Presse sportive : l’exception qui confirme la règle

Par le 15 décembre 2008

La situation de la presse sportive en France nécessite une analyse plus en profondeur, en raison de son caractère de phénomène social.

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Le retour du café du commerce

La crise que traverse la presse française est multi-factorielle. La baisse du pouvoir d’achat additionnée à l’explosion de l’internet favorisent cette déperdition d’intérêt, tant pour la Presse Quotidienne Régionale que pour la Presse Quotidienne Nationale. Outre ce versant économique, la presse écrite généraliste souffre d’un malaise plus profond. La perte de confiance dans la politique, devenue spectacle aussi bien au niveau national qu’international, et dans les politiques, qui perdent peu à peu toute crédibilité, sont autant de raisons à une crise latente.
C’est là que la presse sportive tire son épingle du jeu, car même si internet et la récession ont sur elle des effets négatifs, elle ne subit pas la perte d’intérêt des français dans la chose publique. Les valeurs sportives sont encore (mais pour combien de temps ?) éloignées du jeu politique qui semble lasser les français. En sport la polémique est ailleurs, plus humaine, plus proche des gens. C’est le retour en grâce du café du commerce. Les quotidiens sportifs ont d’ailleurs un style beaucoup plus proche du modèle anglo-saxon, basé sur les faits et rien que les faits, et qui connaît un succès non démenti à l’étranger. Ils transmettent des informations qui permettent de créer et d’entretenir un lien social, une communauté. Pour preuve d’ailleurs l’importance du sport local dans la PQR.

L’opium du peuple

Le sport est partout de nos jours, et au moins aussi important que la politique pour une majorité de la masse populaire. Les sportifs jouissent d’une aura bien supérieure à celle des personnages politiques. Ils sont connus et reconnus. Cette « addiction » est relayée tout au long de l’année par des évènements sportifs allant du local à l’international (du championnat de foot du canton aux Jeux Olympiques).
On est loin de l’époque où la religion était l’opium du peuple. Fort de ces arguments, il est intéressant de s’interroger sur le fait que les deux nouveaux quotidiens ne profitent que peu de l’impact de la crise sur l’Équipe. Pourtant la réponse coule de source. Elle n’est pas à chercher en profondeur, dans une contre-analyse de ce qui a été dit précédemment. Il semble tout simplement que Le 10 Sport et Aujourd’hui Sport se sont beaucoup trop appuyés sur les prévisions positives d’un marché ouvert et ont totalement oublié que la qualité faisait partie des conditions sine-qua-none au succès d’un quotidien ; soit-il sportif. Au final, pourquoi payer pour un journal dont le contenu s’apparente à celui d’un gratuit ? Si la presse sportive est moins touchée par la crise, à elle d’en profiter pour passer au niveau supérieur et ne pas se reposer sur des lauriers que l’on sait vénéneux…

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à propos de l'auteur

Auteur : Germain Cauffopé

Je vois dans le journalisme la tentative d'organisation et de mise en lumière d'une morale collective qui disparaît dangereusement de notre société. Au débat public et à la conscience collective se sont substitués le spectacle et la consommation. Le péril est tel que l'institution même du journalisme est touchée de plein fouet. Vouloir être journaliste c'est pour moi croire en des jours meilleurs, et toujours garder à l'esprit qu'informer, c'est entretenir l'esprit critique.