Ségolène Royal soutient MediaPart. Par le biais du site Internet desirsdavenir.org, la candidate socialiste à la dernière élection présidentielle a appelé les militants du site à faire de même. Très souvent critique envers les médias lors de sa campagne, elle souligne dans son message que « toutes les initiatives audacieuses qui tentent de changer la situation de la concentration de la presse méritent d’être soutenues, au nom de la liberté de l’information et du pluralisme. »
Parmi les fondateurs de ce nouveau site d’information figurent, aux côtés d’Edwy Plenel, François Bonnet, Laurent Mauduit, et Benoît Thieulin, l’ancien responsable de la Net-campagne de Ségolène Royal lors des primaires socialistes puis lors des présidentielles, et qui organisait les débats participatifs sur desirsdavenir.org, justement.
Comme le site des militants de la Présidente de la Région Poitou-Charente, MediaPart mise sur le côté participatif offert par Internet. Afin d’aider ce projet pour qu’il soit « financièrement indépendant et exigeant éditorialement », Mme Royal appelle les militants Désir d’avenir à s’abonner « au nom du pluralisme des médias ». Rappelant les prix d’abonnement proposés, elle fait ici une publicité intéressante capable d’attirer vers le site d’information une partie des milliers de militants de desirsdavenir.org. Un rôle de promoteur plutôt atypique pour la socialiste, généralement méfiante à l’égard des médias…
« Ségo » maîtrise son agenda
Cette prise de position a coupé « l’herbe sous le pied » de MediaPart qui souhaitait présenter ses soutiens politiques plus tard. Une fois de plus, Ségolène Royal a démontré sa capacité à fixer et maitriser son propre agenda, n’attendant pas les dates officieusement fixées. François Bonnet a ainsi répondu aux critiques rapidement émises. « Parlons clair. Ségolène Royal dit partager notre constat sur la presse. Tant mieux. Elle affirme soutenir notre initiative, « au nom de la liberté d’information et du pluralisme des médias ». Très bien. Elle demande à ses sympathisants d’adhérer à notre site, comme nous demandons à chacun de vous de le faire. Encore mieux ! MediaPart n’existera pas sans vous, n’existera pas sans des milliers d’abonnés.« .
Embarras pour la Netscouade
Car, comme le confirme Edwy Plenel, les soutiens politiques de MediaPart devaient se faire connaitre dans le courant du mois de janvier. François Bayrou, Dominique de Villepin ainsi qu’Olivier Besancenot seraient sur le point de soutenir également le projet, tous critiquant le manque d’indépendance des médias. Mais l’agenda prévu par les fondateurs de MediaPart a été perturbé par l’intervention inattendue de Mme Royal.
Qui ressort le plus gêné de cette intervention? Ce n’est finalement pas MediaPart, ce que confirme M. Plenel, mais la Netscouade. L’agence internet de Benoit Thieulin se retrouve dans un certain embarras du fait de cette intervention. Outre le passé de Thieulin aux côtés de Ségolène Royal et de desirsdavenir, c’est vis-à-vis des autres clients de la Netscouade que cet épisode peut gêner. Parmi les clients de Thieulin figurent notamment « Le grenelle de l’insertion » initié par Martin Hirsch, France 3 ou encore nonfiction.fr.
MediaPart finalement renforcé?
Paradoxalement, il se peut que cet épisode renforce MediaPart qui présente ainsi un visage fédérateur autour d’un même constat: la crise d’indépendance de la presse. Le soutien anticipé de Ségolène Royal, fidèle à elle-même, ne servira qu’à ouvrir la voie. Ce que rappelle François Bonnet en une du pré-site: « Comme nous remercierons tous les responsables politiques, à droite comme à gauche, François Bayrou, Olivier Besançenot, Dominique de Villepin, Jean-Christophe Lagarde -ce député qui a déposé une proposition de loi révisant les seuils de concentration dans les médias-, tous les élus qui, partageant peu ou prou notre constat, décideront d’aider à leur manière à la naissance d’un média libre et indépendant. Mais il n’y a pas que les politiques ; l’ensemble des acteurs sociaux, syndicalistes comme associatifs, seront -comme vous l’avez été- eux-aussi interpellés. »
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