Depuis la prise de commande de l’équipe par Marcelo Bielsa et la redistribution des rôles qui va avec, il s’était résigné à vouloir devenir l’un des meilleurs joueurs français de padel, un sport de raquette proche du tennis, la notoriété en moins. Si pour certains, l’arrivée d’un nouvel entraîneur sonne comme l’occasion de retrouver une place de titulaire au sein d’un système nouveau, elle est aussi pour d’autres synonyme de mise au placard. Benoît Cheyrou, lui, appartenait depuis août à la deuxième catégorie. Après huit saisons à défendre sa place au sein du onze titulaire olympien, l’ancien Auxerrois, du haut de ses 33 ans, semblait avoir déposé les armes en acceptant sa situation et son statut de joueur libre de partir. À l’inverse des années précédentes, le milieu axial, dont le salaire approchait tout de même les 2,5 millions d’euros annuels, se complaisait même dans celle-ci.
Benoît VII
Aucune déclaration dans les médias semblable à celle de la reprise de la saison en 2008, lorsque le Lion de Rekem, Éric Gerets, entraîneur de l’Olympique de Marseille à l’époque, avait jugé la condition du cadet des frères Cheyrou trop juste pour qu’il puisse prétendre à une place de titulaire. Le numéro 7 olympien avait lui assuré qu’il se sentait « bien, apte à jouer » suite à une rencontre face à Rennes débutée sur le banc. De la même manière qu’il avait dû batailler ferme lorsque Didier Deschamps, à la tête de l’équipe en 2010, avait déclaré en août, après l’année du titre, qu’il ne comptait pas sur lui pour l’année sportive à venir. Alors que Benoît Cheyrou sortait d’une saison pleine qui lui avait permis de finir dans l’équipe type du championnat de France pour la troisième fois consécutive. Quelques mois auparavant, l’ancien capitaine des espoirs frappait même aux portes de l’équipe de France. Trois ans plus tard pourtant, sous Elie Baup et malgré un début d’année 2013 commencé sur le banc, le vainqueur de la Coupe de France 2005 avec l’AJA était toujours là pour faire profiter l’équipe de son expérience. Un exercice 2012/2013 qui l’avait vu, pour la première fois depuis sept saisons, descendre sous la barre des 30 matches de Ligue 1 disputés en une saison (25). Au terme de plusieurs mois de négociations avec le président qui n’auront mené à rien, Benoît Cheyrou a finalement abdiqué, conscient qu’il était de trop dans ce jeune effectif olympien tourné vers l’avenir et qui n’aspire qu’à retrouver les sommets.
Bonnart, Isabey, Barbosa, et Cheyrou
Car Benoît Cheyrou n’a rien d’un joueur moderne. Il demeure même l’un des rares encore estampillé « Division 1 », de la trempe des Michaël Isabey, Sylvain Kastendeuch, Ulrich Le Pen, Cédric Barbosa ou encore Laurent Bonnart, qu’il a côtoyé à l’Olympique de Marseille. Ces baroudeurs qui ont tous au moins une fois porté le brassard de capitaine dans leurs clubs respectifs et dont le nombre de matches disputés au sein de l’élite se compte en centaines. Ces anciens, incapables à eux seuls de faire basculer le sort d’une rencontre, mais qui se contentent de faire le travail. Et qui le font correctement. À l’Olympique de Marseille, Benoît Cheyrou se sera donc appliqué à faire les choses bien, jusqu’à devenir un joueur essentiel de l’équipe lorsqu’il évoluait au sommet de sa forme. Capable de distribuer des caviars à son pote Gignac, mais aussi de marquer, comme ce fut le cas lors de toutes les saisons qu’il a passé en Ligue 1. Reste désormais à savoir si l’avenir de l’ancien olympien se fera en Ligue 2, à Châteauroux ou à Dijon, ou bien sur les terrains de padel. Une chose est cependant certaine, il s’écrira dans l’ombre.
Catégorie(s) :