Paris et le désert français

Par le 16 octobre 2012

Erwan Gaucher a publié un article le 30 août dernier dressant un constat effarant : « La France n’a (quasiment) plus de quotidiens nationaux ».

Titre un brin provocateur, pourtant les chiffres de diffusion fournis par les quotidiens sont incontestables : Le Monde, Le Figaro et Libération font environ 50% de leurs ventes en Ile-de-France. Alors, certes, la moitié pour une seule région, c’est un pourcentage énorme. Ces résultats sous-entendraient que les provinciaux n’achètent pas les quotidiens nationaux. Honte à eux. La presse écrite meurt à cause des Toulousains, des Lyonnais, des Marseillais, des Montpelliérains… Les ventes du Monde en Languedoc-Roussillon ne représentent que 2,8%, et respectivement 0,7% pour la Champagne-Ardenne et la Franche-Comté.

Pourtant, si la moitié des ventes revient à l’Ile-de-France, l’autre moitié, logiquement, revient à la province. Il s’agirait donc de comprendre pourquoi un quotidien se vend mieux à Paris que dans le reste de la France. Erwann Gaucher, journaliste, ne s’arrête d’ailleurs pas aux simples constatations et établit une liste d’hypothèses expliquant le pourquoi du comment dans l’article qui figure sur son site officiel. Peut être est-ce dû à la demi-journée de décalage entre la sortie du Monde à Paris et dans le reste de la France ? Ou serait-ce parce que les lecteurs provinciaux ne s’intéressent pas aux sujets mis en avant par les quotidiens nationaux contrairement à ceux de L’Equipe ? (Seulement 17,5% des ventes de l’Equipe se font en Ile-de-France.)
Et si le microcosme élitiste parisien, incluant des journalistes, ne se fermait pas autant sur ce douillet cocon de la ville lumière, et partait à l’aventure, en « grand reporter », explorer le fin fond de l’Ardèche et le trou Tarnais, les gens se sentiraient probablement à nouveau connectés à leurs journaux.

L’actualité nationale ne doit pas se concentrer uniquement sur Paris. Si la PQR (Presse quotidienne régionale) a son rôle à jouer en Province, il ne faudrait pas que les nationaux se déchargent de leur rôle. Pour exemple, tout le monde s’accorde à dire que les évènements récents à Marseille méritent l’attention de nos quotidiens parisiens. Mais ne serait-il pas nécessaire que les grandes métropoles françaises soient investies par les journalistes de quotidiens nationaux sur le long terme ? Une nation ne se résume pas à sa capitale.

De plus, ces affirmations prennent-elles en comptent le nombre d’internautes, connectés de tous les coins de la France, suivant l’actualité nationale de leur quotidien, depuis leur version en ligne ? Il semblerait que non. Ce serait alors plus le reflet d’une presse écrite en déclin, lue principalement par les élites, concurrencée par nouveaux supports médiatiques.
De plus, ces chiffres comptent le nombre d’exemplaires diffusés sur le territoire via la distribution par kiosque mais également les abonnements, dont ceux d’Air France, qui est « le premier acheteur de presse en France », avec au total près de « 14 % de la diffusion »[[http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/10/04/air-france-pourrait-supprimer-les-journaux-papier_1770134_3234.html]] , localisé en Ile-de-France. Il s’agirait de comprendre ce que le Toulousain, le Marseillais, le Lyonnais, le Montpelliérain achète comme journal le matin et enfin se remettre en question.

Quel contenu recherche le Français ? Pas le Parisien, le Français ? Et si, pour une fois, la France était prise en compte dans sa globalité et non pas comme Jean-François Gravier le titrait si justement comme Paris…et le désert français. [[Jean-François Gravier, Paris et le désert français, Le Portulan, 1947.]]
Oui, nous sommes là, nous sommes vivants, aussi Français que vous, nous provinciaux. Paris est le reflet d’une centralisation poussée à l’excès, tout passe par l’Ile-de-France et ses 11,74 millions d’habitants. Nous aimerions jouir du même accès à la culture que vous, du même accès à l’information que vous et donc comme le souligne cette étude, nous aimerions profiter du même intérêt médiatique que PARIS. À quand la décentralisation ?

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à propos de l'auteur

Auteur : Coralie Pierre

Devenir journaliste est plus qu’une vocation, c’est une évidence. J’ai passé une licence d’Histoire à Albi, puis je suis partie la valider aux Etats-Unis, en Pennsylvanie. J’ai ensuite suivi le Master de Sciences Politiques de Toulouse dans le but d’intégrer une formation de Journalisme, opportunité qui m’a été offerte à Montpellier. Je suis curieuse de tout et je me lance sans cesse des défis ; dernier en date, faire un stage dans un magazine web spécialisé dans la finance, la bourse et la gestion de patrimoine à Boulogne Billancourt (www.cafedelabourse.com)! A terme, j’aimerais travailler pour une boîte de production dans l’audiovisuel, mais je reste ouverte à toutes les propositions et tous les supports médiatiques. I also have a strong attraction for the USA and I would love to work in journalism there.