Polémique autour de l’ANAEM

Par le 1 mars 2008

L’Agence Nationale de l’Accueil des Etrangers et des Migrations (ANAEM) est, depuis quelques mois déjà, au centre d’une polémique grandissante. La grogne se ressent en particulier au sein de la population des Roms installés en France. En effet la politique d’aide au retour pratiquée par l’ANAEM est l’objet de toutes les controverses. Différents arguments sont avancés de toute part, de sorte qu’il est difficile de comprendre réellement la situation actuelle. L’ANAEM et les collectifs de Roms sont en total désaccord sur les objectifs poursuivis. État des lieux du débat ambiant.

D’un côté, l’ANAEM, qui a pour rôle d’organiser les aides au retour des étrangers dans leur pays d’origine. Tous les pays sont concernés par ces programmes d’aide au retour volontaire ou bien humanitaire. Le retour humanitaire est adapté aux personnes en situation irrégulière ou en situation de dénuement dont la situation en France est critique. Il permet la prise en charge des frais de voyage et l’attribution d’une aide financière de 153 euros par adulte et 46 euros par enfant.
Pour cette agence publique, les aides proposés au Roms ne leur sont pas imposés. Il ne s’agit pas de les contraindre à rentrer en Roumanie ou en Bulgarie. Le but est au contraire de les sortir de la situation d’urgence dans laquelle ils se trouvent en France.
Les préfectures concernées partagent le même avis que l’ANAEM. La misère de toute forme, qui selon elles envahissent l’ensemble des camps, les pousse à proposer aux Roms ces solutions de dernier recours. En aucun cas, ils sont forcés à accepter ce retour.

De l’autre coté, les Roms et leurs collectifs. Ils sont citoyens européens depuis l’entrée de la Roumanie dans l’Union Européenne, et ne peuvent donc pas bénéficier en tant que tels de l’aide au retour classique accordée aux immigrants africains par exemple. En conséquence et à condition notamment que leur situation pose de gros problèmes sanitaires, ils peuvent bénéficier de l’aide au retour humanitaire. Ces difficultés apparaissent régulièrement dans la plupart des camps en France.
Ils reprochent à l’agence de les forcer à accepter ces retours dans leur pays d’origine. Les pressions policières, les explications en français auxquelles ils ne comprennent souvent rien, les menaces d’expulsion les font souvent craquer. Les Roms, dans des situations misérables la plupart du temps, se laissent manipuler à cause des compensations financières prévues dans le programme. L’association La voix des Roms explique que « les Roms sont attirés par les perspectives de projet économique qu’ils pourront monter sur place s’ils rentrent ». En effet 3 660 euros sont donnés par l’ANAEM dans le cadre d’une aide à la réinsertion. Mais en réalité, arrivés en Roumanie, les collectifs soutiennent que rien n’est fait et que les Roms ne voient jamais leur projet aboutir.
Selon Yves Douchain, membre du collectif Romeurope, ces aides au retour volontaire sont « à relier avec la politique du chiffre ». Selon lui il s’agit de « dégager les gens » et de permettre ainsi au préfet d’augmenter ses quotas du nombre d’expulsions. Les préfectures se défendent en soutenant que ces retours ne comptent pas dans leurs bilans.

Au centre de ces arguments, il y a l’opinion publique française. Embarrassée par ces retours musclés en Roumanie, la population pointe quand même les Roms qui « prennent les sous proposés pour le retour et reviennent directement après ». Les Roms ne dérangent pas, tant qu’ils ne sont pas sur leur commune. Le débat reste donc ouvert, mais, les Roms ne semblent pas combattre à armes égales.

Catégorie(s) :

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le !

à propos de l'auteur

Auteur : Sophie Morin-Feyssac

journalisme