages, et les critiques de cinéma