Le titre du documentaire qui lui est consacré lui va si bien. Mimi, à fond la vie. De son vrai nom Murielle Manuel, Laure Pradal n’en raconte que son courage. Une énergie débordante qui ne manque pas d’humour. « Vous n’imaginez pas, elle est costaud. C’est un sacré personnage ! », confie la cinéaste. Mimi sourit. « J’ai des coups de blues comme tout le monde mais pas face caméra. »
Et la maladie ? « On s’habitue, je suis née avec. Alors quand j’ai une bronchite, j’ai l’impression que je vais mourir mais en fait non ! », rigole la jeune femme. Atteinte d’arthrogryphose de type 2, ses articulations sont touchées et sa mobilité réduite. À la naissance, les médecins ne lui donnaient que quelques jours à vivre mais aujourd’hui, Mimi a 30 ans. Des projets plein la tête. « Trouver un travail surtout, explique cette dernière. Dans un domaine que j’aime, près de chez moi, à Ajaccio. » Puis, continuer la le dessin, l’écriture, et la chanson « même si [sa] voix est horrible sans celle du chanteur ». « C’est un super DJ aussi », ajoute la réalisatrice, enthousiaste. Mimi est toujours en action malgré la maladie et ses obstacles.
Étoile depuis 16 ans
C’est à l’âge de 12 ans que Mimi a croisé l’heureuse route de la cinéaste. « Laure devait filmer un autre jeune handicapé (pour le documentaire L’hôtel de la plage) et je me suis imposée », se souvient la star de sa propre histoire. Avec la gouaille que ses amis lui connaissent. Puis tout s’est enchaîné. Deux documentaires pour la fameuse émission « Strip-Tease », trois autres pour France 3 et ce nouveau film. « Je devrais plutôt la remercier de m’avoir fait confiance et de m’avoir suivie. » Une aventure qui a duré 16 ans !
Il faut dire que jusqu’à ses 29 ans, la jeune femme attendait impatiemment le retour de ceux qu’elle aime appeler ses « paparazzis ». « Ils ont vu mon évolution, du centre d’hébergement à mon appartement », explique Mimi. C’est une nouvelle famille qui s’est construite. Entourée, médiatisée, Murielle s’amuse. Celle qui rêvait d’être actrice rejoue les scènes « comme pour le vrai cinéma », rigole avec l’équipe de tournage et ne se plaint presque jamais. Elle espère seulement. « J’aimerais que les choses avancent sur le handicap. Dans la recherche de travail, il n’y a pas de financement et les postes ne sont pas forcément adaptés », pointe du doigt l’héroïne. Un constat que dénonce aussi la réalisatrice. « La France est en retard sur ces questions là. À croire qu’il faudrait attendre qu’un de nos présidents soit infirme pour que ça évolue », déplore Laure Pradal.
Mimi finit son café. Prête à enchaîner les festivals. Avec cette joie de vivre communicative.
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