Premier tour des présidentielles en Uruguay, un ex-guérillero contre un ex-président

Par le 30 octobre 2009

Dimanche 25 octobre 2009, pour le premier tour des élections présidentielles en Uruguay, les électeurs étaient attendus aux urnes afin de désigner leur nouveau président. José Mujica est arrivé en tête avec 47,49% des suffrages, suivi par le candidat Luis Alberto Lacalle qui a réuni 28,53% des votes et sera donc son principal adversaire pour le deuxième tour prévu le 19 novembre.

Les électeurs ont répondu à l’appel des urnes, ils étaient 89,86 % à voter pour l’élection présidentielle. Un taux de participation très élevé qui s’explique par le fait que le droit de vote en Uruguay est un devoir : les électeurs ont l’obligation d’aller voter. Les abstentionnistes quant à eux encourent une amende d’environ 20 $.

Pour prendre la succession du président sortant, Tabaré Vázquez, premier chef d’État de gauche de l’histoire de l’Uruguay, trois principaux candidats s’affrontaient : l’ex-président Luis Alberto Lacalle, représentant du Parti National (parti conservateur) ; Pedro Bordaberry, candidat du parti Colorado, centre-droit ; et enfin José Mujica l’ex-guérillero, candidat du Frente Amplio (le front élargi), la gauche au pouvoir, mieux connu sous le pseudonyme d’ « El Pepe ».

Mujica était en tête dans les sondages avec 45% des intentions de vote. D’après le décompte final de la Cour électorale, il obtient 47,49% des suffrages. Ce score permet à la gauche de conserver sa majorité au Sénat (16 sièges sur 30), voire à l’Assemblée nationale, où elle est assurée d’obtenir 49 sièges sur 99. Luis Alberto Lacalle a quant à lui, réuni 28,53% des votes et sera donc son adversaire au second tour prévu le 29 novembre. Quant au candidat du parti du Colorado, il a réunit 16,66% des voix, et a confirmé soutenir Lacalle. Le duel n’est donc pas gagné d’avance pour l’ancien ministre de l’agriculture de Tabaré depuis 2005.

De plus, les électeurs ont également rejeté les deux réformes constitutionnelles qui leur étaient proposées par référendum. La première portait sur l’abolition d’une loi, datant de 1986, qui oblige les juges à consulter l’exécutif afin de poursuivre les militaires et les policiers responsables de violations des droits de l’homme pendant la dictature (1973-1985). La seconde visait à autoriser le vote des Uruguayens résidant à l’étranger, soit quelques 600 000 citoyens. L’ancien guérillero s’est aussi montré surpris par le maintien de la loi d’amnistie de crimes de la dictature. Il y voit une «décision mystérieuse» des électeurs mais avoue que le moment n’était peut-être pas idéal, les référendums ayant été «occultés par les disputes entre les partis».

D’origine paysanne, José Mujica a fait partie de la guérilla des Tupamaros, mouvement de guérilla luttant contre la dictature militaire en Uruguay des années 80. A la fin des années 90, il devient président du Congrès uruguayen, député, puis sénateur en 1999. Sa carrière politique est à l’image du personnage, atypique. Sans aucune formation universitaire, il se veut être un homme du peuple et de la terre. Il a un discours imagé, haut en couleur, et un franc-parler qui séduit les classes les plus modestes.

Mujica se décrit comme un socialiste modéré, dans la lignée du président sortant ou du président brésilien Lula da Silva. Il a pris ses distances avec le président vénézuelien Hugo Chavéz jugeant ses positions trop radicales. Son objectif ? Rassembler et convaincre un électorat conservateur et centriste. Car le triomphe est provisoire et la victoire en demi-teinte. En 1999, l’alliance des partis de droite avait ôté la victoire au Frente Amplio, bien que vainqueur du premier tour. Les journaux pourtant dithyrambiques au sujet de la victoire d’ « El Pepe » nuancent maintenant leurs propos. Le quotidien El Observador estime «très ouverte» l’issue du prochain duel pour la présidence. Son confrère La Republica affirme néanmoins que «Mujica sera président en novembre». En réponse à ce score «décevant», Mujica a reconnu : «la société nous exige un effort supplémentaire : participer à un second tour».

Sa force pour gagner le deuxième tour repose essentiellement sur l’appui sans faille de l’ancien président qui jouit d’une côte de popularité de plus de 60%. Les gaffes verbales de son adversaire Lacalle peuvent également jouer en sa faveur. En effet, ce dernier est vu comme l’instaurateur de mesures libérales dans les années 1990 par nombre d’électeurs, et il ne lésine pas sur l’utilisation d’un vocabulaire emporté et imagé, encore plus fort que Sarkozy et son célèbre nettoyage des banlieues au Karcher, il s’est attaqué pour sa part aux dépenses publiques qu’il veut « couper à la tronçonneuse ».

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à propos de l'auteur

Auteur : Camille Garcia

« Avec le temps va tout s’en va », disait le grand Ferré... Tout, sauf cette envie de journalisme qui me tiraille déjà depuis longtemps. Le chemin fut sinueux et peu conventionnel avant d’intégrer ce master métiers du journalisme. Cinq longues années à errer entre une première année de droit, puis un master 1 LEA Europe qui aura eut le mérite de me faire franchir les frontières du territoire français pendant deux ans. Après un passage à Liverpool chez les quatre garçons dans le vent que sont les Beatles ou une épopée andalouse chez le roi Boabdil et sa divine Alhambra de Granada, me voilà en territoire Héraultais. « L e journalisme, c’est bouché » me disait déjà à l’époque Mme François la conseillère d’orientation en troisième. « Les journalistes, tous des fouineurs » ajoutait Mr Chabrier mon cher et tendre voisin. C’est dire si journaliste est une vocation, un sacerdoce qui demande avant même de pouvoir l’exercer une grande ténacité et une grande volonté pour s’opposer aux nombreux pessimistes voire détracteurs de la profession. Et pour continuer avec la morosité ambiante, maintenant, c’est la crise de la presse, la mort des journaux, le lecteur n’achète plus, ne fait plus confiance aux journalistes... Mais alors pourquoi vouloir se lancer dans une bataille déjà perdue ? Ma réponse est simple et courte : je ne me vois pas faire autre chose et c’est une histoire de passion et de passionnés. Je crois que c’est à nous futurs journalistes de reconquérir nos lecteurs, de revaloriser l’information, de la diversifier, de la rendre originale et pluraliste en répondant aux besoins du lectorat sans oublier de susciter chez eux l’envie de s’informer, d’en savoir plus. Alors même si les journalistes précaires se ramassent à la pelle comme les feuilles mortes du grand Prévert, tant pis! Je reste convaincue qu’après l’automne vient le printemps et qu’une nouvelle génération de journalistes, la nôtre, aura sa place. Satanée optimisme quand tu nous tiens !