Prosélytisme: la méthode infaillible des missionnaires mormons

Par le 27 mars 2014

Toujours sur leur 31, allant de paire, les missionnaires de l’Eglise des saints des derniers jours écument les villes afin d’engager la discussion avec des inconnus, dans la rue ou les transports en commun. Ces jeunes mormons, pour la plupart venus des Etats-Unis, passent deux ans à l’étranger afin de « parler de Jésus »: promouvoir leur foi et tenter de rallier de nouveaux adeptes. Comment s’y prennent-ils?

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Le premier contact est primordial. D’apparence impeccable (jupe pour les femmes, costume pour les hommes, tenue de soi stricte), le missionnaire est poli et avenant. La façon la plus classique d’aborder un interlocuteur potentiel est de lui adresser un «bonjour» massif et de lui demander de ses nouvelles. L’inconnu ainsi interpellé sera alors saisi par la confiance en soi du missionnaire et la décontraction qu’il dégage au-delà de son uniforme de prêcheur.
Nombreux sont les individus dérangés par une approche qui manque de spontanéité. Le prosélyte est vite reconnu malgré le contact amical. A un arrêt de bus, une femme méfiante leur envoie: «Vous êtes comme les témoins de Jehova, c’est pas bien de faire ça, de parler à tout le monde». Une autre les chambre: «Vous faites les sorties d’écoles aussi?» Mais, tenaces, les mormons tiennent à se présenter et expliquent leur démarche afin d’effacer soupçons et stéréotypes.

L’objectif: mettre l’interlocuteur face à ses questionnements spirituels

Si cette phase d’approche est couronnée de succès (l’interlocuteur émet une forme de curiosité pour eux), les missionnaires entament la conversation. Si le discours de présentation de leur mission et de leur culte est rodé, voire récité par cœur, l’objectif de l’échange n’est pas de déclamer un sermon mais bien de faire réfléchir l’individu sur son rapport à la foi.la_methode_guides.jpg
Les missionnaires posent donc beaucoup de question: «Que connaissez-vous des mormons?», «Vous croyez en Dieu?», «Que pensez-vous de Jésus Christ?». De même, leur première réaction aux interrogations qui leur sont posées est de demander à l’individu de se poser la question à soi même. Cela a pour but de souligner les failles de l’interlocuteur en lui faisant prendre conscience de ses propres questionnements. Les mormons, très attentifs, écoutent. Les yeux grands ouverts, presque hypnotiques, buvant presque les paroles de l’individu. Ils acquiescent, ne le contredisent jamais, l’encouragent et le félicitent même.
Les zélateurs sont ainsi en mesure de s’adapter à la personne en rebondissant sur ses lacunes et en lui proposant des solutions. A une dame qui avoue «Je crois en quelque chose, qu’il y a une force, mais je ne vais pas à l’église…» Ils répondent «Oui c’est déjà très bien! Essayez de prier, de lire un peu la Bible, vous verrez ça vous fera du bien!»

Lecture du livre de Mormon et prière : fondement de la foi mormone

La force d’attrait de la méthode mormone est de donner des conseils et non des directives.la_methode_livre.jpg
L’interlocuteur en tirera un profit personnel, en témoigne l’épanouissement qui rayonne du missionnaire! Les conseils sont simples: essayer de prier «avec un cœur sincère» et lire la Bible et le livre de Mormon, un peu tous les jours si possible. Les missionnaires ont toujours un livre de leur culte à la main. Ils le donnent bien volontiers.

La conclusion de ces entretiens impromptus est l’occasion d’inviter les âmes égarées à la chapelle locale des mormons. L’individu qui accepterait telle proposition serait alors pris en charge de fait par les missionnaires. De fréquents appels téléphoniques inciteraient l’adepte potentiel à lire et prier. Il se verrait proposer des rendez-vous en privé, participer à des soirées dites «familiales» ou venir visualiser des documentaires sur le prophète Joseph Smith. Toujours encadré par les missionnaires… Consciencieux et appliqués.

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à propos de l'auteur

Auteur : Grégoire Nartz

Parce que je considère que pour qu'une société fonctionne bien, il est important que les secrets d'une minorité soit connus de la majorité, le journalisme s'est imposé à moi comme une évidence. Vocation issue de réflexions et de prises de consciences, elle s'enracine dans ma volonté de lutter contre les inégalités, dans ma croyance en la capacité qu'ont les Hommes à changer leur destin, dans ma conviction que le Savoir est une arme, surtout lorsqu'elle est manipulée à plusieurs. Bac ES décroché en Isère en 2008, j'enchaine avec une première année en Histoire et Socio, puis sur une Licence en Science Politique à Lyon 2. En Septembre 2012, je pars pour un an à Chypre y accomplir mon Master 1, dans le cadre du programme Erasmus. Enquêtes de terrain, entretiens, animation d'une émission de radio m'ont permis de me roder à certaines techniques nécessaires à un journaliste. Ces années de formations et d'expériences ont développées chez moi le goût de l'écriture et celui de la recherche du fait. J'y ai entretenu ma curiosité, notamment pour les gens, leur parcours et leurs opinions. Etape clef dans mon parcours, le Master 2 Option du Journalisme de Montpellier est pour moi à la fois un aboutissement et une nouvelle étape. Blog perso: http://gregoirenartz.wordpress.com/