A l’exact croisement entre le dénonciateur Terre sans pain de Luis Bunuel (1936), et l’émouvant Chop shop de Ramin Bahrani, révélation de la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2007, se trouve aujourd’hui Puisque nous sommes nés.
Entre récit documentaire et fiction réaliste, le destin de deux adolescents brésiliens raconté à travers le regard juste et sans pathos exagéré de Jean-Pierre Duret et Andrea Santana. Un regard aguerri aussi : l’un français, l’autre brésilienne, ils ont déjà réalisé ensemble Romances de Terre et d’Eau (2001) et Le Rêve de Sao Paulo (2004).
Leur troisième film, produit par Jamel Debbouze, livre le quotidien misérable de Nego et Cocada, leurs questionnements, et cette absence d’horizon pour y répondre. Sans oublier la force de l’espoir qui les anime. Celui de partir, un jour, au volant d’un de ces camions qui traversent sans relâche la station-service dans laquelle ils passent leurs journées, à la recherche du moyen de gagner le peu d’argent qui les maintient en vie. Leur vie, justement, ils n’ont « que ça » ; leur énergie, ils la consacrent à la volonté d’échapper à leur destin.
Dans un Brésil vivant au rythme de la campagne présidentielle qui aboutira au second mandat de Lula, les réalisateurs ont partagé six mois durant l’existence de ces victimes de la ségrégation économique: ils nous ici livrent l’essence de cette rencontre. Le résultat est bouleversant, riche de la philosophie nuancée de candeur de ces enfants que la réalité aura fait mûrir prématurément.
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