16h, devant la majestueuse cathédrale gothique. Les derniers arrivés se pressent sous un vent glacial avant de prendre place dans l’édifice. A l’intérieur, le public est assez âgé malgré la présence de quelques familles avec de jeunes enfants. Déjà assis depuis bien longtemps, Maurice, 82 ans, s’impatiente : « j’ai hâte que ce concert commence ! ». Et d’ajouter. « Il est important de perpétrer les traditions catholiques ». « Traditions chrétiennes ! » corrige Josiane, 72 ans, venue avec une amie, avant de confier : « nous sommes protestantes ». Le père Michel Plagniol, archiprêtre de la cathédrale met tout le monde d’accord : « cet évènement s’adresse à tous, c’est un lien culturel ».
16h15, le concert débute. Une douzaine d’enfants, vêtus de blanc, entonnent en chœur le « Noêl de Bresse ». Ils ne chantent pas toujours justes, ni ensembles, mais peu importe la magie s’opère. Une dizaine de minutes plus tard ils sont remplacés par leurs ainés : 90 choristes, hommes et femmes d’âges variés. Ils alternent entre chants populaires et plus religieux en français allemand ou occitan. Leurs voix résonnent harmonieusement avec le son de l’orgue. Entre chaque morceau, Jean-Michel Balester, le chef des chœurs, prend le temps de présenter le chant à venir et explicite son choix.
17h, entracte. L’adjoint à la culture de la ville de Montpellier, Philippe Saurel témoigne. Il est venu en simple qualité d’invité de sa paroisse qui l’a baptisé. Selon lui, il y aurait 60% de catholiques à Montpellier à l’image de la France, « vieux pays chrétien ». Il précise ensuite que « cette manifestation culturelle est une façon pour les catholiques de célébrer noël une semaine avant ».
17h15, reprise. Au cours de cette deuxième partie, au côté des chœurs, la soliste Soprano Ulrike Van Cotthem impressionne par sa performance vocale qui réchauffe en partie les spectateurs. Pour le final, les enfants sont de retour sur scène pour s’unir aux autres. Quelques chants classiques comme « douce nuit » sont repris par le public.
18h15, le concert se termine sur une note d’humour du chef des chœurs. Il lance un appel à candidatures pour participer à la chorale hebdomadaire du jeudi soir avant de proposer une audition générale appelant ainsi les quelques 400 spectateurs à reprendre le classique « Il est né le divin enfant ».
Après sa performance, Michel Balester revient sur ce « moment de partage ensemble dans la joie de noël ». Il souligne « l’importance de renouer avec les traditions du Languedoc, de Montpellier, de cette cathédrale », un « terroir musical » à défendre. Avant d’insister sur « le côté traditionnel, essence même de la fête de noël qui est là depuis la nuit des temps, évocation de la naissance de l’enfant Jésus, elle est aussi chargée de toutes ses traditions qui nous amènent à nous retrouver en famille, à faire attention à l’autre ». Ces paroles pieuses peuvent paraître un tantinet angéliques. Mais au-delà des croyances, et outre l’aspect commercial, pour beaucoup, noël reste une fête populaire et familiale basée sur le partage.
« Pour moi, le 14 juillet est une fête nationale populaire et Noël, une fête avant tout religieuse »
Trois questions à Marie, 21 ans, déléguée régionale de la section montpelliéraine de l’association des Chrétiens des Grandes Ecoles. Cette étudiante à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier accepte de témoigner, sans complexe, le sourire aux lèvres.
Quel est votre programme pour Noël ?
Marie : Une première fête en famille avec mes grands-parents maternels le 24 au soir, suivie de la messe de minuit. Le lendemain midi, nouveau repas avec mes autres grands parents. Au menu la traditionnelle dinde au marron qui peut varier en fonction des régimes et pour le dessert bûches pour tout le monde !
Selon vous, où se situe noël entre fête populaire et tradition religieuse ?
M. : Tout d’abord, cette fête représente la Nativité, elle est avant tout religieuse mais il y a aussi une grande dimension familiale. Pour moi, le 14 juillet est une fête nationale populaire et Noël, une fête avant tout religieuse.
Quelle place occupent les croyances en cette période de surconsommation tempérée par la crise ?
M. : Je pense que la crise entraîne une remise en cause de la société de consommation, ce qui va amener chacun à se poser la question des priorités de sa vie. Cela ne signifie pas forcément se tourner vers la religion catholique mais plutôt vers le bon sens et les valeurs du catholicisme.
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